Aveyron | Par La rédaction

Sodiaal Union L’optimisme domine face à un contexte sans précédent

Sodiaal Union a tenu l’assemblée générale de secteur Aveyron – Lozère – Tarn vendredi 8 avril à Camboulazet, en présence d’une centaine d’éleveurs. Ce rendez-vous annuel a permis d’échanger sur les actualités, dans un paysage économique inédit, et sur les projets d’avenir.

Damien Lacombe, président national, Benoît Gransagne, administrateur national, Sébastien Durand, président de la section 12-48-81, et Olivier Beaufils, président du bassin Sud-ouest, ont échangé avec une centaine de producteurs lors de l’assemblée générale de Sodiaal Union.

L’assemblée générale s’est déroulée sous la houlette de quatre responsables de la coopérative : Damien Lacombe, son président, accompagné de Benoît Gransagne, éleveur aveyronnais et administrateur national, Olivier Beaufils, éleveur en Haute-Garonne et président de Sodiaal Sud-ouest, et Sébastien Durand, éleveur lozérien, président de la section Aveyron-Lozère-Tarn.

Une hausse du prix «spectaculaire»

Dans un climat incertain, qui inquiète beaucoup les éleveurs, où une crise internationale impacte fortement les marchés et les trésoreries des exploitations, les représentants de Sodiaal Union se veulent rassurants. «Lors des dernières négociations, nous avons obtenu des hausses de prix avoisinant les 5%. Le second train des négociations démarre dès maintenant avec un objectif d’au moins 15 à 20 %», affiche Damien Lacombe, avant d’évoquer le prix du lait. «Au premier trimestre il a augmenté de 21 %, par rapport à la même période en 2021. Cette embellie se poursuivra sur le second trimestre. Je suis confiant, le prix du lait en 2022 devrait très largement couvrir les hausses de charges».

A la question de l’évolution contestée en avril de l’indicateur Beurre/Poudre, utilisé dans la construction du prix B, Damien Lacombe argumente. «Cet indicateur doit prendre en compte les investissements que la coopérative a réalisés, ainsi que le marché mondial. Or, actuellement, il n’y a pas d’échanges et nous devons ajuster par rapport aux coûts de transformation, pour rester opérateur sur ces marchés. Enfin, l’indicateur n’a pas été révisé depuis 2011, son réglage était donc inévitable». Pour conclure, le président martèle son message : «Nous devons garder le moral. Nous allons atteindre cette année un prix inédit qui devrait dépasser les 400 € par 1 000 litres. Cette hausse spectaculaire, nous souhaitons la pérenniser. Pour cela nous devons aller chercher des tarifs chez nos clients».

Loi Egalim : une efficacité reconnue mais relative

D’ailleurs, au sujet des négociations commerciales, Damien Lacombe évoque le rôle de la loi Egalim. «C’est un outil qui sert à faire passer des hausses mais qui n’affranchit pas de se battre pour le prix. Ce n’est pas la clause de renégociation, insuffisante, qui nous permet de relancer actuellement les discussions tarifaires, mais la charte gouvernementale du 18 mars 2022».
Benoît Gransagne complète sur les difficultés à négocier sur les produits vendus sous marques de distributeurs (MDD). «La loi Egalim est inactive sur les MDD, car ce débouché dépend du code du commerce. Ainsi nous n’avons obtenu là-dessus que la moitié des hausses de nos autres produits». Les responsables affirment que leur objectif principal est bien la recherche de valeur. «En 2021 nous avons effectué un résultat de 10 millions d’euros. Nous sommes revenus à la normale après une année 2020 exceptionnelle au niveau des produits de grande consommation (PGC). En outre, en récupérant Yoplait, nous gagnons encore en rentabilité et nous ouvrons de nouvelles perspectives», annonce fièrement Damien Lacombe.

Sodiaal 2030 sur les rails

Des perspectives justement, la coopérative veut s’en ouvrir à l’horizon 2030. Ce travail de longue haleine a débuté en 2021 avec la diffusion d’une grande enquête auprès des producteurs et des consommateurs : quel avenir pour le lait ? «Il en ressort côté agriculteurs des préoccupations liées à la rémunération et à l’organisation du travail. Côté consommateurs, l’environnement, le bien-être animal et le réchauffement climatique, sont les thèmes prédominants», expose le président. «Nous allons travailler sur ces sujets, notamment avec nos éleveurs au cours de réunions locales organisées en deuxième partie d’année».
Réaffirmer l’ancrage territorial
Toujours à la recherche de valeur ajoutée, Sodiaal Union étoffe sa gamme de laits différenciés avec sa première marque territoriale : «Les Éleveurs du Sud-ouest», identifiant les produits exclusivement fabriqués dans le bassin. La gamme est déjà étoffée avec un lait demi-écrémé, une tomme mixte aux laits de vache et brebis et deux labels : l’AOP Ossau-Iraty et l’IGP tomme dorée des Pyrénées. Olivier Beaufils, explique les motivations qui ont conduit à ce projet. «En tant que coopérative, nous nous devons de mettre en avant notre lien avec le territoire. Avec cette nouvelle visibilité, nous rappelons aux consommateurs que nous générons localement de l’économie et de l’emploi. De plus, nous souhaitions valoriser toutes les zones de production laitière du Sud-ouest, et ainsi conserver tous nos points de collecte».
Les éleveurs doivent s’engager de manière volontaire dans la démarche. En retour ils pourront bénéficier d’une cagnotte, collectée à hauteur de 5 centimes par litre de lait vendu. La distribution se fera sous forme de «chèques actions», comme l’explique Olivier Beaufils. «La cagnotte servira à financer des projets en lien avec l’environnement, le bien-être animal, mais aussi le bien-être de l’éleveur, comme du service de remplacement par exemple. Les éleveurs qui, par leur action locale, obtiennent le référencement d’un des produits dans un magasin, toucheront un bonus. Ainsi nous pourrons aussi nous appuyer sur notre maillage territorial pour faire connaître la marque».
Les producteurs devront tous participer au développement des Eleveurs du Sud-ouest. «Nous n’imposons aucune contrainte au niveau de la production», commente Sébastien Durand. «Par contre les producteurs s’engagent dans la communication, soit à travers des animations en magasin, soit des ouvertures de fermes, ou encore sur les réseaux sociaux. Les éleveurs doivent s’approprier la marque. Et la marque doit leur permettre de recréer du lien avec les consommateurs, d’expliquer leurs pratiques». La grande région Sud-ouest est la première à se lancer. La coopérative espère dupliquer la démarche dans ses autres bassins. En parallèle, elle a entamé un travail collectif, avec des partenaires du Massif Central, sur la valorisation du lait de montagne.

Bérangère Carel

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