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Culture
09 septembre 2021
Institut français de la vigne et du vin, prospection de vieux cépages à Espeyrac
Un travail de conservateur. Les experts de l’Institut français du vin et des vignes se sont rendus à Espeyrac à la recherche de cépages anciens. Munis de leurs carnets, ils répertorient chaque trouvaille.
Des vignes sauvages
Depuis les hauteurs du Neyret, à Espeyrac, un paysage magnifique s’étend à perte de vue. Non loin de là, à moins de deux kilomètres, les vignes sur lesquelles poussent le raisin de l’AOC Entraygues-le-Fel, sont visibles. Mais aujourd’hui, ce n’est pas ce vignoble qui est la source de toutes les curiosités. Un petit cépage familial se niche à flanc de colline en descendant vers la rivière. Il attire une équipe de l’Institut français de la vigne et du vin (IFV). «Nous étions déjà venus l’année passée. Mais devant la richesse des cépages anciens que nous avions trouvé en Aveyron, et notamment ici, nous n’avions pas eu assez de temps pour tout répertorier. Cette parcelle-là est très ancienne et assez unique», se remémore Olivier Yobregat, spécialiste pour l’IFV et ingénieur agronome.
Car si ce vignoble intéresse l’équipe d’ampélographes, c’est avant tout pour son aspect sauvage resté intact. «Ce côté intouché par la main de l’homme lui donne sa force. Les premiers résultats de la visite de l’année dernière ont montré que des cépages anciens ont persisté sur cette parcelle. D’abord parce que la vigne pousse sur un sol sablonneux. Il empêche le phylloxéra de s’implanter», explique Olivier Yobregat. D’une taille allant de 1 à 3 centimètres, ce petit insecte importé des États-Unis, semblable à un puceron, ravage les vignes. La maladie au nom éponyme aurait détruit une quantité impressionnante de variétés de cépages à la fin du XIXème siècle. La vigne du Neyret y a survécu puisque selon les experts de l’IFV, les cépages présents datent d’avant le phylloxéra.
«20 des cépages les plus connus, ceux que l’on retrouve dans les grands noms du vin, représentent aujourd’hui 95% des productions des vignobles en France. Les 10 premiers représentent même 87% des vignes de l’Hexagone. Pourtant, il existe plus de 400 cépages autochtones anciens», contextualise Olivier Yobrégat. Une richesse incroyable pour le pays du vin. Certains cépages retrouvés sont même datés de la préhistoire. «Dans un lieu boisé comme celui-ci, c’est idéal pour retrouver les plantes les plus anciennes. Elles sont restées sauvages, à l’abri de la main de l’homme», explique Michel Laurens, vigneron de l’AOP de Marcillac à Clairvaux.
Richesse du patrimoine
S’il est aujourd’hui présent, en balade toute la journée au milieu des vignes, à la recherche de la pépite inconnue, c’est avant tout par passion. «Je trouve fascinant de partir à la recherche de trésors oubliés. Et puis c’est une façon de protéger un patrimoine naturel qui est au cœur de la culture française. Toutes ces vignes n’ont pas un intérêt agronomique. Mais ce n’est pas l’important. C’est une passion», défend Michel Laurens. Si certains cépages ont disparu du paysage des vignerons français, les raisons sont aussi économiques. «Comme le dit Michel Laurens, tous ces cépages ne représentent pas un intérêt concret. De par un rendement médiocre ou une sensibilité aux maladies», ajoute Olivier Yobregat.
Mais alors, quel est l’intérêt de la prospection de vignes ? «La finalité de notre travail est la conservation du patrimoine génétique des cépages. Un peu comme dans un musée. Nous pourrons exposer la richesse botanique des vignes en France. Parce que le cépage fonctionne un peu comme le loup et le chien. Il y a eu énormément de mélanges qui se sont faits au fil des siècles, de façon naturelle, entre les graines. C’est ce que nous appelons les enfants d’encépages. Nous voulons les répertorier et, si le besoin ou l’intérêt s’en fait sentir, pouvoir les exploiter à nouveau», développe Olivier Yobregat. Et pour prospecter, rien de mieux que les petites parcelles non-commerciales : elles sont les plus propices aux découvertes de cépages ancestraux.
Les souches (re)poussent
Alors les experts scrutent chaque recoin de leur regard perçant, familiarisés dans la reconnaissance des espèces. Ils notent, répertorient et font prospérer leurs découvertes. Dans la matinée, l’équipe de l’IFV a découvert 40 cépages à Campuac. «Depuis quelques années, les découvertes se multiplient. Une diversité énorme se dessine avec beaucoup de cépages anciens. Avec des tests génétiques, nous pouvons remonter très loin dans l’arbre généalogique d’une vigne et recroiser les informations. Nous pouvons ainsi remonter à l’origine d’une souche. Tout cela est ensuite exposé dans un convervatoire», retrace Olivier Yobregat.
Parfois, ces cépages anciens se voient offrir une seconde vie, loin de la retraite au musée qui est promise à la plupart. «Chez moi à Claivaux, j’ai mis en place une parcelle expérimentale grâce au travail de l’IFV. 14 cépages redécouverts par les experts ont ainsi été replantés. L’un d’eux est le Fel blanc qui descend du Gouais blanc», se réjouit Michel Laurens. Les ampélographes profitent ainsi de zones d’études supplémentaires pour observer et mesurer l’adaptation de ces souches anciennes. Et peut-être en retrouver certaines sur le marché.
Jérémy Duprat
12 aout 2021
La gestion durable de la Gentiane jaune s’organise
Johan Bouges, éleveur sur l’Aubrac, membre du collège exploitant au sein de l’association interprofessionnelle de la Gentiane Jaune, a assisté aux relevés des stations réalisées par Stéphanie Flahaut en Aveyron.
Petite fleur jaune des massifs montagneux, la Gentiana lutea est surtout connue pour ses vertues apéritives ! Mais elle en offre bien d’autres ! Robuste et vivace, elle est très présente dans les prairies d’estives. Sa production se justifie donc pleinement au sein des systèmes d’élevage. Cet équilibre patrimonial est préservé grâce à une association interprofessionnelle de la Gentiane Jaune où propriétaires-gestionnaires fonciers, cultivateurs et arracheurs de gentiane, collecteurs-négociants-grossistes, transformateurs, chercheurs... travaillent ensemble à la sauvegarde et la mise en valeur de la ressource.
Filière peu connue, la Gentiane jaune fait pourtant partie du patrimoine culturel du Massif central et du massif de l’Aubrac. Sa production se justifie pleinement au sein d’un système «bovin, gentiane, gentianaire (arracheur de gentiane)» qui existe depuis qu’elle est exploitée sur les estives. Les vaches maintiennent le paysage ouvert et offrent donc à la plante des conditions qui lui sont favorables et le gentianaire arrache les gros plants et restaure la valeur fourragère de la prairie pour plusieurs années. La clé est de maintenir cet équilibre car la gentiane peut devenir envahissante. La déprise agricole ou l’intensification des pratiques d’un côté, la sur-exploitation ou la sur-protection de la gentiane peuvent aussi rompre l’équilibre de ce système.
Une initiative de terrain
Heureusement, l’association interprofessionnelle de la Gentiane Jaune veille ! Fondée en 2014, cette structure qui réunit l’ensemble des acteurs de la filière, depuis le propriétaire foncier en passant par l’arracheur de gentiane, le collecteur, le négociant jusqu’au transformateur..., travaille collectivement à une charte de production de gentiane durable. Un dépôt de marque «Gentiane durable» est également en cours, soutenu par le CPPARM (comité des plantes à parfum aromatiques et médicinales). «Notre ambition, avec l’appui des organismes de recherche, les instituts techniques, les laboratoires indépendants, est de protéger la ressource, la production tout en préservant l’activité économique», explique Stéphanie Flahaut, animatrice de l’association interprofessionnelle. «Nous avons construit ensemble un canevas solide autour d’un guide de bonnes pratiques de production de gentiane qui donne à chaque maillon de la filière une ligne de conduite pour une production durable de la gentiane», poursuit-elle. Du propriétaire au producteur, de l’arracheur au grossiste, jusqu’à celui qui distille, chacun s’engage à suivre les préconisations du guide. «Notre démarche est basée sur le volontariat», tient à préciser Stéphanie Flahaut. Et chaque maillon pourra être labellisé par la marque Gentiane Durable, dès son officialisation espérée en fin d’année.
Une demande croissante
L’association interprofessionnelle veille au bon respect du guide des bonnes pratiques à tous les niveaux de la filière. Elle intervient auprès des propriétaires et gestionnaires fonciers sur le conseil dans la gestion de la ressource et sa valorisation. La gentiane s’achète aux propriétaires du terrain où elle pousse. Johan Bouges, éleveur sur l’Aubrac et membre du collège exploitant au sein de l’association, témoigne de la nécessité de préserver la ressource Gentiane et de la valoriser à sa juste valeur. «Ce guide de bonnes pratiques et notre future marque inscriront la production de gentiane dans un cycle vertueux et garantiront une transparence et une traçabilité auprès de nos clients», espère-t-il. Pour lui, la gentiane peut constituer un petit complément qui participe à la durabilité d’une exploitation. Là aussi tout est une question de bonne gestion pour ne pas créer de déséquilibre ! Le producteur souhaiterait un prix minimum de 45 centimes d’euros le kg.
Un cycle sur 20 à 30 ans
La structuration de la filière gentiane permet une meilleure gestion de la ressource pour essayer de pérénniser l’activité. La distillerie n’est pas le seul débouché de la gentiane, l’agroalimentaire dans son ensemble mais aussi la pharmaceutique, la parfumerie... sont des domaines très demandeurs. «La pression se fait plus forte et s’étend à l’international. C’est pourquoi nous devons être vigilants sur la gestion de la ressource et ne pas faire n’importe quoi !», avertit Stéphanie Flahaut. La gentiane nécessite des rotations longues. Il est préconisé de respecter un délai d’environ 20 ans entre deux exploitations de racine de gentiane, et de ne prélever que 60 à 80% des plants matures. Ceci permet de récolter des pieds âgés de 20 à 30 ans, dont le poids peut atteindre plusieurs kilos.
Des observations sont réalisées chaque année, depuis 10 ans, par Stéphanie Flahaut sur plusieurs stations dans le Puy de Dôme, le Cantal et l’Aveyron, pâturées par des bovins exclusivement, grâce aux autorisations données par les propriétaires de terrain où pousse la plante. «En observant la plante, son évolution chaque année mais aussi les zones où elle a été arrachée, nous rassemblons des éléments concrets pour mieux la connaître, comprendre comment elle se réinstalle après son arrachage, quelles sont les pratiques agricoles qui lui sont favorables, comment elle résiste au changement climatique...», détaille Stéphanie Flahaut, lors de l’un de ses relevés sur une placette sur la commune de Curières début juillet.
Si dans certaines zones, la cueillette de la gentiane est très réglementée voire interdite, dans le Massif central ce n’est pas le cas. Pour autant, il ne se fait pas n’importe quoi : «Notre association souhaite être un interlocuteur auprès des pouvoirs publics sur la question de la gestion de la ressource. Nos observations, notre connaissance de son implantation et de son évolution sur les massifs ont contribué à mettre en œuvre ce guide des bonnes pratiques partagé par tous les acteurs. Nous sommes donc légitimes pour apporter notre expertise terrain sur laquelle se baser pour mettre en place, si nécessaire, les mesures de gestion cohérentes», argumente Stéphanie Flahaut.
En attendant, les acteurs de la filière Gentiane Jaune agissent collectivement pour la préservation et la valorisation de cette plante typique de leur territoire.
Eva DZ
24 juin 2021
Plus de 350 personnes aux ateliers et démos des CUMA
Entre ateliers techniques et démonstrations de machines au champ, la journée méca des CUMA a été riche en échanges autour de la chaîne de récolte des fourrages.
Pour des retrouvailles, elles ont été réussies ! Le réseau CUMA a réuni, pour sa traditionnelle journée méca, le 18 juin à Durenque, plus de 350 personnes, agriculteurs, techniciens, élèves, partenaires... autour d’une thématique qui rassemble : la récolte de l’herbe.
Sous les masques, on devinait les sourires chez les administrateurs de la FD CUMA tous sur le pont pour le retour de la journée méca des CUMA. Frustrés de ne pas avoir pu organiser d’événement depuis plus d’un an, ni même de réunions de secteur cet hiver, ils étaient tous heureux d’avoir réussi à tenir leur journée. Grâce à une structure semi-ouverte, le marché couvert de Durenque, ils ont pu accueillir plus de 350 personnes, dont une centaine d’élèves du lycée La Roque et de la MFR de Naucelle, dans le respect des gestes barrières.
Les participants ont en effet pu assister par groupe aux ateliers techniques du matin puis en plein air, aux démonstrations de matériels au champ. «Nous avons réussi grâce à l’implication des CUMA locales soutenues par les administrateurs et l’équipe administrative de la Fédération départementale. Tout le monde en parlait depuis des mois de cette journée tant ce type de rendez-vous à la fois convivial, d’échanges, de partage, nous avait manqué», témoigne Frédéric Carrière, un président de la FD CUMA heureux.
Un rendez-vous attendu
Il faut dire que le thème retenu «la chaîne de récolte des fourrages : innover sur les méthodes et les équipements» est lui aussi rassembleur. «Le fourrage est à la base de l’alimentation de nos troupeaux et les éleveurs sont en permanence en recherche d’autonomie fourragère pour réduire les coûts de production et faire face aux aléas de plus en plus nombreux», argumente Maxime Puech, responsable de la commission machinisme à la FD CUMA. «Ces 18 derniers mois ont fragilisé notre économie et cela se ressent aussi sur les prix des matières premières. Plus que jamais, nous devrons travailler sur la maîtrise de nos coûts de production, nos charges de mécanisation et la fenaison en commun peut-être un des leviers d’économie», a-t-il poursuivi.
Des réponses, les participants ont pu en trouver à la fois dans l’échange avec des experts lors des ateliers, sur le choix des variétés, des espèces, les stades et stratégies de récolte, les bonnes pratiques... mais aussi avec d’autres CUMA sur leur retour d’expériences (lire ci-dessous). Et bien sûr une journée méca ne porterait pas son nom sans des démonstrations de matériels ! Plus de 25 machines mises à disposition par des concessionnaires, constructeurs ainsi que des CUMA ont montré les dernières innovations en terme de récolte, sur les parcelles prêtées par Rémy Joulié, secrétaire de la CUMA de Durenque.
Eva DZ
13 mai 2021
Gel : la préfète venue constater les dégats sur les vignes de l'Aveyron
Après les arboriculteurs et viticulteurs de la vallée du Tarn il y a quelques jours, les vignerons d’Entraygues-Le Fel, Estaing et Marcillac entourés de la profession agricole, ont reçu la préfète de l’Aveyron, mardi 11 mai sur les vignes de la vallée du Lot. Eux aussi ont souffert des fortes gelées d’avril occasionnant des taux de pertes importants (photos FDSEA 12 - JA12).
Suite à l’épisode de gel en avril, la préfète s’est rendue dans la vallée du Tarn fin avril, pour constater les premiers dégâts en arboriculture : des taux de pertes de 75 à 95% pour les cerises, de 95 à 100% pour les mirabelles, les pêches et abricots. Les vergers de pommes semblent avoir été moins touchés (environ 70% de perte).
La représentante de l’Etat s’est rendue aussi mardi 11 mai à Entraygues Le Fel pour rencontrer les viticulteurs du département et observer les dégâts et pertes envisagées sur les vignes.
Plusieurs mesures d’accompagnement vont se mettre en place : un plafond de 5 000 euros pour le dispositif des calamités agricoles, possibilité d’exonérations de cotisations MSA pour les chefs d’exploitation comme pour les salariés d’exploitation, une enveloppe de 75 000 euros du Conseil départemental pour les arboriculteurs de la SICA Valfruits et une enveloppe de 5 millions d’euros du Conseil régional à l’échelle de l’Occitanie.
13 mai 2021
Programme AgroEcolab : une journée prairies dans le sud Aveyron
Observation du résultat d'un sursemis de RGI - trèfles (Alexandrie + Perse + Blanc) fait à l'automne sur une prairie luzerne dactyle dégradée - photo CA 12.
Le programme AgroEcolab accompagne les agriculteurs du sud Aveyron, dans la transition agroécologique. Parmi les premières actions mises en œuvre, le partage d’expériences et d’essais sur les prairies dans un contexte de changement climatique. Une journée était consacrée à cette thématique jeudi 6 mai, sur l’exploitation du lycée La Cazotte, partenaire et lieu pivot de ce programme.
«Nos prairies face au dérèglement climatique», une thématique qui interpelle de plus en plus d’agriculteurs mais aussi de techniciens... qui cherchent des innovations agroécologiques pour s’adapter au changement en cours. Autour des sept partenaires du programme AgroEcolab, la Chambre d’agriculture, l’AVEM, UNOTEC, le Service Elevage de la Confédération générale de Roquefort, le lycée La Cazotte, l’INRAE et le Parc Naturel Régional des Grands Causses, 25 personnes environ se sont retrouvés jeudi 6 mai pour échanger sur cette problématique.
D’abord à Pastoralia en salle puis sur des parcelles de l’exploitation du lycée La Cazotte, les participants ont pris le temps de partager leurs expériences, leurs essais, leurs échecs mais aussi leurs réussites pour faire face au dérèglement climatique : sécheresses répétées, modification du rythme des saisons, gel tardif, fortes précipitations rapprochées... «AgroEcolab est un laboratoire ouvert et partagé sur les innovations agroécologiques dans le sud Aveyron», explique Mireille Lafouge, conseillère agronomie au CDASA - Chambre d’agriculture et animatrice du programme. «Agriculteurs, techniciens, chercheurs, enseignants... nous cherchons ensemble les pistes d’amélioration en nous basant sur des essais comme ici sur l’exploitation de La Cazotte», ajoute-t-elle. Ainsi, Alain Hardy, responsable de l’exploitation du lycée, a emmené le groupe dans plusieurs parcelles : «nous jouons un rôle de ferme test dans ce programme. Nous apprécions de pouvoir partager nos connaissances, il ne s’agit en aucun cas d’un modèle mais simplement d’expérimentations qui réussissent ou échouent et nous permettent d’avancer», résume-t-il. Plusieurs types de prairies ont été ainsi visitées le 6 mai, d’abord à flanc de colline sur des terres assez difficiles exposées au sud. «Nous avons testé du sur-semis sur des prairies, dont une luzerne dactyle dégradée. Nous verrons sa pérennité sur le temps long», illustre Alain Hardy.
Autre essai en plaine cette fois sur la luzerne avec 3 luzernes du commerce (pure ou en mélange, 2 indice 4 et un indice 9) et une luzerne locale ou de pays (type indice 9). «A travers ces essais, nous voulons étudier le comportement des plantes, leur résistance aux ravageurs, leur productivité et leur pérennité. Ces dernières années, nous avons vu des luzernes disparaître brutalement et nous voulons trouver les explications en réfléchissant ensemble».
Les étudiants du CFPPA La Cazotte sont eux aussi associés à ces réflexions. Quelques-uns en BPREA participaient à cette journée. «Nous avons la chance d’avoir à portée de main, l’exploitation du lycée partie prenante dans cette réflexion autour du changement climatique, c’est un terrain pédagogique très utile pour nous», témoigne ainsi une formatrice du CFPPA. «C’est un sujet qui intéresse forcément nos jeunes qui se destinent en majorité à l’installation et d’ailleurs nous aurons bientôt une option qui va s’ouvrir sur le pâturage», poursuit-elle, satisfaite aussi que les étudiants puissent côtoyer des agriculteurs, des techniciens et des chercheurs pour en savoir plus sur cette problématique.
Expérimentation en conditions réelles
L’INRAE était justement représenté par Cyril Firmat de l’UMR AGIR Auzeville. Nouveau venu dans ce projet, il s’associe à plusieurs de ses collègues déjà impliqués dans AgroEcolab et auparavant dans le DIAL. «Je m’intéresse aux ressources génétiques et à l’agro-biodiversité, cette journée a donc été riche en enseignements pour moi», témoigne-t-il. «Pouvoir observer les expérimentations réalisées sur le terrain en conditions réelles apporte tout son intérêt pour étudier une agriculture qui se transforme». Il ajoute : «J’ai rencontré des agriculteurs qui se questionnent sur l’avenir de leur production, sur l’imprévisibilité croissante mais qui veulent garder la main sur la gestion fourragère».
Et Mireille Lafouge de conclure : «toute la difficulté est, tout en gardant les fondamentaux, c’est à dire raisonner l’équilibre entre l’assolement, le sol, le troupeau, le chargement… de réussir à s’adapter aux difficultés induites par le changement climatique et de savoir rebondir face à l’imprévu. C’est pourquoi l’ensemble des partenaires d’AgroEcolab se mobilisent aux côtés des agriculteurs pour apporter des réponses concrètes».
