Aveyron | Par Didier Bouville

Romain Déléris, président de JA 12 : «Nous sommes prêts à repartir à l’action»

Romain Déléris, nouveau président de JA 12 (notre photo), revient sur la période de confinement, les incidences sur les exploitations des jeunes agriculteurs et l’organisation de son réseau pour assurer la continuité des dossiers.

Comment avez-vous vécu cette période de confinement ?

R. Déléris : «Je tiens tout d’abord à remercier tous ceux qui ont continué à produire. Je salue la capacité des secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire à s’adapter au changement de consommation face à la fermeture de certains marchés. Ce fut un sacré défi qui a été relevé brillamment. A JA12, le confinement a été décrété alors que nous étions en plein séminaire de début de mandat. Nous avons eu la chance de pouvoir élire notre bureau juste avant la mise en place des mesures restrictives de déplacement. De fait, notre équipe était en place, avec nos deux animatrices en télétravail, pour continuer à travailler sur les dossiers. Nous nous sommes réunis à plusieurs reprises en visio-conférence.

Et chez les jeunes agriculteurs ?

R. Déléris : Ce confinement a révélé combien nous étions heureux d’être agriculteur ! Travailler avec la nature, au milieu de grands espaces. Personnellement cela m’a conforté dans mes motivations premières de choisir ce métier ! Cela n’occulte pas les difficultés néanmoins : celles de l’isolement et du manque de lien social. Chez JA, on aime partager de bons moments ensemble. Le lien social manque mais nous avons eu quelques visio-conférences très conviviales et dynamiques ! On s’est adaptés aux outils à distance !

«Nous n’avons pas oublié la convivialité même en visio !»

Sur le plan professionnel, nous avons continué à faire notre métier comme d’habitude notamment en filière longue et organisée. Nous avions quelques craintes sur la capacité des entreprises à assurer, dans ce contexte, la collecte, la transformation et la valorisation de nos productions mais je pense que, dans l’ensemble, les résultats sont satisfaisants. Je n’oublie pas tous les agriculteurs engagés en circuits courts, qui ont vu leurs débouchés se fermer (marchés de plein vent, restauration collective…). Ils ont dû s’adapter, faire preuve de créativité, d’imagination pour valoriser leurs produits, sans ménager leur peine, sans compter leur temps de travail. Chaque semaine, les JA participent à une cellule réunissant les responsables d’OPA afin de trouver des solutions collectives à la crise. C’est ainsi que nous avons sollicité la MSA sur une enveloppe du fonds social pour accompagner les agriculteurs en difficulté et ceux aussi qui ont dû gérer de front, la poursuite de leur activité sur la ferme et la gestion des devoirs de leurs enfants confinés à la maison.

L’installation est une priorité chez JA. La période de confinement a-t-elle eu une incidence sur l’avancée des porteurs de projet ?

R. Déléris : Notre équipe JA 12 est restée à l’écoute de ses adhérents et de ses partenaires qui interviennent sur l’installation. Tous les organismes techniques ont su se rendre disponible par mail ou par téléphone pour ne laisser personne de côté. Le ministre de l’agriculture a aussi pris des mesures rapidement pour garantir la continuité des installations. Aucun projet n’a été bloqué à notre connaissance. Et nous avons pu faire remonter la nécessité de tenir des formations à distance pour les porteurs de projet. Nous continuons aussi à suivre l’actualité autour de l’installation, nous avons affiné notre programme d’action pour l’avenir. On se tient prêt dès que cela sera possible de concrétiser des actions de communication sur l’installation et la transmission.

«Des opportunités se sont créées»

Quels enseignements tirez-vous de cette crise ?

R. Déléris : Au-delà des difficultés rencontrées, nous voulons saisir les opportunités offertes, par exemple sur la promotion du métier. Pendant cette crise, les agriculteurs ont été davantage écoutés, les consommateurs ont traduit dans leurs achats, leur souci d’une origine France des produits, leur attachement à l’économie de leur territoire, leur engagement pour une agriculture vertueuse. Ce que nous avons toujours défendu mais la crise a rendu ce discours bien plus visible. C’est dans ce sens que nous avons adressé un courrier à l’ensemble des élus du département et de la région afin de les sensibiliser à l’approvisionnement local dans les cantines scolaires, les hôpitaux, les entreprises, les maisons de retraite… J’espère que cet élan de consommation citoyenne va se poursuivre.

Je pense aussi que le métier d’agriculteur a bénéficié d’une belle image pendant cette crise : j’en veux pour preuve l’élan de solidarité pour apporter un coup de main aux exploitants en manque de main d’œuvre. Cela va dans le sens de la promotion de l’agriculture, de l’attractivité du métier. Nous devrons nous en servir pour la suite».

Eva DZ

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