National | Par Jérémy Duprat

Conseil FNB Décapitalisation : «Une épée de Damoclès»

Lors du conseil fédéral de la FNB, organisé mardi 12 avril, la décapitalisation et la contractualisation ont occupé le devant de la scène. Valérie Imbert, élue de la FNB, revient sur le contenu des discussions.

L’évolution des indices : une situation qui n’est pas tenable à long terme pour les éleveurs si l’indice de prix à la consommation est supérieur à l’IPAMPA.

La chute se poursuit

La chute du nombre d’animaux dans les cheptels se poursuit. Que ce soit en France comme en Aveyron. Entre 2021 et 2022, dans la filière viande, le cheptel allaitant aveyronnais affiche 4 000 mères de moins. Au niveau des vaches allaitantes, ce sont plus de 100 000 animaux qui ont disparu des élevages français en 1 an. «Ce sont d’autant plus de veaux qui ne naîtront pas. C’est une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes. Le secteur s’inquiète, autour de 5 000 bovins manquent chez les abatteurs chaque semaine. En steak haché, certains opérateurs avancent le chiffre de 30% de manque. La décapitalisation se poursuit et cela ne nous surprend pas : les coûts de production, les charges, augmentent. Mais du côté des éleveurs, le prix de vente ne suffit pas à couvrir les hausses de charges», regrette Valérie Imbert, élue FNB.

Alors la solution serait la contractualisation bovine. «Si l’indice IPAMPA dépasse le prix à la consommation, cette situation ne peut pas durer. Nous ne pourrons plus produire si nous mangeons de l’argent. Il faut que les éleveurs proposent le contrat. Beaucoup de personnes de la filière y ont travaillé et y travaillent pour informer les éleveurs. Il faut qu’ils le proposent et continuent à mettre la pression», défend Valérie Imbert.

La grand bataille

À côté des indices de prix, l’élue FNB rappelle que si les cours augmentent, les charges augmentent plus vite. «Le contrat permet d’enrayer cette course folle. Les éleveurs n’arrivent plus à couvrir la hausse des intrants, une situation qui les préoccupe grandement, d’autant qu’ils ne se sentent pas suffisamment soutenus par l’Etat. Que les fournisseurs passent la hausse des charges, c’est compréhensible. Il n’y a pas d’autres solutions nous avons tous des factures à payer. Mais de notre côté, nous ne nous battons pas assez sur nos prix de vente. Nous nous focalisons parfois trop sur les prix d’achat. Le contrat est un moyen de répercuter les hausses», insiste Valérie Imbert.

L’élue l’affirme : la bataille ne sera pas aisée face aux acheteurs. «Tout part de l’éleveur. Il faut échanger avec son acheteur et lui faire parvenir un contrat. La plupart du temps, il n’y aura pas de réponse sous le délai légal d’un mois. S’il ne veut pas jouer le jeu, alors il faut saisir le médiateur», insiste Valérie Imbert. Une bataille qui décidera probablement de l’avenir de l’élevage en France. «Nous sommes dans une situation où il manque concrètement des animaux. C’est également le cas chez nos voisins européens. Si demain nous voulons manger de la viande et maintenir des élevages chez nous, il faut que les prix payés à l’éleveur lui permettent de vivre de son métier», conclut Valérie Imbert.

Jérémy Duprat

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