Les participants étaient satisfaits de cette journée d’échanges, élargie d’ailleurs au-delà de l’Aveyron puisqu’un agriculteur de l’Hérault, accompagné d’un technicien de la Chambre d’agriculture sont venus partager leur expérience dans le cadre d’un projet de GIEE. Toutes les expériences sont utiles dans l’avancée des connaissances !
AgroEcolab, un laboratoire d’innovations agroécologiques
AgroEcolab est un programme d’action sur 3 ans (2019-2022) financé par l’Etat et l’Europe. Centré sur le sud Aveyron, il s’adresse aux agriculteurs, techniciens, étudiants... et est porté par 7 partenaires : la Chambre d’agriculture de l’Aveyron, l’INRAE, le lycée La Cazotte, l’AVEM, UNOTEC, le Service élevage de la Confédération générale de Roquefort et le Parc Naturel Régional des Grands Causses. Plusieurs groupes d’agriculteurs et divers autres partenaires sont également associés à la réflexion et aux actions.
Dans le prolongement de DIAL, programme centré sur l’autonomie alimentaire des élevages ovins lait dans le sud Aveyron, AgroEcolab s’ouvre sur la transition agro-écologique de l’agriculture. Les objectifs sont de repérer, générer, évaluer les innovations, de capitaliser et d’échanger les savoirs, les méthodes, les pratiques, d’accompagner le développement et la diffusion vers les agriculteurs, les techniciens et les étudiants et enfin d’aborder des dimensions sociales et territoriales.
Eva DZ
06 mai 2021
Dégâts du gel dans la vallée du Tarn : jusqu'à 100% de pertes
Laurent Saint-Affre (FDSEA), Valérie Michel-Moreaux (préfète), Jacques Molières (Chambre d’agriculture) et Romain Déléris (JA), sous des cerisiers impactés à 100 % par le gel.
La préfète de l’Aveyron, Valérie Michel-Moreaux, s’est rendue jeudi 29 avril sur deux exploitations arboricoles de la vallée du Tarn afin de constater les récents dégâts du gel sur les vergers. Elle a rencontré la profession agricole et rappelé le dispositif de soutien annoncé par le gouvernement.
Suite aux épisodes de gel successifs qui se sont produits les 7 et 8 avril sur l’Aveyron, la Chambre d’agriculture et la profession agricole (FDSEA-JA) ont organisé, sur le terrain, un premier constat des dégâts occasionnés par cet événement climatique exceptionnel, en présence de la préfète de l’Aveyron, Valérie Michel-Moreaux, et des représentants des services de l’Etat. Elle s’est rendue chez Sébastien Molinié, au lieu-dit Notre-Dame-des-Champs, commune de Mostuéjouls, puis sur l’exploitation d’Alexandre et Béatrice Bouviala, au GAEC de Saint-Segond, commune de La Cresse, près d’Aguessac. C’est sur cette commune que la préfète a dressé un premier bilan des dégâts du gel, avec Laurent Saint-Affre (FDSEA), Romain Déléris (JA) et Jacques Molières (Chambre d’agriculture).
Des pertes de 50 à 100 %
«Les cerises, les pêches, les abricotiers ont été les plus touchés, comme les mirabelliers, les pruniers et les pommiers dont il faudra suivre plus tard la récolte», a déclaré Valérie Michel-Moreaux. «Les conséquences sont lourdes ici, avec une perte de moitié de la production de cerises pour ce GAEC, et 100 % de pertes pour les pêchers et les abricotiers. Malgré leurs efforts, les arboriculteurs n’ont pas pu lutter contre des températures de - 5 degrés». Elle ajoute : «Je suis donc venue ici pour rencontrer les arboriculteurs, dont les cerises exigent plus de 7 ans avant de produire, où certains travaillent en mono-production».
Un épisode climatique exceptionnel
L’Aveyron n’avait pas connu pareille catastrophe depuis 1991, selon les arboriculteurs. Les dégâts provoqués par un fort gel sur des arbres trop avancés, du fait des chaudes températures de mars, concerneraient en Aveyron, une soixantaine d’arboriculteurs, dont une vingtaine sur la vallée du Tarn, et une soixantaine de viticulteurs, selon les premiers chiffres relayés par la préfète. Elle a rappelé le dispositif annoncé le 17 avril par le premier ministre Jean Castex, relatif aux aides d’urgences représentant un effort de 1 milliard d’euros. La préfète a indiqué «qu’il fallait avant tout bien identifier les dégâts impactant la filière arboricole mais aussi viticole aveyronnaise», et qu’il était déjà prévu «un report des charges sociales, plus la mise en place du mécanisme de dégrèvement de la taxe foncière sur les propriétés non bâties (TFNB) avec la direction des finances publiques».
Autre volet évoqué avec la profession agricole, «les aides possibles pour l’investissement matériel destinés à prévenir le gel et le dispositif de prêt garanti par l’Etat avec le secteur bancaire». Il s’agit par exemple de chaufferettes, de système d’aspersion d’eau, ou de tours antigel (avec deux hélices), qui peuvent lutter contre des températures de -3 degrés.
Etat, Région, Département
Un premier recensement servira de base aux missions d’enquêtes qui seront diligentées ultérieurement (la réglementation impose d’attendre la récolte pour constater les pertes). Outre l’Etat, rappelons que la Région a déjà lancé une mesure d’aide exceptionnelle d’une hauteur de 5 millions d’euros à destination des viticulteurs et arboriculteurs d’Occitanie. Et que le Département de l’Aveyron a voté une aide exceptionnelle de 75 000 euros pour les deux coopératives de la vallée du Tarn. La Sica Valfruit (Rivière-sur-Tarn) recevra 50 000 euros et la coopérative des Coteaux de Millau (Compeyre) 25 000 euros.
Cette rencontre s’est déroulée en présence de nombreux élus, autour du nouveau sous-préfet de Millau, André Joachim, aux côtés de Jean-François Galliard, président du Conseil départemental, Sylvie Ayot, conseillère départementale sur le canton de Millau 2, Emmanuelle Gazel, maire de Millau, vice-présidente de la Région, Arnaud Viala, député, Alain Marc, sénateur...
Michel Papaud nommé «coordinateur Gel»
Le ministre de l’agriculture et de l’alimentation a confié, le 28 avril, au préfet Michel Papaud, la mission de coordonner le plan Gel d’un milliard d’euros, a-t-il annoncé dans un communiqué de presse. Sa mission d’une durée de trois mois va consister à «assurer la coordination avec les autres ministères pour la mise en œuvre des dispositifs de soutien» ; à «consolider les travaux menés par les services du Ministère, des préfectures et de chaque territoire» et enfin à «établir un lien étroit avec les organisations représentatives des professionnels et entreprises affectés», précise le communiqué du ministère.
Michel Papaud, nommé en décembre membre du Conseil supérieur de l’appui territorial et de l’évaluation, a passé une grande partie de sa carrière professionnelle dans la préfectorale. Il a notamment été secrétaire général et sous-préfet hors-classe dans le Finistère (2005-2008) puis en Loire-Atlantique (2008-2012), Promu préfet, il rejoint les Alpes de Haute-Provence (février 2012 - mars 2013) puis le ministère de l’intérieur comme directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises.
D.B.
17 décembre 2020
RAGT Semences assoit sa position en Australie et Nouvelle-Zélande
Liée à Seed Force Nouvelle-Zélande et Seed Force Australie depuis 2006, RAGT Semences assoit sa position dans le Pacifique en prenant pleinement le contrôle de ces deux sociétés.
L’accord sur lequel les parties prenantes planchaient depuis quelques mois, a été finalisé jeudi 10 décembre. «Cette évolution intervient après 14 ans de collaboration très étroites, rendue possible par les liens très forts qui se sont tissés entre les hommes de nos différentes entreprises», précise Laurent Guerreiro, directeur général de RAGT Semences.?Pour le semencier français dont le portefeuille multi espèces en fait l’un des leaders sur les marchés européens, les territoires néo-zélandais et australien constituent de réelles plateformes de croissance, avec la possibilité d’y développer à l’avenir une offre génétique plus large. Une ambition rendue possible par le travail réalisé par Seed Force Nouvelle Zélande et Seed Force Australie, qui ont su imposer au fil du temps une forte présence sur leurs marchés respectifs, et déployer une marque désormais reconnue.
«Cette acquisition s’inscrit pleinement dans notre stratégie d’ouverture à tous les marchés sur lesquels nous sommes capables d’apporter des solutions variétales aux agriculteurs et à l’ensemble de nos partenaires», explique Laurent Guerreiro.
Grâce à une présence forte sur deux des marchés les plus stratégiques de l’hémisphère Sud, RAGT Semences entend également accroître sa présence sur une autre région stratégique : le Sud-Est asiatique. Cette prise de contrôle par RAGT Semences confortera les effectifs des deux sociétés, qui sont respectivement de 25 et 29 per- sonnes. Désormais, Bruce Garrett, directeur général de Seed Force Nouvelle-Zélande et Dale Skepper, directeur général de Seed Force Australie, rapporteront directement à Samuel Gasté, responsable du développement de l’ensemble des activités sur le Territoire «New Markets».
Seed Force est une marque recon- nue dans l’industrie des semences à la fois en Nouvelle-Zélande et en Australie. Grâce à ses activités de recherche et de développement dans les deux pays, Seed Force continue chaque année à proposer de nouvelles variétés et technologies issues des efforts de sélection du Groupe RAGT. Avec une équipe de collaborateurs hautement qualifiés et l’utilisation de technologies de pointe pour l’amélioration des semences, Seed Force est idéalement placée pour être un fournisseur de solutions variétales de premier choix. Seed Force complète les ambitions stratégiques de RAGT Semences et cette acquisition offre de multiples avantages tant pour ses employés que pour l’industrie agricole.
10 décembre 2020
Machinisme : un désherbage mécanique performant
Christian Marty devant la herse étrille repliée.
La CUMA de la Rignacoise possède une herse étrille utilisée notamment par deux agricul- teurs engagés en agriculture biologique, dont Christian Marty, éleveur bovin lait et viande installé à Rignac, administrateur de la FD CUMA.
La herse étrille est un outil efficace, utilisé pour le désherbage mécanique, simple dans sa conception, dont le principe de fonctionnement est basé sur la vibration des dents, permettant de déraciner les jeunes adventices. Christian Marty, installé au GAEC des Belles-Vaches avec un cheptel de 90 vaches laitières et allaitantes, sur une SAU de 130 ha, en bio depuis quatre ans, fait partie des deux agriculteurs AB utilisant cet outil qui a été renouvelé en 2018.
La herse étrille repliable mesure 6 mètres de large. «Elle peut travailler sur les prairies pour ébouser, émotter», détaille Christian Marty. «Elle sert évidemment à biner le maïs, les céréales, les cultures. Ses dents espacées, à droite et à gauche, permettent de moins ratisser les débris morts. Les dents qui vibrent sont efficaces sur les petites plantules d’adventice».
Binage précoce des adventices
Selon Christian Marty, «les agriculteurs bio utilisent cette herse étrille surtout pour le binage pré- coce des adventices sur maïs au printemps, et sur les céréales en automne éventuellement. L’outil peut aussi servir à casser les croûtes de battance si nécessaire, trois jours après un orage». La herse étrille de la CUMA de la Rignacoise est dotée en option d’un semoir à ventilation, entraîné hydrauliquement. «Ce semis à la volée permet de régénérer les prairies ou de semer des prairies dans les céréales en mars. Il est judicieux d’avoir un couvert toujours présent après la moisson».
Christian Marty résume : «en bio, l’idéal est très simple, le meilleur binage est celui que l’on n’a pas à faire ! Il est donc important de travailler avec des rotations longues de prairie, suivies d’une culture de printemps en automne».
D.B.
29 octobre 2020
Dégâts des orages en Aveyron : des missions d’enquête sur le terrain
Une mission d’enquête a été organisée sur le terrain, mercredi 21 octobre. La DDT a rencontré plusieurs agriculteurs qui ont témoigné des dégâts occasionnés par les orages de septembre sur leur secteur (photo Laurent Deneboude - FDSEA 12).
Une mission d’enquête s’est déroulée mercredi 21 octobre sur plusieurs communes afin que la DDT puisse évaluer sur le terrain les dégâts occasionnés par les orages de septembre.
Les orages du 19 septembre der- nier ont frappé fort sur les communes de Campuac, Golinhac, Villecomtal et Entraygues-sur-Truyère. Face aux nombreuses remontées du terrain, la FDSEA a saisi l’administration pour engager un dos- sier calamités au titre des pertes de fond. C’est dans ce cadre qu’une mission d’enquête s’est déroulée mercredi 21 octobre sur plusieurs exploitations, sur ces communes. Lors de ces visites, de nombreux dégâts ont été observés notamment des dommages aux sols, sur retenue d’eau, des semis...
Un dossier qui concerne plusieurs zones en Aveyron
Ce dossier sera complété par d’autres missions d’enquête réalisées prochainement sur le terrain notamment sur le secteur de Sévérac le Château et sur l’ouest du département.
Une fois collectées, toutes les informations seront compilées dans un dossier validé en commission départementale d’expertise. La FDSEA espère un passage en commission nationale de gestions des risques agricoles en fin d’année, en vue d’une reconnaissance des pertes au titre des calamités agricoles.
22 octobre 2020
RAGT Semences : l’excellence de la recherche RAGT primée en Angleterre
Fait rarissime, un projet de recherche initié par une entreprise privée, en l’occurrence, RAGT Semences à travers ses équipes Recherche à Ickelton, en Angleterre, vient d’être récompensé dans le cadre de la bourse des futurs leaders de la recherche et de l’innovation du Royaume-Uni (UKRI).
Le programme de recherche concerné porte sur l’identification et la saisie de données génétiques clés pouvant être utilisées par les sélectionneurs de blé, afin d’accélérer, par exemple, le développement de variétés plus résistantes aux maladies. Le prix a été remis au Dr John Baison, généticien chez RAGT 2n (la filiale recherche de RAGT Semences), qui dirige ces travaux sous la direction des Dr Christopher Burt et Richard Summers. Cette subvention de 240 000 livres sterling (266 000 euros) sur quatre ans va permettre d’explorer des régions du génome encore inaccessibles avec les outils actuels.
«Je suis ravi de recevoir une bourse pour futurs leaders et je suis très reconnaissant que l’UKRI ait reconnu l’importance du projet proposé», a expliqué le Dr Baison. «La productivité du blé est menacée par les maladies, les limitations des ressources et les conditions environnementales défavorables. Le projet nous aidera à développer des variétés présentant des caractéristiques précieuses, telles que la résistance au BYDV, ainsi que la résistance à la rouille jaune et à la septoriose. Cela permettra aux producteurs d’utiliser moins de pesticides et de cultiver le blé de manière plus fiable», a précisé encore le généticien de RAGT.
Communiqué
25 juin 2020
Les Semeurs RAGT : un club fidélité se met en place
RAGT crée un club fidélité pour les agriculteurs. Les Semeurs RAGT découvriront les innovations et solutions tech- niques du semencier n°1 des agriculteurs, pourront transformer leurs hectares de variétés RAGT en points cadeaux et partageront leur expérience.
Après avoir initié un jeu-concours qui a touché un grand nombre d’agriculteurs, RAGT Semences lance un nouveau projet pour nourrir sa relation avec eux. Il crée un club fidélité : «Agriculteurs dans le Nord, le Sud, l’Est, l’Ouest ou le centre de la France, beaucoup ont acheté des semences issues de notre recherche. C’est pour eux, les semeurs de l’agriculture d’aujourd’hui et de demain que nous avons créé un club», explique Sylvain Guédou, directeur commercial France.
Ce club, baptisé Les Semeurs RAGT, est entièrement gratuit. Il repose sur trois piliers. Il permet en premier lieu aux agriculteurs de découvrir les innovations et solutions techniques conçues par RAGT Semences. Le semencier a voulu aussi récompenser la fidélité à sa marque. Il donne, avec ce club, la possibilité de transformer les hectares de variétés RAGT en points cadeaux. Enfin, le club a été conçu pour favoriser les échanges entre membres et avec les équipes RAGT et ainsi, permettre à chacun d’enrichir ses connaissances et son expérience.
«RAGT Semences n’est pas qu’un vendeur de semences, mais un apporteur de solutions. Nous sommes sélectionneur multi espèces et nous inscrivons chaque année plusieurs dizaines de nouvelles variétés dans 32 espèces, qui permettent de répondre à toutes les problématiques. C’est notre volonté et pour cela, nous inves- tissons une part très importante de notre chiffres d’affaires dans la Recherche», rappelle Sylvain Guédou.
Le site Internet (www.les-semeurs-ragt.fr) est en ligne depuis le 16 juin et il est d’ores et déjà possible de s’inscrire. Pendant une durée limitée, RAGT offre aux agriculteurs leurs premiers 50 points Semeurs, lors de l’inscription.
18 juin 2020
Certiphyto : comment le renouveler ?
Le Certificat Individuel Phytosanitaire dit «Certiphyto» est obligatoire pour tous les utilisateurs de produits phytopharmaceutiques, ainsi que pour les distributeurs et les conseillers à l’utilisation de ces produits. Il est obtenu suite à une formation appropriée à la réduction et à la sécurisation de l’utilisation des pesticides.
La durée de validité du certificat est de :
- 10 ans si le primo-certificat a été obtenu avant octobre 2016.
- 5 ans si le primo-certificat a été obtenu depuis le 1er octobre 2016.
Tous les agriculteurs titulaires du Certiphyto qui arrive à échéance, et qui vont continuer leur activité professionnelle, vont devoir pro- céder au renouvellement de leur certificat. Pour cela, ils auront entre 6 et 2 mois avant la date d’échéance de validité du certificat en cours. Ainsi, dans le cas où la fin de validité du certificat se trouve dans la période de février à mars 2021, il faudra le renouveler d’ici la fin de l’année 2020, c’est-à-dire entre septembre et décembre 2020.
Pour cela, trois voies sont possibles :
- Un test de vérification des connaissances.
- Une formation d’un jour (sans évaluation).
- La possession d’un diplôme ou titre particulier de moins de 5 ans (contact ADPSA pour connaître la liste). Si le Certiphyto n’est pas renouvelé à la bonne échéance, il faudra repasser un Certiphyto complet «primo-certificat», c’est-à-dire une formation de 2 jours avec évaluation.
L’ADPSA et la Chambre d’agriculture proposent des stages de formation d’une journée dès le mois de septembre et réparties sur tout le département, pour permettre à tous les agriculteurs d’effectuer la formation nécessaire au renouvellement de leur Certiphyto.
Comment s’inscrire à une formation de renouvellement ?
Si le primo-certificat a été passé au sein de l’ADPSA, un courrier individuel d’inscription à un stage sera envoyé. Une date sera proposée en prenant en compte la fin de validité du certificat.
Dans le cas où le primo-certificat a été obtenu dans un autre établissement, l’ADPSA pourra également proposer une formation (contact au 05 65 73 77 96). Afin de faciliter les démarches et de répondre au mieux aux besoins, merci de bien vouloir se munir de la carte (ou attestation) Certiphyto lors du contact avec l’ADPSA.
Article ADPSA/ Chambre d’agriculture
30 avril 2020
Maraîchage : une saison favorable malgré tout
La production maraîchère n’est pas en pleine saison de production à cette époque de l’année. «Dans le contexte du confinement, c’est une chance malgré tout», relève Nathalie Raitière, technicienne en productions végétales et maraîchage à l’APABA.
La faible production de fin d’hiver permet donc aux maraîchers d’avoir plus de temps pour s’organiser dans la commercialisation, en plus des travaux de plantations qui démarrent. «Dans un mois, tout sera différent avec l’arrivée des premiers légumes de printemps et l’augmentation du travail sur les plantations. Tout ce qui est produit actuellement est vendu. Les chiffres d’affaires ne sont donc pas différents de ceux de l’année passée à la même époque», indique Nathalie Raitière.
Elle poursuit : «Il y a différents profils chez les maraîchers. Il y a ceux qui faisaient les marchés de plein air et qui doivent vendre désormais par paniers à la ferme, ou drive, avec trois fois plus de travail. Il y a ceux qui vendent traditionnellement dans les magasins de producteurs, avec cette fois, de nouveaux clients suite au confinement, dans un contexte commercial très favorable. Enfin, il y a ceux qui travaillaient avec la restauration collective, cantines, etc, et qui réussissent à écouler leurs productions dans les Biocoop et magasins de producteurs par exemple».
Selon Nathalie Raitière, «les prix sont restés stables dans l’ensemble, malgré le travail supplémentaire des maraîchers. Leurs légumes bio sont même parfois moins chers que les conventionnels vendus en grande surface, comme je l’ai constaté récemment pour des poireaux !».
D.B.
