National | Par Didier Bouville

Agribashing : la profession en appelle à la gendarmerie [points de vue]

Jérôme Despey et Arnaud Gaillot, secrétaires généraux FNSEA et JA.

Les attaques et les incitations à porter atteinte aux personnes du monde agricole et de l’élevage se multiplient. Les secrétaires généraux de JA, Arnaud Gaillot et de la FNSEA, Jérôme Despey, ont rencontré le Major Général Christian Rodriguez, n°2 de la Direction générale de la Gendarmerie nationale.

– En quoi la gendarmerie peut-elle être un rempart ?

J. Despey : «L’emballement médiatique fait pousser des ailes aux extrémistes de tout bord en développant un sentiment d’impunité totale. Nous avons donc exprimé notre crainte quant à un accident. JA et FNSEA souhaitent que les services de gendarmerie accueillent avec la plus grande bienveillance les agriculteurs victimes de ces actes dans leurs dépôts de plainte. Il est indispensable de pouvoir organiser collectivement la prévention contre tous les actes délictueux. JA et FNSEA ont proposé de généraliser les rencontres départementale et locale entre gendarmerie et syndicat pour faire le point sur la situation, accompagner les agriculteurs et diffuser les bonnes pratiques.

– Quelle a été la réaction du Général Rodriguez ?

A. Gaillot : Le Général Rodriguez a tenu des propos fermes à l’encontre des antispécistes et autres animalistes extrémistes. Des enquêtes ciblées sur les antispécistes couplées avec un travail de renseignement afin de détecter les infractions sur les réseaux sociaux est actuellement mené par les services de gendarmerie. Ces enquêtes ont pour objectif de construire des dossiers judiciaires les plus solides possibles afin d’éviter un simple rappel à la loi. La DGGN souhaite que les procédures judiciaires puissent aboutir à des sanctions proportionnelles à l’importance des actes. Pour cela, il est essentiel d’avoir une vision nationale afin de pouvoir établir des liens entre une multitude de faits et d’infractions.

Par ailleurs, l’Office central de lutte contre la délinquance itinérante est en contact avec les polices européennes. Il pourrait parfaitement y intégrer ce type de délits. Un travail parallèle pourrait ainsi se construire avec les organisations agricoles européennes.

– Concrètement, à quoi les agriculteurs peuvent s’attendre ?

A. Gaillot : Le Général Rodriguez souhaite que des fiches «conseils» puissent être diffusées aux agriculteurs. Il faut que chacun sache comment réagir. Il souligne l’obligation qu’ont toutes les gendarmeries de recueillir les plaintes des agriculteurs. Afin de prévenir et anticiper les intrusions, des échanges avec les responsables sécurité de chaque département devront être organisés. Des patrouilles à proximité des sites les plus sensibles pourront être organisées. Le Général souhaite que des échanges réguliers soient instaurés entre JA et FNSEA et la DGGN. En parallèle, des échanges d’informations sont indispensables dès détection d’actes présumés délictueux. Il s’agit de coordonner au mieux nos actions judiciaires visant à faire disparaître certaines données et des actions d’ordre administratives. Pour que ces enquêtes soient prioritaires et disposent de moyens suffisants, il est indispensable de continuer à sensibiliser l’ensemble des ministres et parlementaires. Un projet de loi sur la sécurité pourrait prochainement être débattu au parlement.

– Comment la profession est-elle mobilisée ?

J. Despey : JA et FNSEA relayent régulièrement des messages de prudence, d’appel au calme, des conseils en cas de constat d’intrusion ou de publication de vidéos. Nous avons rencontré Laurent Nuñez, secrétaire d’Etat auprès du ministère de l’intérieur afin de faire le point sur les actions publiques contre ces associations et groupuscules. Des courriers d’alertes ont été remis aux ministres de l’agriculture, de la justice et de l’intérieur pour faire état des violences subies par le monde agricole et demander la plus grande fermeté à l’égard de ceux qui s’introduisent dans les bâtiments, inscrivent des propos injurieux et violents et publient des données personnelles. Ces courriers ont été remis à la DGGN. Le ministre de l’économie a également été sensibilisé sur le financement de certaines associations. Des actions judiciaires ont été engagées. Nous avons obtenu le déréférencement d’un site et le retrait d’images incitant à porter atteinte à la présidente de la FNSEA. Nous avons aussi obtenu le retrait de cartes sur lesquelles figuraient les noms et adresses d’agriculteurs. Une autre action est en cours contre un site sur les données personnelles».

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