National | Par Didier Bouville

Brexit : l’agriculture, un «enjeu géostratégique européen» selon la FNSEA

A l’heure où les britanniques ont décidé, à près de 52 % de votes, de quitter l’Union européen lors d’un referendum organisé le jeudi 23 juin, la FNSEA rappelle, dans un communiqué du vendredi 24 juin, l’importance que revêt le secteur agricole dans la construction européenne.

« Avec ou sans les britanniques, nous devons consolider le projet européen autour d’une vision de long terme, et le secteur agricole, qui a été pendant longtemps un ciment européen, peut et doit être considéré comme un enjeu géostratégique européen », peut-on lire dans le message de l’organisation.

De son côté, le Bureau de l’agriculture britannique (BAB), basé à Bruxelles, soutient, malgré tout, un discours optimiste. « Ce départ veut dire que nous avons deux ans devant nous pour définir les termes du retrait. Malgré les incertitudes qui se dessinent, nous avons désormais l’opportunité de créer nos propres politiques agricoles, commerciales, environnementales et vétérinaires », déclare le BAB.

La FNSEA souligne au passage l’importance du Royaume-Uni (RU) dans le secteur agroalimentaire. « Le RU est le 3ème client européen de la France avec une valeur commerciale de 5,5 milliards d’euros, et 6ème fournisseur de la France avec 2,5 Mrds € » précise le syndicat.

La FNSEA veut maintenir les relations commerciales avec le Royaume-Uni

« Nos amis britanniques demeurent des partenaires incontournables, particulièrement dans le secteur agro-alimentaire » a déclaré la FNSEA le 24 juin suite à l’annonce de la victoire des partisans du Brexit. « Le Royaume-Uni est le 3e client européen de la France avec une valeur commerciale de 5,5 milliards d’euros » rappelle le syndicat majoritaire qui demande désormais de « consolider le projet européen ». La FNSEA estime que le secteur agricole, « ciment européen », doit être traité comme  » un enjeu géostratégique européen ».

Xavier Beulin demande une réunion exceptionnelle du Copa

Dans une lettre adressée le 26 juin au président danois du Copa (Comité des organisations professionnelles agricoles de l’UE), Xavier Beulin demande une réunion exceptionnelle des organisations membres du comité, en raison du Brexit. Selon le président de la FNSEA, si les paysans européens « savent mieux que quiconque ce que notre Politique agricole commune a apporté aux agriculteurs», «nous pouvons également témoigner des dérives qu’a connu la PAC depuis une vingtaine d’années ». Xavier Beulin évoque la nécessité d’une refonte de la PAC : « Dans ce moment historique, il me paraît indispensable, que les organisations agricoles européennes s’expriment et appellent à refonder un projet agricole européen qui redonne du sens et de la confiance aux agriculteurs. »

«l’Europe agricole dans une forte incertitude» selon l’APCA

L’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA) voit dans le Brexit « la plus mauvaise nouvelle pour l’Europe depuis la Seconde guerre mondiale », indique-t-elle dans un communiqué du 24 juin. Elle déplore, pour « l’Europe agricole et la France », la « forte incertitude pour l’avenir » qui découle de cet événement et s’interroge sur les conséquences pour la Pac actuelle et post 2020. Les chambres restent cependant convaincues que « les relations commerciales entre la France et le Royaume-Uni doivent perdurer dans l’intérêt des deux pays ». Plus largement, Guy Vasseur, président de l’APCA, demande de « revoir les fondations de l’Europe pour répondre aux aspirations des peuples européens ».

Les agriculteurs européens ne veulent pas «payer le prix» du Brexit

« Il est essentiel de mettre en œuvre les étapes pour apporter clarté et stabilité au bloc des Vingt-sept le plus rapidement possible », a déclaré le commissaire européen à l’agriculture, Phil Hogan, se faisant « l’écho » de l’appel du président de la Commission de Bruxelles, Jean-Claude Juncker, à une « négociation rapide et décisive » sur les conditions de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, après la victoire du Brexit, avec 51,9 % des voix, lors du référendum du 23 juin.

« Le point clef pour nous sera d’éviter toute nouvelle perturbation du marché européen, compte tenu des liens économiques à travers la Manche et de la crise actuelle du secteur », ont souligné pour leur part, les organisations et coopératives agricoles de l’UE (Copa-Cogeca), qui « œuvreront pour assurer que la communauté agricole ne paie pas le prix de la politique internationale ».

Quant au président du syndicat agricole britannique NFU, Meurig Raymond, il a exigé du gouvernement « une politique agricole britannique aussi simple que possible, adaptée à nos besoins et qui garantisse l’égalité de traitement avec les agriculteurs européens, qui seront encore nos principaux concurrents ». Les ministres de l’agriculture se retrouvent pour leur session mensuelle ce 27 juin à Luxembourg.

Les agriculteurs britanniques face à leurs «concurrents européens»

« Une politique agricole britannique aussi simple que possible, adaptée à nos besoins et qui garantisse l’égalité de traitement avec les agriculteurs européens, qui seront encore nos principaux concurrents » : telle est l’exigence formulée le 24 juin par le président du syndicat agricole britannique NFU, Meurig Raymond, après l’annonce officielle de la victoire du Brexit, avec 51,9 % des voix, lors du référendum organisé la veille au Royaume-Uni. « La NFU s’engagera totalement et de façon constructive avec le gouvernement pour bâtir de nouveaux arrangements », a-t-il promis, reconnaissant que la sortie du pays de l’UE va « ouvrir inévitablement une période d’incertitude ».

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