13 février 2020
Systèmes fourragers et changement climatique : retour d’expérience du projet «AP3C»
Le projet de recherche et développement «AP3C» (Adaptation des Pratiques Culturales au Changement Climatique) a été lancé en septembre 2015 avec pour ambition d’obtenir des informations localisées permettant une analyse fine des impacts du changement climatique sur le territoire, en vue d’adapter les systèmes de production du Massif Central et de sensibiliser l’ensemble des acteurs.
Ce projet est animé par le SIDAM avec les compétences des ingénieurs de 11 Chambres départementales d’agriculture (dont l’Aveyron) et de l’Institut de l’élevage. Il s’articule autour de 3 volets : climatique, agronomique et systémique.
Le volet climatique : de 1980 à 2050
Au départ, le projet s’appuie sur l’analyse des données climatiques (pluviométrie, température et Evapo-Transpiration Potentielle) observées jour par jour, de 1980 à 2015, sur une centaine de stations réparties sur le Massif Central. Puis, avec l’aide d’un climatologue et l’utilisation d’un modèle conçu pour être compatible avec les évolutions réellement observées sur la période de recueil des données, et permettant de réaliser jusqu’à 10 000 projections équiprobables pour chaque donnée calculée, des projections ont été réalisées pour chaque paramètre et chaque station jusqu’à l’horizon 2050.
Principales évolutions climatiques attendues d’ici 2050 sur le Massif Central :
- hausse de la température moyenne annuelle comprise entre 0,35 et 0,40°C tous les 10 ans, plus marquée au printemps (jusqu’à 0,55°C/10 ans), avec une forte augmentation du nombre de jours très chauds (> 30°C) au printemps et en été.
- maintien du cumul annuel de précipitation, mais modification dans les saisons avec des cumuls en baisse en hiver et printemps, et en hausse en été et automne.
- augmentation du cumul annuel de l’ETP (Evapo-Transpiration Potentielle) entre 20 et 30 mm tous les 10 ans, surtout marquée au printemps et en été.
- dégradation du bilan hydrique annuel, de 100 mm en 50 ans sur le nord-ouest du massif, jusqu’à -250 mm sur le sud du massif, notamment sur le printemps et l’été.
- augmentation de la fréquence d’apparition des phénomènes rares (fortes précipitations, épisodes de sécheresse et/ou de canicule, gelées tardives…).
Le volet agronomique : Quels impacts sur les cultures ?
A partir des projections climatiques, 30 indicateurs agro-climatiques (IAC) ont été définis par les acteurs du projet et projetés à l’horizon 2050, et ce, pour chaque station climatique. 16 IAC concernent la culture de l’herbe, 5 le maïs, 4 les céréales, 2 les cultures dérobées, 1 la vigne, auxquels s’ajoutent 2 IAC généralistes. Comme pour les projections climatiques, la conception des IAC fait appel à 10 000 projections par indicateur. Ce qui permet de prendre en compte la variabilité interannuelle dans le calcul de chaque indicateur. Ainsi, pour l’évolution de chaque critère on dispose de la moyenne, mais aussi des déciles 1 et 9 (voir graph.1).
Le graphique 1 montre l’évolution de la date repère pour l’ensilage (à 750° de sommes de température cumulée à partir du 1er février) à Salles la Source (580 m).
On passe en moyenne du 16 mai en 1980 au 6 mai en 2015 et au 28 avril en 2050. En 2050, on sera antérieur au 7 mai 9 années sur 10.
Principales pistes d’adaptation pour la conduite des cultures :
- valoriser au maximum l’herbe de printemps, par l’adaptation et l’optimisation du pâturage et des chaînes de récolte.
- valoriser au maximum la diversité des surfaces en prairies, en étant en permanence en capacité de s’adapter à l’évolution des conditions climatiques.
- repenser la place des stocks et des cultures fourragères (maïs, dérobées, méteils) en adaptant les choix variétaux et les modes de conduite.
Le volet systémique : Quels impacts sur l’adaptation des systèmes ?
Cette partie du projet a mobilisé une cinquantaine de conseillers fourrages et ingénieurs des réseaux de référence, ainsi que 130 agriculteurs qui ont participé à 22 réunions sur le thème de l’adaptation de leur exploitation face au changement climatique. Un premier chiffrage économique a été réalisé afin de mesurer l’impact de ces différentes pistes d’adaptation.
Principales conclusions sur les scénarisations d’adaptation :
«Ne rien faire» conduit à une perte de revenu à l’horizon 2050 : l’augmentation de la fréquence des sécheresses conduit à une diminution des rendements fourragers ainsi qu’à une augmentation des besoins en affouragement.
Les pistes d’adaptation se regroupent en 2 grandes thématiques : la première autour de l’animal, par la limitation des besoins du cheptel et/ou une meilleure répartition de ces besoins. La deuxième autour du végétal, par l’amélioration de la production fourragère, par la diversification des assolements, des cultures et de leur mode de conduite.
C’est bien une combinaison de leviers qui va permettre de limiter l’impact de ce changement climatique sur les systèmes fourragers. A l’avenir, l’objectif du projet sera de tester la mise en œuvre de ces pistes d’adaptation.
La dernière phase du projet a débuté cette année et se poursuivra jusqu’à fin 2021. Elle a pour principal objectif de valoriser les résultats et de sensibiliser les différents acteurs agricoles (agriculteurs, conseillers, responsables professionnels), à l’impact du changement climatique. En Aveyron, ces données sont régulièrement diffusées dans le cadre de rencontres ou de formations qui permettent d’échanger sur les différentes pistes d’adaptation à mettre en œuvre.
Benoit Delmas
Chambre d’Agriculture de l’aveyron
Source du poster de présentation du projet AP3C
05 décembre 2019
Grandes cultures bio : céréales et bonnes valorisations
Laurent Gannac, 52 ans, est installé depuis 1990 en individuel à Drulhe, sur une exploitation bovins viande et céréales convertie en AB depuis trois ans.
Cet adhérent de l’APABA est à la tête d’un cheptel d’une trentaine de vaches Limousines sur une SAU de 50 ha. Il vend ses génisses pour la reprod en partie et ses mâles partent en Italie pour la repousse. «Je vends aussi quelques colis de viande...», confie-t-il sans enthousiasme. Car Laurent Gannac «s’éclate» surtout dans le métier avec ses céréales bio qui concernent la moitié de sa SAU, et représentent le tiers de son revenu.
Il cultive 5 ha de maïs, 7 ha de blé, 5 ha de soja, 2,5 ha de tournesol, 5 ha de mélanges de céréales (orge, petits pois...), 2 ha de pommes de terre, 1 ha de potimarrons.., le reste de la surface regroupe les prairies naturelles et de luzerne. «Toutes mes céréales sont commercialisées en vente directe», explique Laurent Gannac, «sauf le soja, le tournesol et le blé vendus à RAGT». Il a diversifié ses cultures bio cette année avec le potimarron, mais aussi la courge butternut et des lentilles qu’il vend à des collectivités (cantines) et un grossiste.
Pour lui, cultiver des céréales bio est stimulant : «tout est positif. Il y a encore des marges de progrès technique et commercial possibles. La culture bio est très exigeante en agronomie. La valorisation est au rendez-vous, avec un blé meunier vendu actuellement 420 euros/tonne (150 euros en conventionnel), ou le soja commercialisé à RAGT à 650 euros/tonne (280 euros en conventionnel). Les oléagineux et les oléoprotéagineux bio sont les cultures de demain. Le seule condition, c’est l’eau».
Laurent Gannac irrigue ses cultures en juillet et août, grâce à une retenue collinaire personnelle de 20 000 m3, créée en 1970 par son père. «Irriguer en été, c’est du travail un jour sur deux». Laurent Gannac conclut : «mon système a toujours été autonome. Le bio a été un choix éthique mais aussi économique. J’avais fait une première tentative de conversion bio dans les années 1990, sans succès. Aujourd’hui, la valorisation du travail est correct. Je suis libre chaque week-end. Et je commence à préparer l’installation de mon fils de 22 ans sur la ferme».
D.B.
05 septembre 2019
Franck Baechler, agriculteur dans le Loir et Cher : «l’expérimentation est permanente»
Franck Baechler est l’invité de la journée mécanisation organisée par la FD CUMA, jeudi 19 septembre à Buzeins. Spécialiste de l’agriculture de conservation des sols, il apportera son expertise en la matière tout au long de la journée. Rencontre.
Comment êtes-vous venu à l’agriculture de conservation ?
F. Baechler : «Jusqu’à mon installation fin 2015, j’étais conseiller à la Chambre d’agriculture du Loir et Cher, je sensibilisais les agriculteurs à la qualité de leurs sols, à leur évolution voire leur dégradation. J’avais créé un groupe spécifique en lien avec le sol, le semis direct et ensemble, nous avons réfléchi à des pistes pour monter en gamme dans la fertilisation des sols. Le fait de remettre au pâturage des animaux dans une région de grandes cultures comme la Beauce nous a semblé un bon test.
Un voyage aux Etats-Unis a permis de conforter mes préconisations mais il me semblait encore plus pertinent de les appliquer en m’installant comme agriculteur. J’ai créé une société de conseils en semis direct et parallèlement j’ai acheté quelques vaches afin de démarrer une expérimentation sur la ferme d’un voisin qui avait essayé le semis direct, lorsque j’étais son conseiller agricole. Ensemble nous avons remis les sols en prairies et diversifié l’assolement. Un peu plus tard, une ferme voisine s’est libérée et j’ai pu démarrer ma propre activité agricole.
Quelles sont vos pratiques ?
F. Baechler : Nous sommes encore en phase de transition en agriculture de conservation. Nous avons mis au pâturage quelques vaches et des brebis pour diversifier la gestion du pâturage et le pâturage des couverts. Nous avançons progressivement à partir de nos expériences respectives. Nous regardons ce qui fonctionne et adaptons nos pratiques pour progresser. C’est important de chercher les raisons d’une réussite mais aussi d’un échec pour pouvoir avancer.
Et je profite aussi du partage d’expériences auprès d’autres agriculteurs via les formations de groupe ou individuelles que je propose en plus de mon activité agricole.
Comment appréhendez-vous l’agriculture de conservation ?
F. Baechler : Les notions globales sont immuables néanmoins nous avons eu la preuve que la réintroduction du pâturage a été bénéfique pour nos sols : nous utilisons les animaux comme nous utiliserions un matériel ! Personnellement, sur ma ferme, je suis en 100% élevage plein air avec très peu d’investissement matériel, je ne possède pas de tracteur !
Et en Aveyron ?
F. Baechler : L’agriculture de conservation s’adapte partout. En Aveyron, il y a tous les outils pour bien faire puisque la majorité des systèmes sont basés sur l’herbe et le pâturage. Cependant quand un système est pré-établi de travail du sol, il est difficile d’en sortir, on doit générer du chiffre d’affaires pour amortir le matériel. La clé est d’être le plus autonome possible.
Je pense de ce fait que les CUMA ont un bel avenir dans ce contexte : elles sont un outil très intéressant permettant aux agriculteurs de diminuer le coût du matériel. Cette «culture CUMA» bien présente en Aveyron, doit être préservée, c’est une chance pour diluer les charges de mécanisation, voire pour complètement déléguer le travail.
Quel regard portez-vous sur l’agriculture aveyronnaise et particulièrement sur le développement de l’agriculture de conservation ?
F. Baechler : Vous avez une fer de lance en la personne de Sarah Singla. Elle a acquis une grande expérience sur l’agriculture de conservation. Et l’association Clé de sol réunit un certain nombre d’agriculteurs convaincus qui partagent leur expérience et organisent plusieurs rencontres. De plus en plus d’agriculteurs s’interrogent, c’est bien !
L’une des problématiques soulevées par l’agriculture de conservation est l’utilisation du glyphosate. Quel est votre avis ?
F. Baechler : La question des produits alternatifs est délicate surtout si finalement on augmente l’utilisation des grammes par ha ! Le glyphosate reste un outil, ce n’est pas tant le produit qui pose problème mais son utilisation : il doit être utilisé à bon escient et pas n’importe comment ! Nous attendons la législation à venir, charge à nous de dire que nous sommes capables de régénérer nos sols en agriculture de conservation.
La production de biomasse par les animaux est un outil pour valoriser les sols. L’animal est un allié formidable, il est un maillon essentiel avec le sol, un élément majeur dans l’agriculture de conservation des sols. Un département comme l’Aveyron, où l’élevage est dominant, a donc de belles cartes à jouer dans la préservation des sols. C’est ce que nous essaierons de démontrer lors de la journée mécanisation de la FD CUMA le 19 septembre à Buzeins».
Receuillis par Eva DZ
Cette journée bénéficie du soutien financier de l’Agence de l’Eau Adour Garonne, de la région Occitanie et du FEADER.
15 aout 2019
Semis direct et couverts végétaux à Anglars St-Félix : des éleveurs bien dans leurs bottes !
Philippe Chabbert, éleveur ovins lait sur le Rignacois, pratique l’agriculture de conservation des sols depuis de nombreuses années, il a «converti» son associé Bertrand Rey, lorsqu’ils ont réuni leurs deux exploitations au sein du GAEC de la Draille !
Il y a plusieurs années, Philippe Chabbert a participé à une réunion animée par Konrad Schreiber avec l’association Clé de Sol au lycée La Roque, sur l’agriculture de conservation des sols, il en est ressorti convaincu : «C’est ce qu’il faut faire !». «Je me posais depuis quelques temps des questions sur la dégradation de mes sols, je labourais mes parcelles deux fois pas an, je pratiquais même une double culture, sur les champs irrigués, et je commençais à rencontrer de gros problèmes d’érosion», détaille Philippe. Il se souvient d’un orage une année en septembre où 2000 à 3000 m3 de terres sont partis dans l’étang à 500 m de là ! «Je me suis dit stop !», se souvient Philippe qui avait d’ailleurs de plus en plus de difficultés à travailler des sols de plus en plus compactés, avec des rendements plafonnés... Philippe était alors installé en individuel sur un élevage de brebis laitières. «Le plus compliqué c’est d’être convaincu !», explique son associé, Bertrand Rey. Quand ils ont réuni leurs deux fermes et leurs deux troupeaux de brebis laitières livrant à Tempé lait, Bertrand n’était pas vraiment convaincu par le semis direct et les couverts végétaux que Philippe avait mis en place sur son exploitation... «Mais j’ai vu quelques vidéos, participé à des réunions d’infos, échangé avec d’autres agriculteurs qui avaient ce type de pratiques et je m’y suis mis !».
«Nous avons commencé par le plus facile, les couverts d’été», explique Philippe, «parce que même si ça ne marche pas comme on ne faisait rien à cette période là, ça ne change rien pour nous ! Par contre ça permet de faire pâturer les brebis à la période sèche. Nous semons en mai et nous faisons pâturer les couverts l’été là où le lait est le mieux valorisé». Les semis couverts restituent tout ce dont les sols ont besoin et permettent de préparer la suite... Les deux agriculteurs alertent tout de même sur le risque de montée en graines de certaines plantes.
Un groupe de 7 agriculteurs en CUMA s’est constitué à Roussennac pour acheter un semoir pour le semis direct : à partir de là, Philippe et Bertrand ont pu mettre en place plus facilement leurs rotations de culture. «Il ne faut pas hésiter à tester, et ne pas avoir peur de l’échec, il faut simplement chercher les raisons de l’échec pour corriger, c’est ainsi que l’on avance», encourage Philippe, «parce que toutes les années ne se ressemblent pas, la météo étant la variable d’ajustement».
"Etre encore plus performants"
Les prairies de légumineuses sont aussi simples à mettre en place : elles apportent les protéines très bien valorisées par les brebis et enrichissent le sol avec des reliquats azotés pour les cultures suivantes. Par contre les prairies de graminées sont plus complexes, selon Philippe et Bertrand. Ils réalisent régulièrement des analyses de sol pour voir l’impact de leurs pratiques : les taux de matières organiques progressent, les parcelles sont plus faciles d’accès, la terre est franche, plus limoneuse..., la ration gagne en qualité grâce aux couverts d’hiver... Et les agriculteurs ont gagné du temps dans le travail : «nous ne cassons plus de cailloux !». Ils sèment 30 ha en 2 jours avec 200 litres de gazole et consacrent une journée au désherbage sauf pour le maïs qu’ils récoltent en épi donc pas de déherbage.
«Notre objectif est de continuer à diminuer le poste herbicide et fongicide. Nous constatons le retour d’un certain nombre de plantes (brome sauvage, vulpin...) dont nous nous sortons avec les rotations. Le temps gagné à travailler le sol, on le prend à observer le sol, à veiller aux prédateurs comme les mulots attirés par les vers de terre !», souligne Philippe. Quasiment la totalité des 100 ha de SAU ont été semés en semis direct l’année dernière : «400 kg de carbone sont stockés dans les parcelles en semis direct quand on sait qu’un Français en rejette 12 tonnes par an... ça donne à réfléchir».
«Notre objectif est d’être encore plus performants, de travailler moins le sol... et de continuer à expérimenter notamment sur le maïs», soulignent les deux agriculteurs, pour l’instant peu convaincus par le Strip till qu’ils ont acheté. «Nous réfléchissons à l’achat d’un semoir mono graine adapté pour le maïs... peut-être en CUMA».
Et sur la question du glyphosate, Philippe et Bertrand savent que ce sera compliqué de continuer l’agriculture de conservation sans lui. «Ce que l’on observe dans nos parcelles, c’est le retour d’une flore (et donc des abeilles) et d’une faune que l’on ne voyait plus, une érosion contenue, un fourrage avec un maximum de protéines bien valorisées par nos brebis... Pour exemple derrière des méteils, nous avons semé des couverts en trèfle sur une parcelle qui a été pâturée 7 fois ! Et nous a permis de produire 6 000 litres de lait ! Sans la travailler...». Un exemple parmi d’autres qui seront à découvrir le 19 septembre à Buzeins.
Eva DZ
27 juin 2019
Concours des Pratiques Agro-écologiques Prairies et Parcours : succès de l’édition sur le Lévézou
Jeudi 13 juin s’est tenu sur le Lévezou le Concours Général Agricole, catégorie Pratiques Agro-écologiques Prairies et Parcours, anciennement appelé «Concours des prairies fleuries».
Ce concours, représenté sur plusieurs dizaines de territoires par an en France, était organisé en Aveyron, sur les zones humides par la Cellule d’Assistance Technique aux Zones Humides (CATZH) de l’Aveyron, portée par l’Adasea.d’Oc. Cette session se déroulait sur la partie Ouest du Lévezou qui possède de nombreuses prairies humides d’intérêt. Les communes retenues sont Pont-de-Salars, Canet-de-Salars, Arvieu, Curan et Salles-Curan, dans les catégories fauche et/ou pâturage.
Le concours vise à mettre en avant les prairies pour leurs multiples intérêts : fourrage, paysage et biodiversité. Les prairies récompensées sont celles qui présentent le meilleur équilibre entre les propriétés agro-écologiques de la parcelle et l’usage qui en est fait. Sur le territoire du Lévézou, le concours a été mis sur pied avec l’idée de valoriser les inventaires de zones humides mais également leur gestion par les agriculteurs puisque les parcelles qui concouraient sont prises en compte dans la gestion des exploitations.
Cinq éleveurs participants
Très concrètement les participants sont des éleveurs qui possèdent des parcelles sur lesquelles sont présentes des zones humides. Cinq éleveurs ont proposé une ou plusieurs parcelles qui ont été pré-évaluées par un passage des représentants de la CATZH. Les parcelles retenues pour le concours ont été évaluées le 13 juin lors du passage du jury qui s’est basé sur une méthode d’observation de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA).
Les parcelles sont jugées sur différents critères : l’aspect agronomique de la parcelle au travers de la fonctionnalité agricole, la productivité, la valeur alimentaire et la souplesse d’exploitation ; l’aspect écologique en prenant en compte la diversité végétale, les fonctionnalités écologiques et la valeur apicole. Enfin les parcelles sont également jugées sur leur valeur paysagère et patrimoniale.
Un jury d’experts
L’évaluation de tous ces critères est fait par un jury d’experts ; ce dernier était constitué de Mireille Lafouge, conseillère en agronomie de la Chambre d’agriculture Aveyron, pour l’évaluation sous l’angle agronomie et fourrage, de Francis Kessler, chargé d’études botaniques et végétation au Conservatoire Botanique National des Pyrénées et de Midi-Pyrénées (CBNPMP), pour évaluer la biodiversité présente sur la zone humide, et de Gérard Briane, du laboratoire de recherche GEODE et maître de conférence à l’Université Toulouse Jean Jaurès, pour contrôler l’intérêt apicole des parcelles. Faisaient également partie du jury Marie-Dominique Albinet, chargée d’études environnement et pédagogie, du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de l’Aveyron (CAUE), ainsi que Clément Decaux, technicien milieux naturels, du Syndicat Mixte du Bassin Versant du Viaur (SMBVV).
