Aveyron | National | Par Didier Bouville

Gel : viticulture et arboriculture lourdement impactées en Aveyron [points de vue]

A gauche, Philippe Teulier, président de la Fédération des vins de qualité de l’Aveyron, et Frédéric Julien, président de la SICA Valfruits.

Les forts épisodes de gel de la semaine dernière ont lourdement impacté la vigne et les vergers de l’Aveyron. Le point avec Frédéric Julien, président de la SICA Valfruits (Rivière-sur-Tarn) et Philippe Teulier, président de la Fédération des vins de qualité de l’Aveyron et de l’ODG AOP Marcillac.

– Quel est le bilan des dégâts à ce jour, pour vos productions respectives ?

Frédéric Julien : «C’est la catastrophe. Selon nos premières constatations, 80 % des vergers n’ont plus de fruits, sur les cerisiers, mirabelliers et abricotiers de la vallée du Tarn. On verra la suite pour certaines variétés tardives de cerisiers, mais pour les mirabelles, on s’oriente vers les 100 % de pertes. A la SICA Valfruits (une trentaine de producteurs), nous faisions autour de 500 tonnes de fruits par an. Cette année, on sera très loin du compte…».

Philippe Teulier : «Nos dégâts sont moins importants que ceux constatés chez les arboriculteurs. Nous avons quatre aires d’appellation AOP sur plusieurs zones de l’Aveyron. Certaines parcelles de vignes ont été touchées par le gel, principalement dans la vallée du Lot, sur Entraygues-Le Fel et Estaing. Là, selon les premières estimations, 80 % des vignes ont été touchées par le gel avec des températures autour de – 5 degrés. D’autres parcelles sont impactées entre 20 et 80 %. Il faudra attendre une dizaine de jours pour mesurer avec plus de précision les dégâts, selon la tête des bourgeons».

– Est-ce que ce sont des gelées exceptionnelles ?

Frédéric Julien : «Nous sommes descendus à -6 au bord du Tarn, et -4 sur les coteaux, la semaine dernière. Ce lundi 12 avril, nous avons encore de petites gelées… Mais le mal est fait, c’est cuit, les cerises sont noires. Nous avons eu un dernier hiver pas assez froid, et des chaleurs de fin mars qui ont favorisé le démarrage des arbres beaucoup trop tôt. Habituellement, ils démarrent vers le 10 avril. Les dernières gelées sont donc exceptionnelles. Elles ont eu un impact désastreux sur des fruits déjà bien avancés. Nous savons que c’est le risque du métier. Mais cela risque encore de se reproduire, avec un climat qui change. Cela nous inquiète pour l’avenir de notre métier».

Philippe Teulier : «Cet épisode de gelée noire, comme nous l’appelons, aurait pu être pire. La vigne était heureusement sèche. C’est une chance. Une végétation sèche permet en effet de limiter les dégâts du gel».

– Qu’attendez-vous maintenant, en terme de soutien ?

Frédéric Julien : «Nous avons eu, heureusement, une bonne année en 2020 permettant de faire un peu de trésorerie. Mais les arboriculteurs de la vallée du Tarn ne sont pas assurés contre ce type de dégâts. Un dossier calamité agricole doit être constitué, avec des visites de terrain programmées sur nos vergers par la DDT. En 2017, nous avions pu bénéficier d’aides financières à cause du gel au titre des calamités agricoles. Nous savons que la Région a pro- mis son soutien aux viticulteurs et arboriculteurs. Jamais nous n’avions subi autant de dégâts dans notre vallée !».

Philippe Teulier : «Pour le moment, nous faisons le tour des dégâts, afin de récolter des données précises, et d’avoir une position commune au niveau de l’Aveyron. J’ai participé au bureau de la Chambre d’agriculture ce lundi où les dégâts du gel sur nos productions viticoles et arboricoles ont été évidemment évoqués. La réunion de l’interprofession des vins du Sud-Ouest à laquelle j’ai participé ce mardi 13 avril a permis de faire le tour de la situation, de dresser un premier bilan des dégâts au niveau régional, avec un point par département. Là-aussi, l’objectif est d’avoir une position commune, afin de soutenir les producteurs les plus touchés par cet épisode de gel qui nous est tombé dessus après des chaleurs de mars beaucoup trop précoces».

D.B.

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