National | Par eva dz

Retraites agricoles : «Les 25 meilleures années sont une grande victoire syndicale»

Le 1er février, les sénateurs ont adopté la loi permettant aux agriculteurs de ne retenir que les 25 meilleures années dans le calcul de leur retraite. Une « grande victoire » pour Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA, notamment en charge des questions sociales.

Le vote de cette loi vous satisfait-il ?

Luc Smessaert : Oui, très clairement. Ce vote est l’aboutissement de vingt ans de combat et il était temps que cette injustice soit réparée. En effet, dans de nombreux autres secteurs d’activité similaires à l’agriculture, c’est-à-dire celui de travailleurs non-salariés, les 25 années sont la règle. Chez les artisans, commerçants et industriels, cette moyenne des 25 meilleures années est en vigueur depuis le … 1er janvier 1973. Il y a 50 ans. Je tiens ici à saluer le formidable travail réalisé par les équipes de la FNSEA qui ont porté ce dossier et réalisé un important travail de fond. C’est d’ailleurs grâce à lui que le Parlement s’est prononcé à l’unanimité sur cette réforme. Je salue à ce titre le soutien des députés Julien Dive et André Chassaigne et celui des sénatrices Pascale Gruny et Catherine Deroche pour le travail accompli pour le vote de cette réforme.

Quand cette mesure entrera-t-elle en vigueur et quels en sont les avantages pour les agriculteurs ?

L.S. : Elle entrera en vigueur le 1er janvier 2026 mais nous travaillons actuellement à ce que ce délai puisse être raccourci au 1er janvier 2025. Il reste trois mois au gouvernement pour présenter un rapport sur la mise en œuvre de ce nouveau mode de calcul des retraites. Ne garder que les 25 meilleures années va effacer du calcul de la retraite agricole toutes les mauvaises années qui auront pu être liées à différents événements de la vie de l’exploitation : les problèmes sanitaires (tuberculose, grippe aviaire, etc.), les accidents climatiques (sécheresse, grêle, inondations, gel., etc.) et bien d’autres. Plus concrètement, si l’on s’appuie sur les scénarios établis dans un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales de 2012, ne retenir que les 25 meilleures années permettra aux agriculteurs de gagner entre 200 et 250 euros de plus par mois. Ce qui est loin d’être négligeable.

Cette réforme de la retraite agricole s’inscrit-elle dans celle plus globale de celle des retraites actuellement discutée au Parlement ?

L.S. : Oui et non. Tout d’abord non, dans le sens où la loi sur les 25 meilleures années a déjà été votée et qu’il n’y a pas lieu de revenir dessus. Oui dans le sens où maintenant le combat continue dans la loi de réforme générale. Nous avons, sur ce sujet, plusieurs chantiers en cours. Tout d’abord celui de la prise en compte des carrières longues. Nous pensons que ceux qui ont démarré leur métier avant 21 ans et qui ont une carrière complète de 43 ans, avec la totalité de leurs trimestres, peuvent et doivent partir plus tôt. Ensuite, il faut que les promesses du candidat Macron lors de la présidentielle se traduisent dans les faits. Je fais allusion aux 1 200 euros par mois pour une carrière complète. Il faut que cette retraite minimum s’applique à toutes les catégories : anciens exploitants, conjoints, conjointes etc. Aujourd’hui le compte n’y est pas. Beaucoup trop de nos anciens sont encore en-dessous du minimum vieillesse. Ce n’est pas acceptable. Un autre combat nous tient à cœur : « l’aide au passage de relais ».

C’est-à-dire ?

L.S. : Ce dispositif permet à des agriculteurs en mauvaise santé ou en situation de mal-être de partir cinq ans avant l’âge de la retraite en cédant leur exploitation à un jeune agriculteur. Ce futur ancien exploitant pourrait ainsi bénéficier de 85 % du Smic pendant cette période et une prise en charge de ses cotisations retraite. Cette aide au passage de relais aurait le mérite d’effectuer cette transmission d’exploitation dans la douceur. C’est en effet aux âges de la retraite et de la transmission que les situations de mal-être et les suicides sont les plus fréquents. Nous demandons depuis de longs mois une expérimentation à hauteur d’une dizaine de dossiers par département.

Propos recueillis par Christophe Soulard

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