A la fin de la visite de chaque parcelle, un échange particulièrement enrichissant a lieu entre les membres du jury qui apportent un œil d’expert sur la gestion, la composition, les qualités… de la parcelle, et l’exploitant qui donne sa vison de la parcelle, son historique mais également des attentes et des conseils de gestion. Très souvent lors de leurs analyses, les experts apportent un début de solution quant aux problématiques rencontrées par l’éleveur sur les zones humides (amélioration du rendement, développement de certaines espèces plus appétentes…).
Les lauréats connus dans l’été
A l’issue du concours, un premier prix agro-écologique ainsi que des distinctions pour l’intérêt apicole, agronomique et biodiversité seront distribués aux participants. Le grand gagnant et la prairie présentant le meilleur équilibre agro-écologique seront connus dans le courant de l’été lors d’un évènement départemental.
La prairie qui remportera le premier prix sur le territoire du Lévézou sera à nouveau en lice à Paris, et sera confrontée aux lauréats des autres territoires, lors de la 128ème édition du Concours général agricole qui aura lieu du 22 février au 1er mars 2020, Porte de Versailles.
Les encadrants CATZH du concours à l’Adasea, Emmanuel Gilhodes, chargé de mission écologie et environnement, et Théo Sincholle, stagiaire en environnement, sont ravis de ce qu’a apporté le concours en termes de valorisation de ces prairies et du travail des éleveurs. C’est également une autre manière de mieux faire connaître ces questions et de s’en saisir.
Cet événement à succès a vocation à perdurer et sera de nouveau proposé en 2020 sur un autre secteur du département.
Article Adasea.d’Oc
31 janvier 2019
CFPPA La Cazotte : une formation permaculture en place
Le Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricole (CFPPA) de La Cazotte, à St-Affrique, proposera en mars une formation sur la permaculture. Une première en France pour un établissement public, selon lui.
Une formation sur la permaculture d’une durée de 400 heures va débuter au CFPPA de La Cazotte le 6 mars et se terminera début juillet. Elle rassemblera dix personnes, dont six sont déjà inscrites (1). «L’idée est née il y a environ trois ans», explique Gérard Parisot, directeur du campus de La Cazotte et proviseur du lycée agricole du même nom. «Avec Elie James, maraîcher bio et formateur au CFPPA nous avons décidé de proposer une offre de formation dans le prolongement de celles lancées en agriculture biologique depuis plus de 20 ans à La Cazotte en partenariat alors avec la Chambre d’agriculture. Sur les 240 ha de parcelles agricoles du lycée, 120 ha sont aujourd’hui cultivées en bio». Bénédicte Rigal, directrice du CFPPA complète : «nous avions déjà des demandes émanant d’adultes favorables à ce type de formation sur la permaculture».
Culture permanente
La permaculture, est-ce différent du bio ? «Le bio, c’est produire plus propre avec un cahier des charges», répond Elie James, également maraîcher bio à St-Affrique avec sa compagne. «La permaculture, c’est produire propre, sans cahier des charges, en phase avec l’écologie naturelle, sans le travail du sol, avec de l’eau de pluie au maximum, en utilisant les haies, les buttes, les mares, et vendre ses productions en circuit court». Permaculture signifie en effet culture permanente et couverture végétale des sols, avec des espèces mélangées parfois. L’inspirateur de cette pratique serait un Japonais, Fukuoak (1913-2008). Deux Australiens ont théorisé la permaculture dans les années 1970, portée par une éthique et des principes de durabilité, d’autonomie, de moindre dépendance aux systèmes dits industriels.
«Le summum de l’agro-écologie»
«Un projet permacole est aussi une façon de se positionner soi-même dans l’environnement», résume encore Elie James. Pour Gérard Parisot, «il est également possible d’évoquer le travail de Pierre Rabhi, fondateur du mouvement Colibris, dans cette démarche pouvant apparaître comme le summum de l’agro-écologie». Selon Elie James, «la permaculture optimise au maximum les rendements, même sur de petites surfaces, avec un résultat hyper-intensif. Le revenu dégagé d’une surface de 6 000 m2 en permaculture peut représenter le revenu issu de 10 000 m2 d’une surface en agriculture biologique. A partir de 3 ans, il est possible de se passer de toute intervention mécanique avec la permaculture».
Formation qualifiante
«Cette formation qualifiante du CFPPA La Cazotte est la seule proposée en France par une structure publique», indiquent Bénédicte Rigal et Gérard Parisot. «L’objectif est qu’elle soit diplômante et reconnue dans l’avenir par le ministère de l’agriculture. Pour La Cazotte, il était nécessaire de proposer une formation encadrée et normée afin de faire connaître et développer la permaculture».
La formation est ouverte à toutes et tous, sans prérequis. La durée moyenne de la formation est de 600 heures au total, soit 400 heures au CFPPA et 200 heures de stage pratique en entreprise. Elle est financée cette année par la Région Occitanie, ou Pôle Emploi pour les demandeurs d’emploi, et Vivéa, Fafsea, le Compte personnel de formation...
D.B.
(1) Renseignements au 05 65 98 10 35. Ou par mail : cfppa.st-affrique@educagri.fr
24 janvier 2019
Agriculture de conservation et de régénération des sols : un documentaire pour sensibiliser
Jeudi 24 janvier en soirée au cinéma de Rodez, l’association Clé de sol organisait la projection, en avant-première, d’un documentaire sur l’agriculture de conservation et de régénération des sols, «Bienvenue les vers de terre» réalisé par François Stuck. L’occasion de vulgariser cette pratique auprès du grand public.
«Bienvenue les vers de terre» est le fruit d’une rencontre entre François Stuck, producteur réalisateur du Lot et Sarah Singla, agricultrice sur le Lévézou et présidente de l’association Clé de sol. Ce documentaire donne la parole à une dizaine d’agriculteurs d’Aveyron, du Lot, de Côte d’Or et du Berry, qui pratiquent et travaillent au développement de l’agriculture de conservation et de régénération des sols.
«Pas besoin de faire le tour du monde pour réaliser ce documentaire ! En Aveyron nombre d’agriculteurs ont déjà mis en place un certain nombre de pratiques culturales représentatives et emblématiques de l’agriculture de conservation des sols», a introduit François Stuck, qui a conçu et réalisé le documentaire de A à Z. Une démarche à l’initiative de Sarah Singla. «Lorsque j’ai repris la ferme de mon grand-père en 2010, j’ai bénéficié de son travail engagé depuis 1980 dans l’agriculture de conservation. Nous ne sommes donc pas dans l’utopie mais dans un système agricole cohérent, pertinent car il produit du résultat», argumente l’agricultrice.
Régénérer les sols plutôt que les épuiser
L’agriculture de conservation et de régénération des sols repose sur trois principes : la perturbation minimale du sol par les outils métalliques, la couverture végétale permanente des sols et la rotation des cultures. «C’est possible partout, sur tout type de sols, dans toutes les productions, quel que soit le climat», poursuit Sarah Singla. «Une agriculture régénératrice des sols, de l’environnement et même pour les agriculteurs !», ajoute l’agricultrice qui met en avant son expérience personnelle : «en limitant le travail du sol, le recours aux énergies fossiles est largement diminué notamment en gazole. En favorisant la couverture végétale permanente du sol, la biodiversité est préservée et on stocke davantage de carbone : il y a des fleurs partout et un voisin apiculteur dépose six ruches chaque année près de mes champs. Enfin je ne passe pas des heures sur mon tracteur, j’ai plus de temps pour moi, ma famille...».
«Avec l’agriculture de conservation des sols, j’ai remis l’agronomie au centre de mon exploitation», souligne l’un des agriculteurs témoins dans le documentaire. Comme un symbole, il descend de son tracteur pour regarder sa terre et comprendre le fonctionnement de son sol : «nous revenons aux fondamentaux : considérer le sol comme un monde vivant devenu l’allié de l’agriculteur».
François Stuck les rappelle : «dans quelle société veut-on vivre demain ? Quelle terre cultivable veut-on transmettre aux générations futures ?». Et Sarah Singla de répondre : «Avec ces pratiques, nous produisons pour nourrir les populations et nous protégeons contre l’érosion, nous préservons la qualité de l’eau, la biodiversité... nous captons le meilleur de la nature».
A travers la diffusion de ce documentaire (plusieurs dates sont programmées partout en France), l’association Clé de sol et l’association IDEtorial qui s’est chargée de la production, entendent renouer un dialogue entre les agriculteurs et les consommateurs. «Notre ambition est que chaque projection soit suivie d’un débat avec des agriculteurs pour expliquer nos pratiques», avancent Sarah Singla et François Stuck. Les deux associations mettent à disposition leur documentaire auprès des établissements d’enseignement agricole comme support pédagogique ainsi qu’auprès des organisations professionnelles agricoles, là aussi pour sensibiliser à ce type de pratiques culturales. L’avant-première s’est déroulée jeudi 24 janvier au cinéma CGR à Rodez, «un lieu idéal, de diffusion de la culture, pour une projection de qualité».
Eva DZ
Il est possible de participer à la diffusion du documentaire en organisant une projection débat. Pour toutes informations : stuck@idetorial.fr
27 décembre 2018
Sécheresse 2018 : première mission d’enquête sur le nord Aveyron et la vallée du Lot
La première mission d’enquête concernant la sécheresse qui a touché nombre d’exploitations dans le département, depuis le mois de juin, s’est déroulée mercredi 19 décembre. Cinq exploitations du Nord Aveyron et de la Vallée du Lot ont reçu les représentants de la DDT afin d’apporter des arguments au dossier de demande de reconnaissance au titre des calamités agricoles.
C’est une journée marathon à laquelle ont participé les représentants de la DDT le 19 décembre. Les responsables professionnels de la FDSEA et des JA les ont accompagnés sur cinq exploitations du nord Aveyron et de la Vallée du Lot afin de leur apporter des éléments chiffrés qui permettront d’étayer le dossier de demande de reconnaissance au titre des calamités agricoles.
Cinq exploitations visitées
A Saint Geniez d’Olt et d’Aubrac (Aurelle Verlac), à Laguiole, à Argences en Aubrac, à Taussac puis à Coubisou, les représentants de la DDT sont allés à la rencontre des agriculteurs, représentatifs d’une zone particulièrement touchée par la sécheresse. Sur chaque exploitation, le nombre d’agriculteurs était important, preuve de l’impact de cet aléa climatique.
Chaque agriculteur a présenté son bilan fourrager. Les taux de perte sur récolte recueillis vont bien au-delà des 40% et dépassent même les 50% si l’affourragement de l’été et de l’automne est pris en considération (pour l’heure, la réglementation ne l’intègre pas). Pour rappel, pour être éligible aux calamités agricoles, le taux de pertes de la commune doit être supérieur ou égal à 30% et, individuellement, le montant des pertes doit représenter plus de 13% du produit global de l’exploitation.
Parallèlement, les agriculteurs ont remis aux représentants de la DDT, les bilans fourragers recueillis sur une dizaine d’exploitations du nord Aveyron et de la vallée du Lot afin d’étayer leurs chiffres.
Les responsables professionnels en particulier, Valérie Imbert, secrétaire générale FDSEA et Patrice Falip, secrétaire général adjoint FDSEA, se sont également appuyés sur les informations recueillies par ISOP, outil de mesure de la pousse de l’herbe. Lui aussi, sur la zone concernée, met en avant un taux de pertes de récolte, dépassant les 30%.
Une sécheresse historique
Enfin, les données météo confirment que le nord Aveyron et la vallée du Lot ont subi une sécheresse sévère, qui n’a pas été vue depuis 10 ans, voire 25 ans sur certaines communes !
Nombre d’agriculteurs ont également sensibilisé les représentants de la DDT aux conséquences de la sécheresse. Cette dernière les oblige en effet à acheter des fourrages pour pouvoir nourrir leurs animaux cet hiver, les pâtures n’ayant pas fourni assez d’herbe cet été et cet automne et les stocks étant déjà bien entamés...
Tous les ingrédients, bilans fourragers dépassant les 40% de perte de récolte, données ISOP et données météo, semblent donc réunis pour constituer un dossier solide avec l’administration. Les responsables professionnels, FDSEA - JA - Chambre d’agriculture vont continuer à travailler de concert avec la DDT sur ce dossier, afin d’obtenir une reconnaissance du caractère de calamités agricoles.
Une deuxième mission d’enquête prévue dans l’ouest Aveyron
Par ailleurs, une deuxième mission d’enquête devrait être organisée début janvier sur l’ouest du département. Là aussi, les chiffres relevés de pertes de récolte viendront étayer le dossier. Un dossier, qui une fois finalisé, sera transmis au plus tôt au comité national de gestion des risques en agriculture (CNGRA).
Eva DZ source FDSEA
13 décembre 2018
Ecophyto : une prairie multi-espèces pour une production fourragère sans herbicides
Issues du semis d’un mélange de graminées, légumineuses et autres fourragères vivaces, les prairies multi-espèces assurent une couverture du sol importante et une production fourragère équilibrée en énergie et matière azotée. Leur durée de vie est généralement plus longue que celle des prairies de graminées ou de légumineuses seules, et leur couverture du sol permet de supprimer l’emploi des herbicides. Le groupe Dephy Ecophyto polyculture-élevage avec le cas concret d’une prairie complexe intégrée dans une exploitation bovin lait du Ségala.
Exploitant à La Fouillade, Dominique Rigal produit du lait de vache en agriculture biologique, sur une surface de 88 ha, dont 65 ha en prairies naturelles et temporaires.
Un élevage biologique en autonomie alimentaire complète
Un chargement modéré de 0,9 UGB/ha SFP permet à l’éleveur d’avoir une autonomie alimentaire complète, tant pour les fourrages que pour le concentré. La ration d’hiver composée à parts égales d’ensilage de maïs et d’ensilage d’herbe, est complémentée en foin. Le concentré distribué provient de cultures d’orge et de mélanges de céréales : la consommation annuelle est de
1 tonne par vache et par an, pour une production moyenne de 7 000 litres de lait.
Pour l’autonomie en protéines, Dominique Rigal a mis en place des prairies d’association graminées-légumineuses. Du trèfle blanc, cultivé en association avec du colza et pâturé en été après la récolte du colza, est également intégré dans la rotation : c’est une autre façon de contribuer à l’autonomie protéique.
Une diminution des surfaces en maïs ensilage compensée par l’augmentation des hectares de prairie a permis d’atteindre l’autonomie alimentaire.
Prairies multi-espèces, des objectifs à bien définir avant le semis
En agriculture biologique, les contraintes de production végétale sont plus importantes qu’en conventionnel, notamment pour la maîtrise des adventices. Sans recours possible aux désherbants, il faut être «plus malin que la nature» et occuper le sol avant qu’elle ne le fasse. Cette règle, simple en apparence, est en réalité très complexe à mettre en œuvre, car la capacité d’une prairie à résister aux adventices doit se conjuguer avec d’autres objectifs, comme une bonne production quantitative et qualitative, ou une pérennité suffisante. Il est donc primordial de bien fixer les objectifs prioritaires que l’on donne à la parcelle avant de choisir les espèces à semer.
En vue de tester une prairie à flore complexe chez Dominique Rigal, le choix du lieu s’est porté sur une parcelle proche des bâtiments d’élevage et destinée exclusivement au pâturage.
Une prairie multi-espèces peut être composée de plus de 15 espèces différentes, à choisir suivant leurs particularités propres et leur capacité à coexister dans le temps, ou, au contraire, à se développer de manière échelonnée, ce qui contribue à augmenter la durée de vie de la prairie.
Pour cet essai, trois objectifs principaux étaient recherchés :
- empêcher les adventices de s’installer et conserver un bon état de propreté du sol sur le long terme,
- avoir une prairie adaptée au pâturage,
- augmenter le temps de récolte annuel afin de laisser les animaux le plus longtemps possible au pâturage.
Le choix des espèces s’est fait avec l’aide du logiciel CAPFLOR(R). Cet outil informatique développé par l’INRA détermine les plantes les plus appropriées à partir des objectifs fixés et en comparant les caractéristiques agronomiques de chaque espèce répertoriée dans sa base de données.
Une prairie complexe évoluant dans le temps
Le logiciel CAPFLOR(R) a préconisé pour cet essai une prairie à flore variée très diversifiée (voir tableau). Le semis a été réalisé fin septembre 2017, après destruction mécanique de la prairie précédente. L’éleveur a apporté 20 m3 de lisier par ha, et prévoit un épandage de 800 kg de chaux, un an sur deux. Après une année d’utilisation, un apport de 10 T/ha de fumier de bovin composté sera également effectué.
• Une exploitation en pâturage tournant dynamique
Sur les 4 ha de la parcelle, un pâturage tournant dynamique a été organisé, avec 9 parcs délimités au fil de clôture électrique, pour un tour de pâturage de 18 jours maximum.
La première sortie des vaches a eu lieu fin février, et la dernière fin juin. Un «épointage» (pâturage rapide) a été réalisé fin août, et un pâturage d’automne est pratiqué tant que le sol porte et que les plantes poussent.
• Comportement de la flore de la prairie : points marquants
Le suivi de la parcelle montre plusieurs caractéristiques d’évolution :
- le salissement semble bien maîtrisé par le pâturage dynamique,
- la chicorée doit être pâturée régulièrement, afin d’éviter une montée en graines et un envahissement de la parcelle, cette vivace ayant une forte capacité à coloniser l’espace,
- certaines espèces se développent peu, ou même disparaissent dès la fin de la première année. On constate donc une évolution importante de la composition floristique de la parcelle après une année d’exploitation (voir tableau).
Cependant, ces observations ne doivent pas faire penser que le semis et l’implantation de la culture sont ratés. Ces transformations font partie d’un développement normal de ce type de prairie. Certaines espèces produisent très bien la première année, puis s’estompent pour laisser la place à d’autres plantes qui occupent le terrain à leur tour. De cette façon, les adventices ne peuvent pas germer ni se développer et les différentes espèces composant la prairie se relaient pour assurer une production continue sur le long terme.
Enfin, Dominique Rigal n’a pas observé de retombées négatives sur la production laitière. Ses vaches semblent apprécier ce type de pâture et laissent très peu de refus.
Ce qu’il faut retenir
Bien implantée et bien utilisée, une prairie à flore variée permet de se passer des herbicides dès le semis et tout au long de sa vie.
La composition d’une prairie à flore variée peut répondre à d’innombrables combinaisons et possibilités de dosage de la semence pour chaque espèce choisie. Néanmoins, la réussite d’une prairie de ce type ne réside pas dans la complexité de son mélange, mais dans le choix judicieux des espèces constitutives : celui-ci doit impérativement tenir compte d’une part des objectifs de l’agriculteur, et d’autre part de l’adaptation des espèces retenues au contexte pédo-climatique de la parcelle à implanter.
Jean-François Levrat, ingénieur réseau Ecophyto, Chambre d’agriculture
08 novembre 2018
Démonstration CUMA-Chambre d’agriculture : collecte de betterave fourragère réussie à Druelle
La démonstration de récolte de betterave fourragère organisée mardi 6 novembre à Druelle par la FD CUMA, avec la participation de la Chambre d’agriculture, a rencontré le succès.
La CUMA départementale Energies Innovations a assuré la démonstration avec son nouveau et premier combiné effeuilleuse-arracheuse-chargeuse, en partenariat avec la CUMA de Baraqueville. La récolte de betterave fourragère semée en avril a eu lieu sur une parcelle de 4 ha appartenant au GAEC Brast-Savy, à Druelle. Il compte 140 vaches laitières de races Brune et Prim’Holstein, avec une SAU de 200 ha, dont 4 ha de betterave fourrage cette année, pour la première fois.
«Notre parcelle a été semée le 15 avril», explique Gilles Brast. «Nous sommes sur un rendement de 70 tonnes brut environ, avec 14 tonnes de matière sèche. Cette récolte de fourrage sera distribuée à nos vaches durant environ six mois». A noter que la sécheresse estivale a quelque peu ralenti la pousse de cette racine. «Fin août, elle était comme morte, alors qu’elle était seulement en sommeil», indique Gilles Brast. «Elle est repartie avec les pluies de début octobre, car nous n’avons pas arrosé la parcelle».
Gilles Brast qui est aussi l’un des éleveurs du groupe betteraves fourragère, animé par la FD CUMA et la Chambre d’agriculture, cite un autre exemple. «Nous avons un collègue éleveur installé en agriculture biologique à Vabre-Tizac qui a semé 2 ha de betterave fourragère. Il a arrosé sa parcelle cet été. Son rendement est autour de 100 tonnes brut. C’est donc un bon résultat !».
Un groupe constitué
Rappelons que la FD CUMA et la Chambre d’agriculture avaient déjà organisé une rencontre «coin de champ» sur la culture de betterave fourragère en juillet, à Rignac puis à Druelle. Un groupe d’agriculteurs intéressés par la culture de la betterave fourragère avait été constitué en Aveyron l’an dernier par la FD CUMA et la Chambre d’agriculture, avec sa mission agronomie et son pôle de formation de Bernussou, animé notamment par Patrick Couderc. Il rassemble une quinzaine d’éleveurs bovins lait et ovins lait, dont sept sont installés en agriculture biologique.
