Aveyron | Par Didier Bouville

Laurent Saint-Affre (FDSEA Aveyron) : «prouver notre capacité à s’adapter»

La crise sanitaire du coronavirus amplifiée par le confinement de la population impacte le secteur agricole et agroalimentaire. En Aveyron, l’inquiétude s’installe mais pour Laurent Saint-Affre, président de la FDSEA Aveyron, «il ne faut pas céder à la panique»

– Quelle est la situation actuellement ?

«C’est dans les moments difficiles que notre agriculture doit prouver sa capacité à s’adapter, même si, en Aveyron, nous pouvons nous considérer un peu privilégiés globalement dans nos secteurs de production. Nous devons cependant faire face à deux problèmes sérieux, celui qui impacte les circuits courts, la vente directe, avec la décision de fermer les marchés hebdomadaires, et l’inquiétude relative à la collecte de lait de brebis. Des industriels ont averti des producteurs ovins de leur intention de diminuer la collecte, au cas où certaines usines de transformation seraient contraintes de fermer, faute de salariés… C’est une annonce hâtive que nous jugeons incompréhensible ! Chaque laiterie doit s’adapter, sans que le producteur soit une variable d’ajustement.

– Concernant les marchés, la vente directe, comment cela se passe-t-il ?

La décision a été prise par le gouvernement de fermer les marchés locaux depuis le 23 mars. Certaines villes et maires avaient déjà pris cette décision pour dégager leur responsabilité, face l’incivilité des clients, leur comportement inadmissible au niveau de la distanciation sociale. C’est à la police municipale de faire appliquer la loi, et je comprends que certains maires ne veulent pas cautionner ces comportements imbéciles. Pour notre part, en Aveyron, nous avons demandé à la préfecture l’autorisation des marchés, avec le respect des règles sanitaires, pour la vente de produits alimentaires uniquement.

– Où en est-on pour les autres productions ?

Pour le lait de vache, la collecte continue et nous n’avons reçu aucune alerte. Chaque entreprise s’adapte avec les producteurs. Pour la viande bovine, le commerce export reste stable. Les volumes enregistrés dans les abattoirs locaux sont en progression. Mon explication est que la consommation de viande hors foyer qui s’approvisionnait sur le marché export avant la crise sanitaire, est en berne. Les cantines et restaurants sont fermés. Les consommateurs confinés chez eux ont plus de temps pour cuisiner. Cela profite à nos productions bovines locales. Pour les agneaux, le marché est fluctuant, avec, cette semaine, des volumes abattus à Rodez en hausse de plus 15 %. Les opérateurs aveyronnais ont fait le choix de prioriser cette production, avec du personnel en moins, en diminuant l’abattage des brebis de réforme au profit des agneaux.

– Quel est l’état d’esprit dans les campagnes ?

La situation n’est pas facile pour tout le monde. Nous devons aussi nous méfier de «radio campagne» qui colporte des informations fausses, alarmistes, pour faire peur. L’Aveyron dénombre heureusement peu de cas de coronavirus, même si c’est encore trop, évidemment. Nous devons donc respecter les règles de confinement et ne pas céder à la panique.

– Comment réagissent les réseaux FDSEA et JA dans ce climat exceptionnel pour les agriculteurs ?

Je tiens d’abord à remercier le personnel de toutes les OPA aveyronnaises qui fait le travail et l’effort nécessaire pour que les agriculteurs puissent travailler et commercialiser leurs produits. Notre réseau FDSEA-JA est mobilisé, nos bureaux sont fermés, mais le personnel reste disponible par téléphone. Les déclarations PAC ont été reportées à la mi-juin. Nous réfléchissons à diverses adaptations afin de ne laisser personne au bord de la route !».

D.B.

Cellule de crise à la préfecture

«Il y a une cellule de crise qui se tient en préfecture quasiment tous les jours», annonce Laurent Saint-Affre. «Nous faisons remonter les demandes (comme par exemple avoir une attestation de déplacement national et illimité pour tous les dirigeants de PME qui doivent continuer leur travail pour la continuité de la vie de ce pays), et nous transmettons aussi les informations via nos réseaux (FNSEA, APCA)».

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