National | Par Didier Bouville

Revenu agricole moyen par actif : une progression de 8,8% en 2015… (Insee)

Le revenu agricole par actif (exploitants et salariés) progresserait, en termes réels, de 8,8% en 2015 selon les données de l’Insee. Par actif non salarié (exploitants) il progresserait même de 16,2%. Ces données ont été analysées par la Commission des comptes de l’agriculture ce mardi 15 décembre.

Autour de cette moyenne, les situations sont cependant très contrastées, entre les productions végétales et les productions de l’élevage, dont celles des laitiers et éleveurs de porcs sont sans doute les plus pénalisés. Cependant, la Commission a renoncé à présenter des chiffres de revenus par secteur de production.

La production de blé augmente (9%) mais ses prix stagnent ; celle de maïs est en chute (-27%) mais son prix augmente (15%) ; la récolte d’oléagineux reflue (-8%) mais son prix augmente également (14%) ; Globalement, les récoltes de fruits et légumes sont en baisse (-5,7%), entraînant une hausse des prix (24,6%).

Produits d’élevage en baisse

Les prix des produits d’élevage sont en baisse (-3% pour le bétail) pour les gros bovins, les veaux, le porc, les volailles, le lait (-10,7%), mais ils stagnent pour les ovins et augmentent pour les œufs. La production est en général en hausse (stagnation pour le lait) tandis que le coût de l’aliment du bétail baisse de 3%. Enfin, la production de vin AOP se replie (-2,7%) et son prix stagne (0,3%) tandis que celle des vins courants augmente (3,5%) de même que son prix (2,8%).

Les intrants pèsent moins lourd

Globalement, pour les agriculteurs, la valeur de ce qu’on appelle les consommations intermédiaires, ou intrants, se réduit de 2% selon les données de l’Insee. Une réduction qui suit celle de 2014 (-3,1%). Les achats d’aliments pour animaux se contractent de 3%, du fait de prix qui sont en repli, eux-mêmes rendus possibles par la baisse des cours des matières premières. Les quantités, elles, augmentent de 1%, notamment pour les aliments pour volailles (baisse pour les porcs et bovins). La facture énergétique se réduit aussi grâce à la baisse des prix pétroliers et du gaz naturel. Si les prix des engrais augmentent légèrement (1,5%) les volumes consommés sont en réduction (-2%). Enfin, selon l’Insee, la charge en produits de protection des cultures croît (2%) du fait de la hausse des volumes consommés.

Les subventions d’exploitation en hausse

La hausse des revenus agricoles résulte aussi des subventions agricoles qui sont en sensible hausse sur 2015. Les subventions sur les produits, dont surtout la prime au maintien de troupeaux de vaches allaitantes, s’élèvent à 1,2 milliard d’euros. Elles sont en hausse de 11% en valeur. Plus importantes, les subventions d’exploitation représentent 8,7 milliards d’euros, soit une progression de 8,7%. Elles correspondent à la nouvelle Politique agricole commune, avec le paiement de base, le paiement vert et le paiement redistributif et sont supérieures aux subventions de l’ancienne PAC. Côté français, les indemnités pour calamités agricoles versées par l’Etat s’élèvent à 200 millions d’euros (40 M€ en 2014) tandis que le CICE (Crédit d’impôt compétitivité emploi) « monte en charge » selon l’Insee (350 millions d’euros après 250 M€ en 2014). L’Insee n’indique pas si le plan de soutien à l’élevage a été ou non pris en compte.

Réaction de la FNSEA : «un revenu prévisionnel hors sol !»

Vive réaction de la FNSEA après l’annonce des données sur le revenu prévisionnel issu ce 15 décembre des travaux de la Commission des comptes de l’agriculture. Dans un communiqué publié ce même jour, la centrale syndicale qualifie de « comptes hors sol » ces évaluations qu’elle estime sans lien avec la réalité du terrain. « Annoncer un revenu prévisionnel 2015 en hausse est une véritable provocation, affirme le syndicat. Qui peut, un seul instant, croire de tels chiffres, au regard de la situation économique exceptionnellement critique que vivent des dizaines de milliers d’agriculteurs ? » insiste la FNSEA qui juge que « cette publication de décembre n’a plus lieu d’être au regard de l’instabilité qui caractérise désormais notre activité. Elle doit être purement et simplement supprimée. Communiquer à tout (ou n’importe quel) prix ne pas être une fin en soi. »

Chambres d’agriculture : attention à la situation des éleveurs laitiers et de porcs

Dans un communiqué envoyé à l’occasion de la réunion de la Commission des comptes de l’agriculture ce 15 décembre, l’Assemblée permanent des chambres d’agriculture alerte sur la situation de contraste en matière de revenus agricoles 2015. Même si les chiffres moyens indiquent une hausse de 8,8% de revenu par actif et 16,2% pour les seules exploitations agricoles (non salariés). « L‘année 2015 est marquée par une crise sévère dans le domaine de l’élevage et aussi par des tensions importantes sur les cours des grandes cultures », rappelle l’APCA. « Au regard des chiffres de la commission, le secteur laitier subirait un recul de son chiffre d’affaires de -11.1% et -6.1% pour l’élevage porcin, ce qui conduirait à des replis particulièrement forts du revenu pour ces deux filières. »

Revenu agricole : baisse de 4,3 % dans l’UE en 2015, selon Eurostat

Le revenu agricole réel par actif dans l’UE est en diminution de 4,3% en 2015 par rapport à 2014, selon les premières estimations d’Eurostat publiées le 15 décembre. Il serait en augmentation dans 13 États membres (+8,8 % en France, +8,7 % en Italie, +8,2 % en Belgique, etc.) et en baisse dans les 15 autres (-37,6 % en Allemagne, -23,8 % en Pologne, -19,3 % au Royaume-Uni, etc.). Par rapport à 2010, le revenu agricole réel par actif aurait ainsi reculé de 5,7 % dans l’UE (-2,5 % en France, -35,3 % en Allemagne).

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