Au printemps, pour la première année, des agriculteurs avaient implanté une parcelle de betterave fourragère sur leur exploitation (entre 1 et 4 ha). Un point avait ainsi été fait sur une parcelle bio du GAEC des Belles Vaches à Rignac, avec l’un des associés, Christian Marty, puis sur une autre parcelle conventionnelle à Druelle, au GAEC Brast-Savy, avec Gilles Brast, là où s’est déroulée la démonstration de collecte ce mardi 6 novembre.
D.B.
27 septembre 2018
«Mes terres, mes bêtes, mon sol» au lycée La Cazotte : expérimenter et échanger
Environ 300 personnes ont participé à la matinée organisée par le Comité de Développement Agricole du Sud-Aveyron (CDASA) et le lycée La Cazotte, jeudi 20 septembre, intitulée «Mes terres, mes bêtes, mon sol» à St-Affrique, avec en toile de fond, l’agriculture de conservation des sols et l’agro-écologie.
La matinée était programmée dans le cadre du Partenariat européen pour l’innovation (PEI) et le DIAL (Dispositif d’innovations agro-écologiques locales), en lien avec le Parc naturel régional des Grands Causses, du service Elevage de la Confédération générale de Roquefort, de l’UNOTEC, de l’INRA, de l’AVEM, de la Chambre d’agriculture (CDASA) et du lycée La Cazotte. Des éleveurs du sud-Aveyron étaient présents, ainsi qu’une centaine d’élèves du lycée La Cazotte, Bac pro, BTS, BPREA et licences, déjà impliqués dans les essais mis en place sur les parcelles du lycée en avril dernier. «Depuis plus de quatre ans, notre établissement conforte son enseignement sur le sol, la phytotechnie, l’agronomie», explique Gérard Parisot, proviseur de La Cazotte. «L’objectif est de favoriser des pratiques utilisant moins de produits phyto, sans opposer agriculture conventionnelle et bio, pour aller vers une agro-écologie s’appuyant sur l’optimisation des coûts de production. Nous faisons en sorte d’inculquer une conscience environnementale aux élèves par une approche écologique du métier prenant en compte économie et revenu de l’exploitant». Gérard Parisot annonce par ailleurs un cycle de formation de 400 heures au CFPPA La Cazotte, au printemps, sur la permaculture, destinée aux maraîchers et particuliers, «une première en France pour un établissement public».
Agriculture de conservation des sols
Après l’ouverture de la matinée par François Giacobbi, président du CDASA et du conseil d’administration du lycée agricole La Cazotte, Muriel Six, agronome à la Chambre d’agriculture, a notamment rappelé les fondamentaux du fonctionnement du sol, fait le point sur les indicateurs pertinents à utiliser pour décrire le bon ou mauvais fonctionnement du sol, la mise en place de couverts végétaux et de l’allongement des rotations.
Jean-Pierre Sarthou, enseignant-chercheur en agro-écologie à Toulouse (UMR AGIR et INP-ENSA) a ensuite évoqué les techniques de conduite des cultures permettant de mettre en place des rotations longues, de garder le sol toujours couvert et ne jamais travailler le sol. Ses travaux sont centrés sur l’agriculture de conservation des sols prenant en compte trois piliers majeurs : la rotation des cultures, la couverture des sols, et le non labour. Jean-Pierre Sarthou travaille notamment sur la région du Lauragais et du Gers. Il constate «de fortes attentes chez les agriculteurs en terme d’accompagnement en faveur de l’agriculture de conservation des sols».
Témoignages d’éleveurs
La matinée a été ponctuée par quatre témoignages d’éleveurs ovins lait : Etienne Ghislain, GAEC de Laurensou à Montlaur, David Rouquier, GAEC de Bouziès à Belmont-sur-Rance, Pierre-Louis Fages, GAEC des Monts à Millau, et Romain Reversat, GAEC d’Egalières, à Nant. Ils ont présenté leurs pratiques de travail du sol, certains étant déjà engagés dans l’agriculture de conservation des sols en partie, ou largement, d’autres ne pouvant pas supprimer le labour, du fait de la structure du sol, cailloux, pentes, etc. Chaque témoignage a bien mis en avant les particularités différentes des sols du Sud-Aveyron, et des pratiques agricoles individuelles inspirées par les expérimentations, en évitant de remettre en cause la viabilité économique de chaque système de production.
Pour François Giacobbi, «il n’existe pas de solution toute faite» en matière de pratiques culturales orientées vers le semis direct, le non-labour, les couverts végétaux : «l’important est de ne pas avancer avec des œillères, sur une seule façon de faire. Faut-il faire des céréales dans une région orientée vers l’élevage de ruminants où la place de la prairie est centrale ? Il ne faut fermer aucune porte et pratiquer en faisant des essais».
Un champ de questions
C’était aussi les mots de conclusion de Lucile Potts, enseignante au lycée La Cazotte : «les problématiques sont diverses ici, avec la sécheresse, un contexte de polyculture-élevage, des systèmes de prairie, des productions végétales pour les animaux, des sols hétérogènes... On constate qu’il est important de croiser les expériences, d’observer, de tester» a-t-elle résumé. Avec le programme DIAL, il est envisagé de créer un laboratoire d’innovation en agro-écologie pour mettre en place des essais sur les parcelles du lycée et chez des agriculteurs partenaires.
Vincent Thénard, ingénieur en agro-écologie des systèmes d’élevage à l’INRA-Toulouse, partenaire du projet DIAL, pose lui aussi beaucoup de questions : «quel équilibre trouver en élevage pour avoir de la ressource fourragère, récupérer de la paille, le sol, en s’affranchissant des pesticides ? L’enjeu est fort en effet avec l’arrêt programmé du glyphosate. Quels mélanges pour les prairies, espèces, couverts, rotations, assolement ? Le champ de réflexion est vaste pour les agronomes. Quels semis de printemps dans un contexte de changement climatique ? Il n’y a pas de solution toute faite», a-t-il encore réagi.
François Giacobbi a eu le dernier mot : «les réflexions de cette matinée ne sont pas finies. Il faut encore expérimenter. D’autres réunions d’échanges auront lieu sur le même sujet», notamment mardi 6 novembre, toujours au lycée La Cazotte (lire encadré ci-dessous).
D.B.
06 septembre 2018
Rénover une prairie : le sur-semis pour améliorer sans détruire
Le coup de chaud de début août a pu provoquer de sérieux dégâts sur prairies. Par conséquent, les couverts se sont clairsemés et une intervention mécanique est souvent nécessaire pour les regarnir. C’est le bon moment pour intervenir.
Faire un état des lieux
Avant tout, il est nécessaire de bien estimer le niveau de dégradation. Pour cela, on peut utiliser 3 niveaux en fonction de la présence de bonnes espèces (graminées et légumineuses) et la présence d’espèces indésirables comme les rumex ou les chardons :
Niveau 1 : Forte densité de bonnes espèces (plus de 70%). On peut améliorer la flore en modifiant certaines pratiques (alternance fauche/pâturage,…)
Niveau 2 : Entre 30 et 70 % de bonnes espèces. Le sursemis est un bon compromis pour densifier le couvert sans repartir à zéro. En fonction de la présence ou non d’espèces indésirables (rumex, chardons), un désherbage sélectif peut aider.
Niveau 3 : Moins de 30% de bonnes espèces. Il faut envisager une rénovation totale (avec ou sans labour).
Les conditions de réussite d’un sursemis
La difficulté de cette technique porte essentiellement sur le fait de vouloir semer des petites graines dans un milieu concurrentiel. En effet, la levée peut être perturbée par la présence du couvert déjà en place.
C’est pour cette raison que le couvert doit être le plus ras possible avant le sursemis. Pour cela, un pâturage ou un broyage est nécessaire. Si la végétation est importante, on peut aussi récolter.
Il faudra éviter de semer après mi-septembre afin de laisser suffisamment de temps à la plante de se développer avant l’arrivée des premiers froids.
Quelles espèces semer ?
Pour assurer la réussite du sur semis, il faut utiliser des espèces agressives comme les ray grass hybrides et anglais avec des trèfles blanc géants. Pour des orientations plutôt fauche, on peut semer du brome ou des trèfles violet. On utilise les mêmes doses que pour un semis classique. Si l’éleveur a un objectif de faire durer sa prairie, on peut ajouter des espèces plus pérennes mais moins agressives comme les fétuques et les dactyles.
Sur prairie permanente, certains agriculteurs réalisent un sur semis uniquement d’espèces annuelles (RGI, Vesce, Trèfle incarnat). Elles vont se développer très rapidement la première année puis laisser la place aux espèces natives les années suivantes. Cela permet surtout de contrôler le salissement de la prairies par des espèces indésirables. C’est une technique qui a fait ses preuves notamment après des dégâts de campagnols.
Quels outils utiliser ?
L’objectif est de positionner la graine entre 0 et 1 cm de profondeur afin d’assurer un bon contact avec la terre. L’idéal est d’utiliser un semoir type semis direct. Il a plus de poids et pénètre mieux dans le couvert en place.
Toutefois, les outils présents sur la ferme peuvent très bien convenir. Dans ce cas, il est conseillé d’utiliser une herse (plate, étrille) pour créer de la terre fine avant le passage du semoir ou en combiné. Par la suite, il est primordial de bien rappuyer à l’aide d’un rouleau ou en réalisant un passage d’animaux.
Quelles que soient les conditions météorologiques qui vont suivre après le semis, il faudra être patient. Les expériences antérieures ont montré qu’il fallait bien un an pour constater une amélioration de la flore.
Benoit Delmas, Service agronomie Chambre d’agriculture de l’Aveyron
benoit.delmas@aveyron.chambagri.fr
23 aout 2018
Parcelle de tournesol saccagée à Druelle : la réaction de RAGT semences
Laurent Guerreiro, directeur général de RAGT Semences, a réagi jeudi 16 août, au lendemain de la destruction de 2 ha de tournesol sur une parcelle d’essai située près du site de recherche de Druelle (RAGT 2n).
«Une parcelle dédiée à la recherche a été saccagée sans fondement, quelques jours après qu’une parcelle de production de semences de tournesol ait été vandalisée dans l’Hérault. Ce nouvel acte de saccage a eu lieu le 15 août à Druelle» a dénoncé RAGT Semences dans un communiqué, relayé le lendemain des faits revendiqués par les Faucheurs Volontaires (militants anti-OGM), par son directeur général, directeur général de la recherche, Laurent Guerreiro. «Nous sommes une structure dotée d’une équipe de recherche créant du matériel végétal amélioré chaque année, plus résistant aux maladies. Les 2 ha de tournesol détruits concernaient un essai de semences sur les maladies du tournesol, comme le sclérotinia (champignon). Il n’existe par d’OGM pour le tournesol, c’est une espèce rebelle à la transformation génétique», répond Laurent Guerreiro.
Selon lui, «il n’y avait pas de VrTH (variétés mutées rendues tolérantes aux herbicides) sur la parcelle ravagée le 15 août à Druelle, ni dans celle de l’Hérault saccagée auparavant. Les Faucheurs Volontaires pensent que ce sont des OGM cachés, alors que nous utilisons la mutagenèse des plantes. On force ici la plante à résister à la maladie du sclérotinia», continue Laurent Guerreiro. La mutagenèse est la capacité d’une plante à changer son patrimoine génétique pour s’adapter à l’environnement. Par ailleurs, «les VrTH sont des technologies autorisées et 100 % légales».
Notation finale annulée
Pour l’heure, le préjudice est «très difficile à évaluer» selon le directeur général de RAGT Semences. «C’est huit années de recherche, et une notation finale prévue en septembre impossible à réaliser, alors que ce matériel était à trois ou quatre ans de la commercialisation». Il confie : «deux destructions de parcelles de recherche en quinze jours, c’est difficile à comprendre pour notre personnel, les agriculteurs. Nous sommes victimes de voyous, de vandales, c’est notre sentiment...».
Pour RAGT Semences, «le préjudice de cette violence handicape la compétitivité de la recherche française et limitera le développement de variétés résistantes que tous attendent. Ce saccage a réduit à néant des années de recherche sous le prétexte d’imposer l’idéologie d’une minorité agissant de plus comme de véritables voyous» insiste le semencier. «Il n’est pas acceptable que de tels actes de vandalisme puissent être perpétrés en toute impunité. Nous en appelons une fois encore aux Pouvoirs Publics et les exhortons à prendre les mesures qui s’imposent. Ces actes ne peuvent pas restés impunis. Il n’est pas question pour nous de baisser les bras. Sûrs de notre droit, nous continuerons à œuvrer dans l’intérêt de toutes les agricultures». RAGT Semences a déposé plainte auprès de la gendarmerie et invite l’agriculteur a qui appartenait la parcelle de le faire également, avec le Centre technique permanent de la sélection (CTPS) et Terres Inovia (Agen) pour qui des essais étaient aussi réalisés à Druelle.
Centenaire en 2019...
RAGT Semences, c’est 200 millions de chiffre d’affaires dans le monde, 17 sites de recherche, 1 300 salariés, dont 500 en Aveyron et 50 dans le Tarn. Cette SA siégeant à Rodez fêtera ses 100 ans en 2019. Elle est implantée dans 18 pays, sélectionne, produit et commercialise des semences, couvrant les 26 espèces majeures de grandes cultures et d’élevage dans le monde (maïs, tournesol, colza, sorgho, graminées fourragères, blé dur, blé tendre, triticale, orge, soja, protéagineux, ...) Chaque année, plus de 150 nouvelles variétés RAGT Semences sont inscrites en Europe. «L’innovation variétale est une donnée capitale» de l’activité de RAGT Semences.
D.B.
19 juillet 2018
Taupes - campagnols terrestres : après les foins,une période stratégique
La surveillance des taupes et des campagnols terrestres, réalisée actuellement par le PNR de l’Aubrac, montre que quelques foyers de rats taupiers sont présents sur certaines parcelles. Alors que l’herbe n’a pas encore repoussé, la période est idéale pour la lutte directe, en prévention des augmentations de population à venir à l’automne.
Les populations de campagnol terrestre suivent un cycle annuel : peu fréquentes au printemps, elles se développent progressivement au cours de l’été pour atteindre un maximum à l’automne, avant que les rigueurs hivernales ne les limitent.
La lutte directe peut être réalisée de 3 manières : lutte chimique (dans le respect de la règlementation) au PH3 contre la taupe et à la bromadiolone contre le campagnol terrestre, et piégeage qui présente l’avantage de voir le résultat de son travail et de connaître la proportion de taupe et de campagnol présents sur la parcelle.
Quelle que soit la méthode choisie, il est nécessaire de voir les tas de terre dans les prairies pour savoir où lutter. Après les foins réalisés depuis mi-juin, l’herbe, encore basse, permet actuellement aux agriculteurs d’être plus efficaces dans la lutte préventive. En ce moment, les populations de campagnol sont encore suffisamment basses pour être maîtrisées, ce qui sera largement plus difficile cet automne.
C’est là le principe de la lutte préventive : il ne faut jamais oublier qu’un couple de campagnol terrestre piégé au printemps évite 100 individus sur la prairie à l’automne.
La surveillance des populations de taupe et de campagnol est réalisée par le PNR de l’Aubrac sur 7 zones pilotes dans le cadre d’un programme expérimental mené en partenariat avec le réseau des FREDON et les trois Chambres d’agriculture, grâce au financement de l’Europe (FEDER Massif central), de l’Etat (DRAAF AuRA) et de la région Occitanie. Sur ces 7 secteurs, plus de 70 agriculteurs volontaires sont accompagnés pour mettre en place une lutte directe coordonnée, mais aussi pour développer des actions préventives d’autre nature : renforcement de la prédation, adaptation des itinéraires techniques de gestion des prairies, etc.
Le programme permet en outre de mieux comprendre la dynamique du campagnol sur l’Aubrac pour prévenir les pullulations. A noter par ailleurs qu’un stage de fin d’étude d’ingénieur agronome est en cours pour six mois : il vise à déterminer des stratégies de prévention et de lutte qui soient adaptées au système d’exploitation agricole.
Enfin, ces expériences et travaux seront restitués progressivement dans les mois qui viennent sous forme de journées techniques proposées à l’ensemble des agriculteurs intéressés, ainsi qu’aux lycées agricoles proches de l’Aubrac.
Informations : www.projet-pnr-aubrac.fr - Etienne Hérault (e.herault@projet-pnr-aubrac.fr).
Le programme de lutte contre les pullulations de campagnol terrestre sur l’Aubrac est cofinancé par l’Union européenne dans le cadre du programme opérationnel interrégional FEDER Massif central.
31 mai 2018
Campagnols : lutte et indemnisation par le FMSE
Trois ravageurs sont regroupés sous le terme campagnol : le campagnol terrestre (Arvicola terrestris), le campagnol des champs (Microtus arvalis) et le campagnol provençal (Microtus duodecimcostatus). Tous sont également nuisibles aux cultures, qu’il s’agisse des herbages, des céréales, des arbres fruitiers ou de certaines productions maraîchères.
La pullulation des campagnols entraîne des pertes de fourrages considérables en quantité et qualité, au point de compromettre l’autonomie fourragère des élevages. Elle détruit la flore et les paysages, elle présente un danger de santé publique ; les campagnols sont en effet vecteurs de l’échinococcose alvéolaire et peuvent être responsables de la maladie du poumon du fermier.
Une lutte règlementée
Les luttes chimique, biologique et mécanique contre le campagnol sont encadrées par l’arrêté du 14 mai 2014 relatif au contrôle des populations de campagnols ainsi qu’aux conditions d’emploi des produits phytopharmaceutiques contenant de la bromadiolone. Ce texte :
- définit les mesures de surveillance et les méthodes de lutte qui doivent être combinées et, le plus possible, collectives pour être efficaces.
- impose l’encadrement de la délivrance des appâts contenant de la bromadiolone par les OVS (FREDON Occitanie pour l’Aveyron)
- encourage l’adhésion volontaire des agriculteurs à la lutte collective au travers de la signature de contrats signés avec les l’OVS (obligatoire depuis le 23 octobre 2017 pour demander à bénéficier d’une prise en charge des frais de lutte par le FMSE)
- prévoit que la lutte peut être rendue obligatoire dans certaines zones par arrêté préfectoral, ce qui est le cas en Aveyron.
L’accès au moyen de lutte chimique
Deux molécules sont actuellement homologuées dans la lutte contre le campagnol :
• La bromadiolone dont l’acquisition et l’utilisation sont règlementées avec notamment :
- un comptage à effectuer sur les parcelles à traiter. L’utilisation de la bromadiolone n’est possible que si la densité est inférieure à 33% ou 50 % si un contrat de lutte a été signé (voir feuille de comptage ci-contre)
- la commande de la bromadiolone s’effectue à l’aide d’un bon directement auprès de la FREDON Occitanie. Il reprend la densité de campagnols présents sur les parcelles à traiter et est valable 15 jours. Le retrait du produit se fait ensuite auprès de la FODSA-FARAGO Aveyron.
- ces apparts chimiques sont ensuite appliquées à l’aide d’une canne sonde ou d’une charrue sous-soleuse spécialement adaptée.
• Le phosphure de zinc (nom commercial RATRON) récemment homologué, disponible à la FODSA-FARAGO Aveyron.
La prise en charge par le FMSE
Pour être éligible au FMSE, la lutte doit respecter notamment les règles suivantes :
1. La lutte doit être mise en œuvre dans les phases de déclin ou de basse densité
2. La lutte comporte obligatoirement :
Des mesures de lutte principales :
- piégeage des taupes et des campagnols,
- lutte contre les campagnols par appâts secs (Bromadiolone) en basse densité dans les zones où son emploi est autorisé,
- destruction mécanique des galeries de taupes ou de campagnols ou lutte contre la taupe par injection de PH3.
Des mesures de lutte complémentaires :
- travail du sol profond ou superficiel : retournement des prairies ou hersage, décompactage.
- gestion du couvert végétal (broyage des refus),
- installation de perchoirs et/ou de nichoirs pour les prédateurs naturels des campagnols.
3. La lutte doit inclure a minima une méthode de lutte principale et une méthode de lutte complémentaire.
4. Les moyens de lutte doivent être employés en quantité suffisante, adaptés à la typologie des parcelles traitées et au niveau constaté de pullulation.
5. Les moyens de lutte doivent être combinés entre eux et utilisés de façon coordonnée.
6. La lutte doit être durable, c’est-à-dire menée pendant une période suffisante pour interdire une nouvelle pullulation. Elle est définie pour chaque engagement en fonction des phases du cycle de reproduction dans la zone concernée.
Les conditions d’accès au FMSE mise en place en Auvergne et appliquées en Occitanie sont détaillées ci-contre «Conditions de prise en charge par le FMSE». Il est à noter que la prise ne charge des pertes de fourrage n’est pas systématique.
Pour toute mise en place d’un contrat de lutte, contactez Daoudou Ahamada de la FREDON Occitanie au 06 33 87 09 30.
