Aveyron | Par Jérémy Duprat

Alimentation et revenu, les deux faces d’une même pièce

L’équipe bovin viande de la Chambre d’agriculture suit quelque 600 éleveurs. Elle les accompagne dans une meilleure gestion de l’alimentation et de la nutrition de leur troupeau, mais ne défend pas la mise en place d’un modèle alimentaire commun.

Un levier efficace

L’alimentation, la clef de voûte des élevages bovins viande en Aveyron. «Une bonne nutrition, une bonne alimentation, c’est la garantie d’un vêlage réussi, d’un veau en bonne santé et performant. Et, en bout de chaîne, un meilleur revenu pour l’éleveur. Adapter l’alimentation avant et après le vêlage est hyper important. Il faut maîtriser l’intervalle de vêlage. Tous les élevages sont différents, mais ce point revient systématiquement», affirme Frédéric Mazars, responsable de l’équipe bovin viande à la Chambre d’agriculture. S’il est difficile, voire impossible, de proposer un unique modèle sur lequel peuvent se calquer les élevages d’Aveyron, certains critères restent primordiaux.

L’équipe de Frédéric Mazars suit et conseille 600 éleveurs, de la pesée aux données techniques, du suivi des signes de bonne santeé du troupeau à une meilleure gestion des coûts. «L’un des principaux leviers, le plus facile à maîtriser et souvent le plus efficace, c’est l’alimentation. Et souvent, c’est le volet qui soulève le plus de questions de la part des éleveurs», assure Frédéric Mazars. D’autant plus qu’aujourd’hui, les cours des matières premières s’envolent. «C’est le plus gros changement que j’observe en 20 ans à la Chambre. Une telle crise du cours alors que nous avons eu une super année niveau stock. Le prix de vente des animaux ne compense pas. La demande est de plus en plus forte pour mettre en place des systèmes autonomes et plus résilients. Nous testons des modèles de nutrition différents, avec moins ou pas de soja par exemple. C’est le gros de notre travail en ce moment», développe Frédéric Mazars.

Rendre la maîtrise à l’éleveur

Une bonne santé globale, un vêlage de qualité, et une reproduction efficace. «En système allaitant, une fois que le veau est né, qu’il va bien, que son alimentation est optimale, le gros du travail est fait. Une fois que les éleveurs maîtrisent ce créneau, de 0 à 4 mois d’âge, tout fonctionne, c’est plus facile. Le moment clé c’est le vêlage», renchérit Frédéric Mazars. Tant pour le petit veau que pour sa mère.

L’équipe bovin viande a un objectif : accompagner l’éleveur pour le rendre autonome sur ses observations quotidiennes. «Beaucoup de signes sont visibles et trahissent la mauvaise santé d’un animal. Ou au contraire, ils montrent une bonne alimentation. Si les bouses sont molles, l’éleveur attentif va se dire je sais qu’il y a un problème. Il faut qu’il corrige de suite sa ration en remettant de la fibre. Nous lui offrons des outils selon son système, ses forces et ses faiblesses : il n’y a pas une baguette magique et un modèle parfait. Certains systèmes peuvent continuer à acheter de la matière parce qu’ils la transforment très bien. D’autres devraient se diriger vers plus d’autonomie», tempeère Frédéric Mazars.

En face de la bonne santé du troupeau, qui découle d’une bonne alimentation, l’équipe de Frédéric Mazars pose le volet économique. «Une chose toute bête comme la pesée permet à l’éleveur de prendre en main sa marge. Notre travail c’est d’accompagner l’éleveur, lui redonner un œil qu’il n’avait plus parce qu’il avait perdu le temps de le faire. C’est lui qui nourrit le conseil que nous lui apportons. En retour, nous lui redonnons le contrôle sur la nutrition. Et donc sur la productivité. Il faut mettre en face de l’alimentation, l’aspect économique», de?fend Frédéric Mazars. Une meilleure alimentation équivaut à moins de frais de vétérinaire, moins de solutions médicamenteuses et une meilleure reproduction des animaux. Tout naturellement, ce sera autant de frais en moins pour l’éleveur et un meilleur revenu.

Simple mais pas simpliste

Bien évidemment, plus les éleveurs font appel à la Chambre d’agriculture, plus celle-ci dispose de données fiables. «Sur le système finition par exemple, nous disposons de 2500 résultats de productivité. Nous avons la moyenne de production de tout le département. C’est pour cela que nous disons qu’il y a une grosse marge de progrès à faire en Aveyron sur la période inter-vêlage, sur les veaux morts ou qui ne sont pas nés. L’écart moyen de production ici est de 5 à 6 points. C’est un impact énorme alors que les marges sont atteignables très facilement avec une meilleure gestion et une meilleure nutrition. Un veau pas né a un coût», fait valoir Frédéric Mazars. Un appel du pied aux quelque 1 900 éleveurs que l’équipe bovin viande ne suit pas ou quasiment pas. Au total, 600 élevages sont diagnostiqués.

Une philosophie simple mais pas simpliste. «Il y a de gros systèmes, avec DAC, bol mélangeur et une chaîne automatisée, qui marchent bien. Les éleveurs gagnent du temps. Mais dans d’autres élevages, le coût matériel, le carburant et tous les coûts engendrés ne sont pas rentables. Si l’éleveur gagne du temps mais perd de l’argent, ce n’est pas la peine. Je suis plutôt pour trouver des bases simples, facilement transposables dans tous les systèmes. Il y a des élevages avec de l’alimentation à volonté qui marchent bien. Les meilleurs conseils techniques sont les plus simples. Par la suite, nous pouvons nous lancer dans du plus pointu. C’est aussi aux éleveurs d’aller voir les systèmes qui marchent bien. Et de notre côté aussi, s’il y a un point a améliorer, c’est de croiser encore plus les informations entre les services», estime Frédéric Mazars.

Jérémy Duprat

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