Sources FMSE, FREDON Occitanie et FREDON Auvergne
10 mai 2018
Carladez : les terrasses de Valon reprennent vie
Oublié le site de Valon embroussaillé sur la commune de Lacroix Barrez. Place à la réhabilitation et à la mise en culture de cet ancien terrain agro-pastoral. L’aménagement en cours du site est le fruit d’une réflexion pilotée et mise en œuvre par la commune. Une démarche exemplaire.
La commune a ciblé son action sur la réhabilitation, à valeur démonstrative, de quelques murs de pierres sèches et des terrasses correspondantes sur le versant sud, permettant la remise en service d’environ 2 ha de terres cultivables et engendrant une prise de conscience de l’importance de la sauvegarde du patrimoine rural. Trois objectifs sont poursuivis : lutter contre l’incendie, préserver le patrimoine environnemental et bâti riche sur Valon et réinstaller une activité agricole.
Le déclin et la perte de dynamisme économique des activités agro-pastorales traditionnelles ont entraîné une forte réduction de la population active agricole et un abandon progressif des pentes et terrasses du site, dont la faiblesse des revenus qu’elles procurent ne justifie plus l’entretien.
Partant de ce constat, la commune de Lacroix Barrez avec l’appui de la Chambre d’agriculture et de la Communauté de communes du Carladez (désormais Communauté de communes Aubrac Carladez et Viadène), impulse un projet, concerte plusieurs acteurs du territoire, mobilise le foncier, défriche et clôture. Elle œuvre pour l’avenir du site qui passe aussi par d’autres pratiques, d’autres approches, d’autres réponses agricoles, pour un développement durable de ce territoire. Ce projet bénéficie du soutien du Conseil départemental, du programme Leader et EDF.
Un pan de mur, un pan d’histoire
A Valon, la pierre de schiste est partout, du plus petit muret aux maisons. Dans ces terres très caillouteuses, pas d’autre choix pour rendre la terre plus arable, que d’en sortir les cailloux, génération après génération. Cailloux qui serviront, directement sur place à façonner des enclos, marquer des limites de parcelles, de chemins, construire les maisons.
Depuis des millénaires, les murets ont façonné les paysages, soutenant les terres cultivées, créant des sols plats sur des terrains en pente. Mais à Valon, ils sont devenus indispensables : les terrasses cultivées représentent le modèle le plus abouti des paysages façonnés par l’homme. Dans un contexte rendu difficile par la pente, le climat et l’hydrologie, ces aménagements permettent de lutter contre l’incendie et l’érosion des versants exposés au soleil et séchants en facilitant le draînage des parcelles.
Marlène Chantel
Conseillère Développeur de Projets Territorialisés
08 mars 2018
Pousse de l’herbe N°1 : la mise à l’herbe se prépare
Les bulletins «Pousse de l’herbe» reprennent pour l’année 2018. Chaque semaine, la Chambre d’agriculture présentera l’évolution de la pousse de l’herbe grâce aux sommes de températures calculées à partir des relevés de 7 stations météorologiques réparties sur le territoire départemental.
Pour l’herbe, une somme de températures (exprimée en degrés jours) se calcule en additionnant les moyennes quotidiennes à partir du 1er février, avec un minimum de 0°C et un maximum de 18°C. Ces moyennes sont établies à partir des minima et maxima relevés par la station météorologique locale.
Repérer les stades-clés
Les sommes de températures permettent de repérer les stades importants de la pousse de l’herbe : départ en végétation, épis à 5 cm du sol, épiaison, floraison. A chaque stade va correspondre une pratique de l’éleveur. Ainsi, dans l’idéal, le départ en végétation devrait correspondre à la mise à l’herbe des animaux, le stade épi 5 cm à la fin du déprimage, le début de l’épiaison aux premières coupes précoces (ensilage, enrubannage)…
Grâce aux sommes de températures, il est donc possible d’alerter les éleveurs sur les dates importantes de gestion de l’herbe. L’intérêt de cette méthode est que, au lieu de se baser de façon systématique sur des dates figées, on peut s’adapter aux caractéristiques de l’année (plus ou moins précoce ou tardive) et aux différences de précocité liées à l’altitude.
Un outil en place en Aveyron depuis 10 ans
Comme l’année dernière, le suivi de la pousse de l’herbe va s’appuyer sur les données de 7 stations assez représentatives de la diversité géographique du département : Montlaur (rougier de Camarès), Villefranche de Rouergue, Millau (Soulobres), Salles la Source (causse de Rodez), Huparlac et Alpuech (Nord-Aveyron) ; Canet de Salars (Lévézou). Villefranche de Rouergue et Montlaur sont les stations les plus précoces. Concernant par exemple la pleine épiaison pour les prairies temporaires à base de ray-grass, c’est-à-dire 1000°C jour, on se situe en moyenne autour du 20 mai à Villefranche de Rouergue et autour du 11 juin à Huparlac (860 m), soit une vingtaine de jours d’écart.
Dans ce bulletin, l’évolution des sommes de températures de l’année est mise en comparaison avec les données historiques. De plus, cette année, quelques mesures de vitesse de pousse réalisées sur le terrain seront également présentées.
Les premières sommes de températures 2018 montrent que le coup de froid de début février se fait bien ressentir sur le démarrage de la pousse de l’herbe. Par rapport à l’année dernière (qui était nettement en avance sur la moyenne), on observe cette année un retard d’environ 20 jours. Toutefois, les prévisions météorologiques ne prévoient pas un retour du froid et le démarrage des parcelles les plus précoces ne devrait pas tarder.
S’organiser pour ne pas subir le pâturage
Il faut se tenir prêt pour la mise à l’herbe : pour assurer un bon pâturage, il est primordial de s’être bien organisé en amont (découpage des parcelles, clôtures, points d’abreuvement).
Concernant les apports d’azote, il faut privilégier des apports précoces pour toutes les parcelles qui vont être exploitées tôt (pâturage, enrubannage, ensilage). Les premiers apports doivent se terminer en ce moment pour les parcelles situées jusqu’à 900 m d’altitude. Plus haut, on a jusqu’à mi-mars pour les réaliser. Pour les pâtures, la dose d’azote apportée est à moduler en fonction de la part de légumineuses, mais dans tous les cas elle ne doit pas excéder 50 unités.
Benoit Delmas,
conseiller agronomie, Chambre d’agriculture
01 mars 2018
Rats taupiers : programme pour préserver les prairies des pullulations
Le Syndicat mixte de préfiguration du PNR de l’Aubrac porte un programme pour accompagner les agriculteurs dans la préservation de leurs prairies des pullulations de campagnol terrestre (aussi appelé rat taupier).
Cette espèce, bien aidée par la taupe, fréquente les prairies naturelles de l’Aubrac et y mange les racines des plantes charnues comme le pissenlit ou les trèfles. Mais régulièrement, ses populations se développent excessivement, au point de causer des problèmes majeurs sur les prairies. En consommant la flore et en créant des tas de terre pour ses galeries, le rongeur prive les élevages du fourrage dédié à l’alimentation des troupeaux et il altère la qualité du foin récolté : terre dans les bottes, perte de la diversité floristique qui contribue à la qualité des produits agricoles du territoire.
Son impact est aussi environnemental et sanitaire au regard de la qualité de l’eau, de l’intégrité des paysages d’estives et de la biodiversité des prairies. Les années de pullulations, comme 2015, peuvent s’avérer catastrophiques pour l’élevage de l’Aubrac. Le problème est épineux à résoudre. En effet, ces pullulations sont causées par de nombreux facteurs qui s’additionnent et se cumulent : dynamique naturelle des populations du campagnol, présence préalable de taupes, appétence de la flore des prairies, main d’œuvre peu disponible sur les exploitations agricoles, population des prédateurs (renards, hermine, milan royal), etc.
Sept zones pilotes sur l’Aubrac
Plusieurs actions doivent donc être menées de front pour jouer sur chacun de ces facteurs et pour limiter in fine la population de campagnols. Les agriculteurs peuvent notamment lutter directement contre la taupe et le campagnol (piégeage ou lutte chimique contrôlée), ou adapter leurs pratiques agricoles, etc.
Face à cette complexité, le Syndicat mixte de préfiguration du PNR de l’Aubrac porte un programme pour accompagner les agriculteurs et trouver les bonnes organisations locales pour une lutte efficace contre les pullulations. Il trouve là toute sa pertinence pour travailler sur cette problématique qui touche l’ensemble du massif de l’Aubrac. Sept zones pilotes ont été créées. Là, plus de 70 agriculteurs volontaires travaillent avec le projet de PNR de l’Aubrac et ses partenaires agricoles (FREDON et Chambres d’agriculture)pour expérimenter des systèmes de lutte combinée.
De 2017 à 2019 sont prévues des formations (campagnol, bromadiolone, Certificat PH3) et journées techniques, des conseils techniques et agronomiques, une surveillance approfondie des populations de taupes et de campagnols sur les zones pilotes, un accompagnement collectif local, un accompagnement dans la prise en charge partielle des moyens de lutte (dossier FMSE), etc. Au-delà, c’est l’ensemble des agriculteurs intéressés sur l’Aubrac qui pourra bénéficier des retours d’expériences à partir de la fin de l’année : il est prévu que trois journées aient lieu d’ici fin 2019.
Mieux vaut prévenir que guérir !
Par ailleurs, différentes actions d’information (via la presse agricole ou encore auprès des lycées agricole) seront réalisées afin d’apporter des informations techniques à un large public. A l’heure où chacun peut observer dans nombre de prairies de l’Aubrac, la présence forte de taupes et de campagnols, le projet de PNR de l’Aubrac et ses partenaires sont conscients que le défi, aussi complexe soit-il, doit être relevé dès les prochaines semaines. Avec un mot d’ordre majeur : pour lutter contre le campagnol, mieux vaut prévenir que guérir ! En effet, il est beaucoup plus efficace de lutter en fin d’hiver et au printemps qu’à l’automne, et plus efficace aussi de lutter quand il y a peu de taupes et de campagnols que pendant une pullulation.
Informations : www.projet-pnr-aubrac.fr
20 juillet 2017
Réseau de suivi des ravageurs des prairies : état des lieux des pullulations
A la fin du printemps et sur le début de l'été, et après les fauches pour avoir une meilleure visibilité de l’état des parcelles, les agriculteurs bénévoles du réseau de surveillance ont suivi la pullulation des ravageurs des prairies.
Les traces de présence des campagnols sont en général très limitées sur le département, avec cependant sur certaines communes quelques hameaux plus touchés (La Vitarelle à Montpeyroux, par exemple). A noter, pour certaines communes comme Saint Chély d'Aubrac, si en avril aucun indice de présence n'était notable, on observe début juillet un retour des campagnols terrestres, à faible densité mais sur tout le territoire communal.
En général, par rapport à l'an passé, il y a un net reflux de ces ravageurs, et la pression des prédateurs devrait être forte sur les populations résiduelles. A défaut, c’est le bon moment pour traiter, notamment dans un cadre collectif pour une meilleure efficacité.
La présence des taupes est plus importante en moyenne que celle des rats, tout en restant à un niveau comparable à celui des années précédentes à cette saison. Elle peut néanmoins être localement plus marquée, comme à Coupiac, Sainte Geneviève, Sainte Eulalie d'Olt ou sur les hauts de Laguiole. Sur d'autres communes, la présence de foyers est rapportée près de zones boisées (Muret) ou de ruisseaux (Rulhac),... et parfois le constat serait plutôt celui d'un reflux des populations (comme à Sainte Juliette sur Viaur ou Saint Jean Delnous).
Comme déjà rappelé antérieurement, il y a synergie entre la présence de galeries de taupes et la présence des rats taupiers. Lutter contre les taupes s'avère donc une stratégie payante, y compris dans la perspective de limiter la présence ultérieure des rats. Le piégeage est bien pratiqué sur le territoire : à certaines conditions, les moyens de lutte sont aujourd’hui pris en charge par le FMSE (Fonds national agricole de Mutualisation du risque Sanitaire et Environnemental). Il faut notamment être engagé dans un contrat de lutte et coupler la lutte chimique éventuelle à des moyens traditionnels et naturels (rubrique consacrée au FMSE et à l'état de la recherche sur le site internet de la Chambre d'agriculture).
Des formations pour le traitement au PH3 (phosphure d'hydrogène) sont proposées chaque année en février par Fodsa-GDS Aveyron. Pour plus de renseignements et/ou pour s'inscrire, prendre contact avec Claude Fabre, tél. 05 65 42 18 92.
Vianey Briand,Chambre d'agriculture, pour le réseau de surveillance «ravageurs des prairies»
09 février 2017
Réunions RAGT Plateau Central : «L’agronomie au service d’une nouvelle agriculture»
RAGT Plateau Central a organisé une série de huit réunions d’information et d’échanges, entre le 25 janvier et le 3 février, sur le thème : «l’agronomie au service d’une nouvelle agriculture». Elles étaient animées par Serge Moncet, responsable agronomie RAGT PC et Sarah Singla, agricultrice et consultante en agronomie.
«RAGT Plateau Central est convaincu que l’agronomie associée aux nouvelles technologies (couverts végétaux, semis direct, biostimulants, agriculture de précision...) est la solution d’avenir pour une agriculture durable et rentable», reprend Serge Poncet. Lors de la réunion organisée à Baraqueville, jeudi 2 février, il a présenté les orientations agronomiques de RAGT PC, en guise d’introduction technique à l’intervention de Sarah Singla.
Pour Serge Poncet, «ces réunions d’information avaient pour objectif de sensibiliser les agriculteurs sur leur système d'exploitation par rapport au thème de l’agronomie, et, éventuellement, de les aider à progresser face aux problèmes économiques auxquels ils sont confrontés, comme la baisse des cours, les charges de mécanisation croissantes, un pilier environnemental de plus en plus important».
«Levier de compétitivité»
Les éleveurs ont écouté avec attention l’intervention éloquente de Sarah Singla, agricultrice à?Canet-de-Salars, issue «d’une famille pratiquant le semis direct depuis 36 ans», co-fondatrice de l’association Clé de Sol. Elle a mis en avant des pratiques culturales visant à limiter l’érosion, un phénomène responsable «de la perte de 5,6 tonnes de terres chaque année en Aveyron». Cette experte en conservation des sols et au maintien de la matière organique a indiqué que «l’agronomie est un énorme levier de compétitivité pour toutes les exploitations agricoles aveyronnaises».
Et d’ajouter : «nous sommes ici en zone d’élevage où les agriculteurs sont en général très axés et performants sur les vaches, les brebis, les chèvres... L’agronomie est en effet l’un des leviers permettant de produire plus et mieux, aussi bien en termes de quantité et qualité, en respectant et préservant l’environnement. Avec au final, des agriculteurs épanouis dans leur travail, conjuguant l’économique, le social et l’environnemental !».
Serge Poncet a annoncé que RAGT PC proposera des formations de groupe, par exemple sur l’azote, les couverts végétaux, les semis directs sous couverts végétaux, «afin d’aller plus loin dans cette démarche agronomique» conciliant «durabilité et rentablité de l’agriculture».
D.B.
17 novembre 2016
PNR des Grands Causses et prairies fleuries : le palmarès 2016
Depuis 2012, le Parc naturel régional des Grands Causses relaie le Concours agricole national des prairies fleuries, proposé par la Fédération des Parcs naturels régionaux de France. Organisé cette année sur la vallée de l’Aveyron, il a récompensé trois agriculteurs dont un défendra ses chances au SIA 2017 à Paris.
Après le Lévézou, les Monts de Lacaune, les Avants-Causses et la vallée de la Dourbie, le jury d’experts du concours des prairies fleuries sur le territoire du Parc naturel régional des Grands Causses a posé ses valises dans la vallée de l’Aveyron, plus précisément sur le secteur de la nouvelle commune Sévérac d’Aveyron.
Au printemps dernier, ces experts (apiculteur, botaniste, agronome,...) ont visité huit parcelles, celles de Maxime Bedel de Buzareingues (Buzeins), Jean-Pierre Raynal (Lapanouse de Sévérac), Jacques Cornuéjols (Sévérac d’Aveyron), Christian Fabre (Lapanouse de Sévérac), Bruno Lunet de la Jonquière (Lavernhe de Sévérac), Christophe Gral (Sévérac d’Aveyron), Guy Bras (Sévérac d’Aveyron) et David Vernhet (Buzeins).
A l’aide de leur grille de notation, ils ont relevé les multiples intérêts des prairies naturelles. «Ce concours permet de mettre en lumière des pratiques agricoles équilibrées qui maintiennent à la fois la biodiversité et les qualités fourragères», expliquent les organisateurs. Mais aussi de montrer l’intérêt de conserver les prairies naturelles, résistantes aux aléas climatiques et résultats de longues années de pratiques adaptées aux territoires.
«Souvent il y a de la part des agriculteurs un attachement tout particulier envers ces prairies «inter- générationnelles», complètent-ils. Pour le Parc naturel régional des Grands Causses, cet événement est aussi l’occasion de valoriser des secteurs agricoles du territoire où il est peu présent sur des enjeux agriculture/biodiversité, au contraire des sites remarquables (Natura 2000, sites emblématiques caussenards…).
En 2016, le jury d’experts a récompensé la prairie de Maxime Bedel de Buzareingues à Buzeins - Sévérac d’Aveyron en lui attribuant le prix d’excellence agro-écologique. Son dossier sera proposé au jury du concours national agricole, dont la remise des prix pour chaque catégorie a lieu lors du Salon International de l’Agriculture à Paris. Au palmarès figure aussi Jean-Pierre Raynal de Lapanouse de Sévérac, coup de cœur du jury et Jacques Cornuéjols - Tantayrou à Sévérac d’Aveyron pour le prix Abeilles.
En 2017, le Parc naturel régional des Grands Causses fera découvrir à son jury d’experts, les richesses de la vallée du Lot et de la Serre, sur le secteur de St-Laurent-d’Olt.
Eva DZ - source PNR des Grands Causses
03 novembre 2016
Les vendanges 2016 en Aveyron : une année tardive
La tendance générale sur les vignobles aveyronnais c’est une année tardive et des vendanges qui, pour certaines, se sont étalées sur près d’un mois. Les volumes et la qualité sont au rendez-vous, il manque juste un peu de degré !
«L’année est bien partie avec un joli printemps», entame Karine Scudier, conseillère viticulture à la Chambre d’agriculture. «Mais le rafraîchissement en juin et l’humidité qui s’est installée nous ont un peu inquiétés et surtout ont retardé la floraison et ralentit la croissance de la vigne. Ce fut hétérogène selon les secteurs, surtout sur les vignes installées sur des reliefs, mais ce retard s’est ensuite retrouvé au moment de la récolte», résume la technicienne.
Pour la véraison, le retard s’est reporté en raison des grosses chaleurs d’août, ce qui a ralenti la progression notamment des cépages tardifs (fer servadou, cabernet et syrah). «La véraison s’est étalée sur 15 jours ce qui est plutôt rare, les vignerons ne pouvaient rien y faire, il fallait simplement prendre patience !». Finalement la pluie est venue, un peu tardivement pour certains, trop tard même à certains endroits, mais à bon escient pour terminer la véraison. «En Aveyron, le vin se fait surtout sur les mois de septembre et d’octobre, pas en août où les vignes entrent plutôt en état végétatif du fait des chaleurs. Mais pour tout le monde, le retard est resté, c’est la loi de la nature puisqu’un raisin met 100 jours après la floraison pour arriver à maturité».
Côté sanitaire, pas d’incident à relever, si ce n’est à certains endroits quelques attaques de mildiou sur les grappes mais sans conséquence sur les vendanges. De façon générale, les vignes étaient très saines.
En conclusion, la première tendance laisse entrevoir de beaux volumes et une bonne qualité des raisins «mais 2016 restera une année longue, stressante pour les vignerons à cause d’une météo un peu décalée (grosse humidité pendant la floraison, fortes chaleurs en août et septembre et pluies tardives avec aussi des menaces d’orages mais qui ont épargné cette fois-ci les vignobles). Même si elle fut longue à aboutir, la récolte 2016 satisfait la majorité des vignerons du département», résume Karine Scudier.
Eva DZ
06 octobre 2016
Campagnols ravageurs des prairies : le réseau "recherche" des observateurs
Mis à part quelques foyers observés sur le Nord-Aveyron avec une présence moyenne de campagnols terrestres, le niveau de présence des ravageurs des prairies reste globalement faible.
Deux observations peuvent expliquer cette situation :
- la pression exercée par les prédateurs naturels (rapaces, renards…, voire chats errants mentionnés dans quelques communes…) joue un rôle certain dans le maintien d'une population de campagnols faible,
- le temps sec de cette année en fin d'été et début d'automne est défavorable à l'activité de ces ravageurs.
Pour maintenir toute l’année une population limitée, il faut favoriser la régulation naturelle en maintenant ou adaptant des sites favorables aux prédateurs (haies, perchoirs…). Rappelons cependant que pour éviter les pics de pullulation, la lutte chimique est un moyen efficace à basse densité de pression des ravageurs, en ciblant les parcelles refuges. C’est bien en période de faible pullulation qu’il faut contrôler le niveau des populations. Pour pouvoir traiter à la bromadiolone, il faut respecter un protocole : pour connaître les modalités de délivrance et d’utilisation du produit, contactez la FODSA.
Si vous souhaitez avoir plus d'informations sur les ravageurs des prairies, n'hésitez pas à vous abonner gratuitement sur Internet au Bulletin de santé du végétal «prairies» : http://www.bsv.mp. chambagri.fr/
Rejoignez le réseau des observateurs !
Le réseau de surveillance départemental cherche toujours à s’étoffer avec des observateurs volontaires, afin d’avoir en temps réel la vision la plus complète possible de la pullulation des ravageurs des prairies.
Vous pouvez contribuer à cet état des lieux. La mission est de faire connaître 3 à 4 fois par an le niveau de présence des ravageurs sur sa commune, à l’aide d’un score (note de 0 à 5 : une méthode de comptage simple est fournie). Pour cela, il faut circuler sur le territoire afin de relever les traces fraîches visibles : en fonction de la taille de la commune, ce travail prend de une à deux heures de temps pour chaque observation.
Pour rejoindre le réseau, contactez le secrétariat du comité de développement agricole du Nord-Aveyron à Espalion : tél. 05 65 51 10 50.
Marlène Chantel, CDANA et Vianey Briand, CDAS pour le réseau de surveillance, Benoit Delmas, mission agronomie pour le BSV
04 aout 2016
Conduite des méteils en agriculture bio : des cultures associées pour des rendements réguliers
La Chambre d’agriculture a dernièrement organisé un «coin de champ» sur la condui-te des méteils en agriculture biologique. La rencontre, qui s'est déroulée à Druelle sur l’exploitation de Corinne Delagnes et Pierre Joffre, a mobilisé une quarantaine de participants, prouvant tout l'intérêt suscité par les cultures associées que sont les méteils.
Méteils à moissonner
Pour démarrer cette rencontre, Muriel Six, conseillère agronomie, a fait le point sur des parcelles suivies cette année par la mission agronomie de la Chambre d’agriculture. Deux types de méteils sont à l’étude :
- des méteils dits «simples» : avec par exemple 90 kg d’orge + 70 kg de pois protéagineux par hectare,
- des méteils dits «complexes» : ils associent du pois fourrager (15 à 30 kg/ha) avec plusieurs céréales choisies parmi du blé, triticale, avoine, seigle, épeautre… (et pouvant représenter 75 à 150 kg/ha), et de la féverole pour 50 à 60 kg/ha.
Ces méteils complexes ont été semés entre 180 et 220 kg/ha, mais Pierre Joffre pense qu’on peut arriver à diminuer la densité aux alentours de 150-170 kg/ha, en fonction de la rotation, du salissement de la parcelle…
Ces deux types de mélanges ont été suivis chez des éleveurs bovins viande en conventionnel (ils sont distribués aux veaux), avec pour objectif d’apporter un mélange de céréales et de protéagineux ayant une meilleure valeur azotée.
En système bio, le contexte est différent : on recherchera surtout le bon mélange avec des espèces et variétés qui une fois associées présenteront une bonne tolérance aux maladies, et arriveront aussi à maturité au même moment tout en restant debout jusqu’à la fin. Ce n’est donc pas forcément le taux de protéines du mélange qui est l'objectif prioritaire. La parcelle visitée avec Pierre Joffre lors du coin de champ illustre bien cette réflexion : le pois fourrager n’y est pas dominant (12 à 15 kg/ha), l’agriculteur a surtout trouvé des espèces et variétés qui sont restées saines, qui se tiennent bien et qui ont bien limité le salissement de la parcelle.
En général, les méteils sont positionnés après une prairie de 3 à 5 ans, et, dans ce cas, on peut re-semer un deuxième méteil à l’automne. S’ils sont positionnés après un maïs (qui lui-même vient derrière 3 à 5 ans d’herbe), un seul méteil sera implanté avant de repartir en prairie, car le rendement du méteil suivant baisse très vite.
La fertilisation se fait avant le semis, à raison de 10 à 15 T de compost ou 20 à 25 T de fumier. Le labour peu profond est conseillé pour une meilleure gestion du salissement, mais un semis en techniques culturales simplifiées est toutefois possible.
Les agriculteurs bio «expérimentés» ont exprimé à l’unanimité le fait qu’une fois le semis réalisé, ils ne retournaient dans la parcelle avec le tracteur que pour la moisson. En général, les méteils ne nécessitent pas de désherbage mécanique.
Méteils à ensiler
Dans la deuxième partie de la rencontre, ce sont les méteils à ensiler qui ont été abordés. Dans la rotation des systèmes bovins lait, ils se positionnent :
- soit entre deux maïs, en remplacement d’un RGI pur ou d’un RGI + trèfle incarnat, avec l’avantage par rapport à ce type d'inter-culture de ne pas assécher le sol et d’être un bon précédent au maïs en améliorant efficacement la structure du sol,
- soit entre un méteil moissonné et une prairie semée deuxième quinzaine de mai. Là encore, l’objectif est d’ensiler un fourrage riche en matière azotée.
Ces méteils sont composés pour les deux tiers de légumineuses (pois, vesce, féverole, trèfle) et pour un tiers de graminées (triticale, avoine, épeautre, RGI…), soit par exemple 60 kg de pois, 20 kg de vesce, 60 kg de féverole et 50 kg de céréales. Si la dose de féverole est augmentée, ce sera au détriment de la céréale car la féverole peut servir de tuteur. La profondeur de semis se situe autour de 3 cm, toutes les graines sont semées en même temps pour limiter le nombre de passages et donc réduire le coût d’implantation. La récolte se fera à l’épiaison des céréales (selon les années, cela peut correspondre aussi au début de la floraison des pois) pour ne pas perdre en qualité, l'objectif étant d'avoir 15 à 17 % de matière azotée totale.
Missions Agriculture biologique et Agronomie, Chambre d'agriculture
14 juillet 2016
Produits fermiers et goûters : autour du safran de Murols
C’est un peu par hasard que Vanessa Rayrolles et son compagnon Jérôme se sont lancés il y a tout juste un an dans la culture du safran. “C’est un projet de famille, une envie partagée de construire notre avenir dans l’agriculture”, confie Vanessa.
Sa mère possédait 5 ha sur la commune de Murols et à l’heure de la donation de partage entre ses 3 enfants, elle souhaitait que la ferme retrouve une activité. Vanessa était alors dans l’hôtellerie et Jérôme dans la maçonnerie après avoir aussi travaillé dans des exploitations. Le couple vivait dans la région de Maurs (Cantal). “Nous avons décidé de nous installer à Murols et de démarrer une nouvelle vie professionnelle”.
Vanessa et Jérôme avaient entendu parler de la culture de safran, qui demande peu d’investissement et peu d’espace. “Nous avons rencontré plusieurs producteurs qui nous ont montré leurs installations et nous ont expliqué leur façon de travailler. Le safran se cultive facilement même s’il demande du temps”. Le couple a acheté ses 10 000 premiers bulbes l’été dernier chez un safranier, qu’ils ont plantés sur 600 m², ils ont récolté les fleurs en novembre. “Nous avons choisi des bulbes un peu plus gros pour une récolte plus rapide et nous avons aussi décidé de tout transformer de façon à mieux valoriser nos produits”. Parce qu’il faut aussi réfléchir à la rentabilité dès la première année. “Pour l’heure, l’activité n’est pas rentable pour nous deux, nous attendons de voir ce que va donner le premier été de commercialisation”, avance Vanessa.
Séduits par la petite fleur
Pour mettre toutes les chances de leur côté, ils veulent rejoindre le réseau Bienvenue à la Ferme, dans la catégorie Produits fermiers et Marchés de producteurs de pays, en assurant le marché d’Entraygues sur Truyère puis par ailleurs ceux de Ste Geneviève sur Argence et Mur de Barrez. “Nous avons aussi rénové un bâtiment pour installer notre laboratoire de transformation ainsi qu’une boutique où nous pouvons accueillir le public pour la vente à la ferme parce que pour nous, c’est important d’avoir un contact direct avec nos clients, de leur expliquer notre métier, de leur présenter nos produits”. En prenant contact avec Magaly Bruel, conseillère agri-tourisme à la Chambre d’agriculture et en charge du réseau Bienvenue à la Ferme, Vanessa a eu connaissance des goûters à la ferme, qu’elle propose donc depuis cet été sur la petite terrasse que Jérôme a aménagée.
Là devant un paysage typique du Carladez, les gourmands peuvent siroter un thé ou un sirop parfumé au safran, déguster une crème brûlée au safran ou grignoter quelques sablés sucrés à la châtaigne. La gamme des produits s’enrichit de confitures à partir des fruits de saison de l’exploitation, de pâtes de fruit, de meringues, de vinaigre, de moutarde safranés. Et Vanessa n’hésite pas à mettre aussi en avant les produits locaux : le fromage de Thérondels ou encore le miel et peut-être bientôt le thé d’Aubrac.
"Echanger"
“Le réseau Bienvenue à la ferme peut offrir une vitrine supplémentaire, l’occasion de nous faire connaître et nous espérons pouvoir rencontrer d’autres producteurs fermiers pour échanger avec eux et partager nos expériences”, avance Vanessa. Intégrer le réseau semble somme toute assez simple, Vanessa et Jérôme ayant déjà bien démarré leur activité, ils n’ont eu aucune modification à faire pour rejoindre Bienvenue à la Ferme.
Et pour le contact, tout est venu facilement : “les consommateurs sont surtout curieux et veulent mieux connaître la production de safran, ils aiment aussi le contact direct avec la personne qui produit et transforme”, se réjouit Vanessa, heureuse du bon déroulement de ses premiers marchés de producteurs. Le couple accueille tous les jours de la semaine les visiteurs sur leur ferme : “Nous sommes tout près du Sentier de l’imaginaire à Murols et les marcheurs aiment s’arrêter dans le village à la Forge et maintenant chez nous, pour une petite pause gourmande autour du safran de Murols et un échange convivial et tout en sourire avec Vanessa !“
Eva DZ
02 juin 2016
Concours général agricole des prairies fleuries : le Causse Comtal, riche de sa biodiversité
Huit agriculteurs du Causse Comtal ont participé au Concours général agricole des prairies fleuries. Le jury a fait le tour des parcelles engagées jeudi 26 et vendredi 27 mai. Reportage chez Jean-Marc et Vincent Triadou à Curlande, commune de Bozouls.
Depuis 2014, comme pour les produits et les animaux, les prairies fleuries ont leur Concours général agricole avec une finale nationale au Salon de l’agriculture à Paris. Une médaille d’or et d’argent récompensera par un prix d’excellence agri-écologique, les parcelles qui présenteront le meilleur équilibre entre agriculture et écologie.
En charge de l’animation des sites Natura 2000 du Causse Comtal et des Vieux arbres de la Haute Vallée de l’Aveyron, l’Adasea d’Oc et Rural Concept ont proposé aux agriculteurs de ce secteur de participer à la prochaine édition.
Pendant deux jours, les 26 et 27 mai, un jury d’experts a fait le tour de parcelles chez les 8 agriculteurs candidats dans ce concours, de Sébazac Concourès à Bozouls, en passant par La Loubière, Onet le Château et Montrozier. Emmenés par Thierry Contastin, président du jury, des spécialistes de l’Association Mycologique et Botanique de l’Aveyron (AMBA), de la Chambre d’agriculture de l’Aveyron, du Conservatoire Botanique National des Pyrénées et Midi-Pyrénées (CBNPMP), du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de l’Aveyron (CAUE) et de l’Université de Toulouse Jean-Jaurès / Laboratoire GEODE de Toulouse ont parcouru les prairies candidates et échangé avec les exploitants sur leurs pratiques.
Jean-Marc Triadou et son frère Vincent sont installés en GAEC à Curlande, commune de Bozouls, et élèvent 105 vaches allaitantes dont quelques Bœuf Fermier Aubrac et 240 brebis laitières pour Roquefort. C’est la première fois qu’ils participent à ce concours : «En intégrant la zone Natura 2000, nous avons contractualisé des MAE en partenariat avec l’Adasea d’Oc qui nous a proposé ce concours. Considérant qu’agriculture et environnement vont ensemble, nous nous sommes dits pourquoi pas !», témoigne Jean-Marc.
Entre parcours et prairies
Les deux éleveurs sont en effet très attentifs depuis toujours aux apports sur leurs prairies : «en contractualisant des MAE, nous n’avons pas eu besoin d’adapter nos pratiques puisque notre taux global de chargement sur l’exploitation (autour d’1 UGB/ha) et nos apports exclusifs de fumier (jamais d’engrais) entraînent un bon rendement et maintiennent la biodiversité sur nos parcelles», poursuit Jean-Marc. C’est aussi pour les deux exploitants, l’assurance d’une récolte d’un foin riche, en adéquation avec les deux productions de qualité dans lesquelles ils sont engagés : le Roquefort et le Bœuf Fermier Aubrac. «C’est tout simplement dans notre état d’esprit», a-t-il résumé.
Ravi des échanges avec les spécialistes, Jean-Marc a beaucoup appris sur l’utilité de chaque plante présente dans sa parcelle, dans la qualité de son fourrage tant d’un point de vue purement agricole que de la biodiversité.
Le commentaire des spécialistes a d’ailleurs été unanime sur le bon niveau de productivité de la prairie, certes très marquée par la présence de graminées même s’il manque un peu de diversité dans les plantes. Néanmoins, l’environnement de la parcelle visitée, entourée de bosquets, de haies, offre un paysage préservé, des lisières exceptionnelles avec des tilleuls, des noisetiers, de très vieux arbres, propices à la présence faunistique (oiseaux, chauve-souris,...).
«La prairie et les parcours sont les deux marqueurs des sites Natura 2000 Causse Comtal et Vieux arbres de la Haute Vallée de l’Aveyron, ils évoluent en complémentarité pour l’équilibre entre agriculture et biodiversité», ont résumé les experts. Ces derniers remettront les prix de ce concours en août à Laissac.
Eva DZ
12 mai 2016
Lutte contre les campagnols : le Préfet de l’Aveyron constate les dégâts sur le nord-Aveyron
La Chambre d’agriculture a initié avec les organismes compétents, un programme de lutte contre les campagnols, un programme qui doit être amélioré et surtout adapté aux spécificités du terrain. C’est donc pour élaborer un plan d’action départemental que le Préfet de l’Aveyron est allé à la rencontre des agriculteurs du nord Aveyron et des organismes spécialisés, mercredi 4 mai.
Représentants du ministère de l’agriculture, de la DRAAF, des FREDON (fédération régionale de lutte et de défense contre les organismes nuisibles) Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, de FODSA - GDS Aveyron, de la Chambre d’agriculture, du syndicalisme, du collectif... se sont retrouvés d’abord sur une exploitation de St Chély d’Aubrac puis sur quelques parcelles et à la coopérative Jeune Montagne à Laguiole, pour échanger sur la problématique des campagnols et surtout avancer des solutions de lutte efficaces. «Certes il existe une boîte à outils mais elle n’est pas adaptée aux spécificités de notre territoire et rend donc inefficace la lutte contre les rats taupiers, qui ont causé de gros dégâts sur nos prairies l’année dernière», a témoigné Noël Entraygues devant le Préfet de l’Aveyron.
Ce dernier a en effet pu mesurer l’impact tant économique que moral de ces petites bêtes pour les agriculteurs du nord Aveyron. «Les phases d’invasion de rats entraînent la destuction de prairies, des pâtures et affaiblissent la récolte de foin, les agriculteurs peuvent perdre beaucoup et ont déjà beaucoup perdu», a argumenté Dominique Fayel. Le président de la FDSEA regrette le manque de moyens sur la lutte : «la recher-che publique n’est pas mobilisée, les règles environnementa-les nous empêchent d’agir et les moyens chimi-ques sont restreints».
«Si contre la météo nous ne pouvons rien, contre les campagnols, nous pouvons faire quelque chose, encore faut-il s’organiser et donner les moyens d’agir efficacement», avancent les responsables professionnels.
La profession demande également une indemnisation des pertes fourragères car les dégâts de campagnols obligent les agriculteurs à acheter du fourrage, supportant des factures jusqu’à 50 000 euros !
Trouver des moyens de lutte efficaces
Alors que le Cantal a déjà initié un arrêté départemental concernant la lutte contre les rats taupiers, les agriculteurs demandent une meilleure coordination d’actions entre les départements et les régions, certains s’ils sont installés en Aveyron, possèdent aussi des estives dans le Cantal par exemple. Sur ce point, ils demandent l’appui du Préfet de l’Aveyron. Et nombre de propriétaires ne sont pas toujours agriculteurs et donc pas forcément sensibles à cette problématique des rats taupiers, qui dépassent pourtant le cadre agricole et peut devenir un sujet de santé publique. C’est pourquoi, la profession agricole demande aussi la mobilisation des collectivités locales sur le sujet, Vincent Alazard, conseiller départemental, participait d’ailleurs à la réunion technique.
De même le syndicat mixte de préfiguration du Parc naturel régional de l'Aubrac s’est penché sur la problématique pour accompagner les agriculteurs sur 6 zones pilotes, dont 4 en Aveyron mais le coût de ces opérations est élevé et les moyens financiers manquent, de même pour les programmes de recher-che en cours.
Des groupes de travail en place
«La recherche est nécessaire car tout ne peut pas être résolu tout de suite, elle doit donc être soutenue», a assuré le Préfet de l’Aveyron. Accompagné des représentants de la DRAAF et du ministère, Louis Laugier compte sur la volonté collective des agriculteurs pour lutter contre les rats taupiers. Néanmoins, les services de l’Etat avouent manquer d’éléments précis sur les pulullations. Ils participent à des groupes de travail à l’échelle du Massif central pour avancer sur des moyens de lutte efficaces sur ce territoire spécifique.
«Nous prenons le problème à bras le corps», a assuré le Préfet de l’Aveyron, «cet automne, j’avais déjà pu constater les actions menées par les agriculteurs : réseau de surveillance, piégeages, installation de piquets pour les proies,... mais il y a encore beaucoup à faire. Nous allons réfléchir ensemble avec la profession à la mise en œuvre d’indemnisations plus rapides, plus souples, à l’accompagnement de la recherche,... en nous appuyant sur les données du terrain et le ressenti des agriculteurs».
Eva DZ
28 avril 2016
Conduite du mais ensilage bio : compromis entre sol, météo, savoir-faire
Avec l'augmentation des conversions en AB ce printemps et notamment dans la filière bovin lait, de nombreux agriculteurs vont s'initier à la culture du maïs ensilage bio. Cet article présente les éléments clés pour réussir.
Place dans les rotations
En agriculture biologique, la monoculture du maïs n'est pas une pratique envisageable. Il est préférable de l'introduire dans des rotations de 5 à 7 ans pour éviter l'épuisement et le salissement du sol. En Aveyron, en élevage laitier, le maïs suivra très souvent 3 à 5 ans de prairie. Une prairie précédant un maïs doit être, si les conditions le permettent, enfouie précocemment pour diminuer la présence de taupins. Il n'est pas impossible de faire suivre deux maïs sur deux ans, cependant, il faut que la qualité du sol soit bonne ou qu'il soit irrigué. Sans ces conditions, le deuxième maïs va voir son rendement à la baisse notamment à cause du salissement. Dans le cas de deux maïs successifs, il est préférable d'implanter un couvert végétal entre les deux cultures. On préfèrera un méteil à un ray-grass car celui-ci assèche plus le sol si ce couvert doit être récolté. Dans le cas d'un couvert à vocation d'engrais vert, on privilégiera les légumineuses et les crucifères. Une céréale à paille peut suivre un maïs pour clôturer la rotation si un seul maïs.
Choix des semences
La semence doit être certifiée AB. Plusieurs critères sont à privilégier pour le choix des semences en AB. L'objectif est de trouver un compromis entre précocité, vigueur, résistance aux maladies, à la sécheresse et rendement en fonction de la situation pédo-climatique donnée. En zone haute, il faudra choisir un indice un peu plus précoce qu'en conventionnel du fait du décalage de la date de semis.
Au départ, le maïs va être en concurrence avec des adventices et soumis à des parasites, des insectes ; c'est pour cela qu'un maïs vigoureux est un choix judicieux.
Préparation du sol et semis
Le labour, bien qu'il soit de plus en plus discuté, reste une bonne solution pour enfouir des prairies et éliminer les adventices sensibles surtout sur les graminées tels que les panics. Cependant, il reste plus aléatoire sur les chénopodes, l'amarante. Un labour peu profond avec un travail du sol comme le semis, peut être réalisé un mois avant pour permettre un faux semis.
Le faux semis est une pratique appréciée en AB afin de faire germer les adventices et les détruire dès la germination avec un passage de vibroculteur par exemple 2 à 3 semaines après le labour. Le travail du sol à la reprise sera en fonction de l'affinement de la terre. Le but étant d'obtenir un sol meuble et le plus propre possible.
Le maïs en TCS est peu pratiqué actuellement en Aveyron. Dans cette technique, il faut privilégier la destruction de la prairie à l'automne pour implanter un couvert végétal gélif qui servirait d'engrais vert et dont le système racinaire travaillerait le sol.
Le semis en AB est souvent retardé par rapport au semis en agriculture conventionnelle (environ 10 jours plus tard quelle que soit la zone). Le but est d'implanter le maïs dans une terre plus chaude pour favoriser son développement rapide dès le début. Un maïs qui germera vite et poussera plus rapidement concurrencera mieux les limaces, le taupins et les adventices. La densité de semis sera un peu plus élevée par rapport au semis conventionnel (80 000 à 100 000 pieds/ha) afin de compenser les pertes liées au taupin et au dé-sherbage. Le semis se réalise le plus souvent avec le passage d'herse rotative en combiné.
Fertilisation
La fertilisation du maïs provient essentiellement de l'apport d'effluents d'élevage avant le labour. 10 à 15 T/ha de compost ou 20 à 25 T/ha de fumier ou lisier peuvent être épandus avant le labour pour atteindre 80 à 100 unités d'azote organique/ha. Il est possible d'épandre des effluents d'élevage conventionnel à condition qu'ils proviennent d'exploitations ayant des surfaces d'épandage suffisantes et qu'ils soient compostés.
Désherbage
Le désherbage du maïs en AB débute avant le semis notamment avec le labour et/ou le faux semis. Le désherbage est entièrement mécanique avec l'utilisation d'herse étrille, d'houe rotative ou de bineuse.
La herse étrille va être sollicitée au bout de 3-5 jours après le semis. Le but étant de mettre en surface les germes d'adventices pour que le soleil les dessèche et notamment ceux sur le rang. Il faut cependant bien maîtriser l'agressivité des dents de la herse et la vitesse de travail qui doivent être moindres. Un deuxième passage est conseillé au stade 4-5 feuilles tout en ajustant la herse à un travail très superficiel et une vitesse de travail faible (4-5 km/h). L'efficacité de cette pratique est d'autant plus importante avec un temps ensoleillé et chaud qui permettra d'éliminer les adventices arrachées.
La houe rotative accomplit un travail similaire à la herse étrille. Elle s'adapte à plusieurs types de sol et doit être utilisée pour des adventices au stade filament. Son usage permet aussi de casser la croute de battance.
La bineuse est l'outil de prédilection pour terminer le désherbage avant que le maïs ne couvre l'inter-rang. Son passage est réalisé lors du stade 8-10 feuilles de la culture et peut être répété s'il a été effectué sur un stade plus précoce.
Il faut retenir que le désherbage mécanique du maïs est d'autant plus efficace que les adventices sont jeunes et les conditions favorables. La réactivité de l'agriculteur par rapport à la fenêtre météo sera déterminante. Les pertes de pieds de maïs dues à une mauvaise maîtrise de ces outils sont compensées par la densité de semis plus importante qu'en conventionnel.
Un coin de champ sur le dé-sherbage mécanique du maïs sera organisé début juin en partenariat avec la FDCUMA.
Irrigation
La capacité à irriguer un maïs est un vrai atout pour cette culture, surtout en AB. Le maïs est très sensible au déficit hydrique notamment au début de son développement, avant et après la floraison et lors du remplissage du grain. Il va falloir trouver le bon équilibre entre quantité d'eau, besoins de la plante et conditions climatiques afin d'avoir une croissance optimale de la plante. Lorsque l'irrigation est pratiquée, les rendements en AB sont proches de ceux en conventionnels.
Le stade de récolte du maïs ensilage bio est identique à celui en conventionnel (stade grain pâteux, 32 % de MS). Cette culture est une source d'énergie très intéressante en production laitière. Elle s'utilise en complément de fourrages azotés (patûre, ensilage, foin, méteil protéagineux..), jamais en fourrage dominant car sa complémentation azotée en AB est à un prix très élevé.
Jérémy Séguret, stagiaire mission AB, Chambre d'agriculture
28 avril 2016
Journée agronomie à Flavin avec Lucien Séguy : protéger et produire
Belle réussite pour la journée agronomie organisée à Flavin jeudi 21 avril par le syndicat du bassin versant du Viaur en partenariat avec l’association Clé de sol. Près de 200 personnes ont assisté en journée à la conférence de Lucien Séguy, ingénieur agronome et plus d’une centaine était présente à la soirée débat qui a suivi.
Oui l’agronomie peut être un levier à la compétitivité des exploitations ! Tel fut le discours de Lucien Séguy, ingénieur agronome qui a passé sa carrière aux quatre coins du monde à travailler sur les couverts végétaux notamment. «Comme un tapis que l’on pose au sol, le couvert végétal peut s’installer partout, sur tous les types de terrain, c’est un système généralisable et extrapolable», a introduit Lucien Séguy. A condition toutefois de respecter certains préalables : éliminer les contraintes physiques majeures du profil cultural (compaction, semelles de travail du sol), corriger les déficiences chimiques importantes pour les cultures, détruire les mauvaises herbes pérennes (vivaces) et avoir un sol bien nivelé en surface.
«En plus de protéger, le couvert végétal permanent permet de produire plus et plus propre», assure le spécialiste. «Mais il faut bien savoir quels couverts mettre en place, pour quelles fonctions. Il ne faut pas se tromper sur les propriétés des plantes: je pense que le plus efficace est le mélange de plantes». Et pour ceux qui ne peuvent mettre de couverts végétaux entre les cultures, Lucien Séguy propose d’associer aux cultures, des plantes de service. «Les couverts végétaux sont des mini-forêts à intégrer dans les systèmes de culture et de production. Ils sont multifonctionnels : régénérateurs et pourvoyeurs de fertilité biologique pour les sols». Il poursuit : «C’est la qualité et la quantité de biomasse et de carbone qui comptent dans les couverts végétaux : cela s’obtient par la biodiversité, le nombre de plantes et leur complémentarité dans l’espace et le temps».
"Un outil d’une révolution verte"
Pour Lucien Séguy, les couverts végétaux sont «un outil d’une révolution verte qui apporte une productivité élevée, stable, une fertilité croissante, de la production, de l’eau et des sols propres». Par la force des plantes et la biodiversité fonctionnelle, ce spécialiste a constaté sur le terrain, des sols dégradés voire stériles qui ont retrouvé une belle productivité !
C’est donc au terme d’une journée riche en enseignements, que les participants ont retenu l’ABC des surfaces couvertes : absence de travail du sol, biodiversité fonctionnelle et couverture des sols. «Cet apport de connaissances et les témoignages d’agriculteurs aveyronnais qui utilisent les couverts végétaux sont autant d’enseignements pour ceux qui souhaitent se lancer. Et nous les accompagnerons dans leurs travaux», ont expliqué Héléne Pouget, animatrice du syndicat du bassin versant du Viaur et Sarah Singla, de l’association Clé de sol, les deux structures organisatrices de l’événement.
Parmi les témoignages complémentaires, Alain Canet, président de l’association française d’agroforesterie a présenté le programme Agr’eau, proposé sur le bassin Adour Garonne, qui travaille sur l’optimisation des couverts végétaux, la qualité et la quantité d’eau, le sol, les paysages, le climat, la biodiversité et la productivité agricole. «On peut produire et protéger en même temps», assure-t-il. «L’Aveyron est un département agroforestier où l’on peut bien valoriser les branches des arbres qui protègent et bonifient les sols. A nous désormais de vulgariser ces données en s’appuyant sur l’expérience de nos pionniers !». Les journées techniques comme celle de Flavin, y contribuent.
Eva DZ
24 mars 2016
Assemblée générale producteurs de semences de maïs : «Une belle campagne 2015»
L’assemblée générale du syndicat des producteurs de semences de maïs de l’Aveyron (SPSMA) s’est réunie jeudi 17?mars, à Baraqueville, sous la présidence de Franck Chincholle.
Le syndicat rassemble 84 producteurs de semences de maïs installés en Aveyron avec une moyenne de 8?ha par exploitation, et une culture souvent associée à une production d’élevage. Ils travaillent sous contrat avec RAGT avec une superficie totale de 633 ha dans le département, en 2015. «Après plusieurs années de hausse, la production de maïs semence se heurte à la conjoncture morose des marchés», souligne Emmanuel Boucher, responsable technique du SPSMA. «Les surfaces françaises 2015 sont en baisse de 25?% pour atteindre 70 000 ha. Si cette baisse était prévisible et renoue avec des niveaux de production plus raisonnables, elle n'en demeure pas moins difficile à absorber pour les réseaux de producteurs. Avec un programme de 633 ha, le réseau aveyronnais accuse ainsi une baisse de 19 % de ces surfaces (150 ha) soit en moyenne 2 ha par exploitation».
Irrigation
Mais les producteurs ne se sont pas découragés et les mises en place se sont faites dans de bonnes conditions, «de telle sorte que plus de 92 % des femelles ont pu être semées au mois de mai. Mises en place qui ont marqué le lancement d'une longue et intense campagne d'irrigation», note le SPSMA. Avec un temps sec les irrigations ont été nécessaires dès les semis pour harmoniser et synchroniser les levées. La suite fut marquée par de faibles précipitations et de fortes chaleurs. «L'engagement des producteurs et la mobilisation indispensable des ressources en eau ont permis de conserver le potentiel des cultures». L’occasion pour Fanck Chincholle «de souligner toute l'importance de l'accès à la ressource en eau ! Avec une fin d'été plus favorable, les récoltes se sont finalement déroulées dans de bonnes conditions et nous avons pu conclure une belle campagne en livrant plus de 102 % des quintaux objectifs qui nous étaient fixés. Ces bons résultats sont très satisfaisants et marquent une différence notable avec ceux des secteurs plus exposés à la canicule de l'été 2015».
Côté économique, les résultats sont en léger recul par rapport à 2014 (- 113 €/ha en moyenne), recul essentiellement lié à la légère baisse des résultats techniques de cette année par rapport à l'excellente récolte 2014 (104?% des objectifs techniques). Selon le SPSMA, «cette relative stabilité découle directement de notre accord conclu avec RAGT, qui fonde en grande partie le prix des contrats maïs semence sur une moyenne pluriannuelle des prix maïs consommation, lissant ainsi fortement les variations du marché».
Compétitivité
Les systèmes de péréquation (assurance multirisque climatique, caisses de risques) développés au sein de la filière ont permis de redistribuer près de 50?000 € sur le réseau des producteurs aveyronnais et ainsi de redresser les rémunérations de plus de 25 % des contrats. «Ainsi, bien que le revenu brut à l'hectare soit relativement stable, la rentabilité et le revenu global de l'atelier semence sur l'exploitation sont quant à eux en baisse sous l'effet des réductions de surfaces». Pour le SPSMA, «alors que la conjoncture sur le marché des semences de maïs impose une nouvelle baisse des surfaces en 2016, l'esprit de solidarité et de partenariat qui anime la filière s'annonce primordial». Dans les prochains échanges qui définiront les accords pour 2016, le SPSMA aura à cœur «de faire valoir la souplesse de son réseau qui malgré la fluctuation des plans de production n'a eu de cesse de poursuivre ses efforts et ses investissements pour améliorer ses performances, gage de compétitivité pour son partenaire RAGT».
Source SPSMA
18 février 2016
Les échos d’Ecophyto 2 : programme d’action renforcé
Le plan national Ecophyto, mis en place en Aveyron sur 12 exploitations via le programme d'action DEPHY, a permis de constituer un référentiel de systèmes de culture combinant une moindre utilisation des produits phytosanitaires et la performance économique des exploitations. Tout en continuant un travail de recherche, les actions à venir, intégrées dans le plan Ecophyto 2, visent à divulguer au plus grand nombre les techniques qui rendent les systèmes de culture économes en phytosanitaires et économiquement performants.
Le plan Ecophyto a été initié en 2008 et concrétisé en 2011. Les travaux effectués depuis cinq ans au sein des fermes DEPHY Ecophyto de l’Aveyron ont donné des résultats probants sur la diminution de l'utilisation des produits phytosanitaires. Les mesures relevées suite aux essais réalisés ont montré une baisse ou une stabilisation de l’IFT (Indice de Fréquence de Traitement) bien en dessous des moyennes régionales. Ces résultats confirment la possibilité de développer une agriculture performante et productrice dans le cadre d’un développement durable.
Un réseau de fermes partenaires à conforter
Le nouveau plan Ecophyto, qui doit s’engager cette année, maintient ces objectifs de baisse d’utilisation des produits phytosanitaires dans l’acte de production agricole. Pour y parvenir, la mise en place d’essais de terrain est primordiale : le suivi d’agriculteurs volontaires qui mettent leur exploitation à disposition des expérimentations est donc maintenu.
La volonté des dirigeants nationaux de renforcer le suivi Ecophyto, appelé Plan Ecophyto 2, donne la possibilité à de nouveaux agriculteurs d’intégrer le groupe DEPHY du département. Une procédure d’engagement est en cours. En plus du ré-engagement des éleveurs «historiques», les nouvelles exploitations contribueront à développer les suivis individuels et l’animation collective.
Fermes Dephy : du projet individuel à la valorisation collective
Par la mise à disposition de leurs parcelles dans le cadre d’essais techniques, les agriculteurs engagés dans le groupe DEPHY contribuent très largement à la constitution de références.
Le travail qui démarre en 2016 confortera et approfondira les résultats déjà atteints. Un projet individuel pour chaque exploitant sera étudié, ainsi la priorité de l’éleveur sera respectée. A titre d’exemple, la volonté de maintenir un couvert végétal permanent, la recherche de l’autonomie fourragère ou le souhait de pratiquer les techniques simplifiées de travail du sol pourront être étudiés dans le cadre d’une diminution d’application des phytosanitaires. Pour l’ensemble du groupe, un projet collectif, construit sur les attentes communes à tous les participants, servira de fil rouge pour l’animation collective.
La communication, objectif clé d'Ecophyto
La réussite du plan Ecophyto est conditionnée par la valorisation des résultats obtenus. C'est la raison pour laquelle, en parallèle du suivi individuel et de l’animation collective du groupe DEPHY, des actions de communication - démonstration seront organisées tout au long de l'année. Elles auront pour but de diffuser et de vulgariser auprès du plus grand nombre les innovations techniques testées et validées chez les producteurs DEPHY. Pour certaines de ces actions, les lycées agricoles intégrés dans l’action Ecophyto, serviront de support. Une partie des élèves sera mise à contribution pour la mise en place des essais, la préparation et la réalisation de journées de communication.
DEPHY et couverts végétaux : rendez-vous à Albi le 24 mars
Une première demi-journée de démonstration va avoir lieu le 24 mars, à Bellegarde dans le Tarn, sur l’exploitation du lycée agricole d’Albi Fonlabour. Cette rencontre consacrée aux couverts végétaux présentera différents types de couverts et les résultats obtenus sur le sol. La société RAGT, partenaire du réseau DEPHY sur le Tarn et l’Aveyron, présentera une gamme de couverts végétaux à choisir suivant les objectifs de l’éleveur.
Le programme de la journée sera détaillé dans une prochaine édition de la Volonté Paysanne.
Jean-François Levrat, ingénieur réseau Ecophyto, Chambre d'agriculture de l'Aveyron
04 février 2016
Production de châtaignes et cynips : la lutte biologique est déclarée
Une quarantaine de producteurs ont récemment participé à une réunion technique sur la lutte biologique contre le cynips à Rignac. Les propriétaires de vergers de châtaigniers, les forestiers et les apiculteurs étaient invités.
L’objectif était de présenter le cynips du châtaignier et son moyen de lutte biologique. Christian Boivin, inspecteur sanitaire à la Fédération Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles (FREDON), à Ramonville St-Agne (31) est intervenu lors cette réunion, avec l’appui de Nicolas Borowiec de l’INRA de Nice. Ils ont présenté les connaissances relatives au programme de lutte développé au Japon et en Italie. Concernant les suivis en Italie, cinq années après les premiers lâchers de torymus, la production de châtaignes était équivalente à celle d’avant l’arrivée du cynips.
Torymus sinensis
De nombreuses publications circulent sur la présentation du cynips comme sur la plaquette de l’Union Interprofessionnelle du Sud-Ouest. Au niveau du torymus sinensis, qui est de couleur vert métallisé, cet auxiliaire rentre dans une chaîne alimentaire. Ces parasitoïdes sont inféodés à une famille de proie.
La femelle, grâce à une tarière de ponte, introduit un ou plusieurs œufs dans les galles de cynips au printemps. Le stade idéal de ponte est le stade D du châtaignier. C’est-à-dire quand l’enveloppe du bourgeon, sur les feuilles apparentes, tombe. Une femelle pond de 60 à 70 œufs. Dès leurs éclosions, les nymphes de torymus se nourrissent des larves de cynips. La température souhaitable lors des lâchers est de plus de 10 degrés. Lors des lâchers, il faut repérer si possible les lieux ensoleillés et les répartir sur plusieurs points. Selon les comptages effectués, entre 80 à 90 % des torymus adultes sortent au bout d’un an.
Pour approvisionner les lâchers, le torymus est récupéré dans des galles collectées en hiver puis élevé et trié des autres insectes, avant d’être mis en dormance et nourri avant le lâchage. On rentre alors dans un cycle de lutte où après une phase d’attaque de cynips, de lutte avec les torymus, de régulation des cynips, il y aura d’autres phases avec des recrudescences nécessitant des moyens de lutte plus longs.
Un comptage avec la FREDON
Pour les producteurs ayant déjà effectué des lâchers de torymus, la Fredon propose cette année, sur la base de prélèvements par secteur géographique, un comptage de torymus sur 500 galles afin de réaliser des lâchers permettant un meilleur maillage territorial. La Fédération départementale castanéïcole va se positionner sur quatre sites sur le département, ou plus selon la demande.
Christian Boivin a indiqué un délai d’une semaine sur ce suivi des lâchers. D’autre part, afin d’optimiser la période idéale de lâcher en 2016, une fiche avec un protocole permet de réaliser un suivi d’évolution des bourgeons par stade.
Pour une bonne coordination de cette démarche avec ces relevés, les personnes concernées doivent contacter Daniel Marre, conseiller agricole à la Chambre d’agriculture de l’Aveyron, ou Michel Lacombe, président de la Fédération départementale castanéïcole, au 05 65 73 79 01.
Voici les adresses internet pour télécharger la fiche de transmission des observations des stades phénologiques du châtaignier :
http://www6.inra.fr
http://limousin.synagri.com
31 décembre 2015
Zone vulnérable-analyses de sols obligatoires : la campagne prélèvements sur céréales d'hiver lancée
Sur les 10 communes de la Zone vulnérable délimitée en 2012, les agriculteurs cultivant plus de 3 ha de surface doivent effectuer au minimum une analyse de sol par an. La campagne de prélèvements de terre pour analyse de reliquats azotés organisée en ce début d'année par la Chambre d'agriculture a un double objectif : réglementaire certes, mais aussi agronomique. Découvrons plus en détail les avantages de cette opération et les modalités d'inscription.
Que dit la Directive Nitrates aujourd’hui ?
La réglementation impose aux agriculteurs qui cultivent plus de 3 ha sur les 10 communes de la Zone vulnérable 2012 de réaliser au moins une analyse de sol par an. Sont concernées les communes de Calmont, Camboulazet, Castanet, Crespin, Manhac, Naucelle, Pradinas, Rullac, La Selve et Tauriac de Naucelle.
Pour aider les agriculteurs à répondre à cette obligation, la Chambre d’agriculture propose un service de mesure de reliquats azotés sous forme de campagnes de prélèvement. La première, sur parcelles de céréales, va avoir lieu très bientôt. C’est le moment de s’inscrire !
Remarque importante : les 136 autres communes nouvellement intégrées à la ZV (liste parue en mars 2015) ne sont pas concernées à ce jour : cela signifie que les agriculteurs de ces communes n’ont aucune obligation pour la campagne 2015/2016.
Un service très utile pour les analyses de sol annuelles obligatoires
Pourquoi organiser une campagne de mesure de reliquats azotés ?
La valeur du reliquat azoté dans le sol est un des paramètres du calcul de la dose prévisionnelle d’azote. Sa mesure est cependant délicate car :
- sa fiabilité nécessite de respecter les conditions de réalisation du prélèvement (profondeur et protocole d’échantillonnage), ainsi que la chaîne du froid et le délai entre le prélèvement et l'arrivée au laboratoire,
- son interprétation dépend de l’historique de la parcelle (voir plus bas).
Afin de rendre les choses plus faciles et de faire en sorte que ces analyses soient effectuées dans des conditions optimales, la Chambre d'agriculture met en place une campagne de prélèvements auprès des agriculteurs.
Les prélèvements sont délégués à un opérateur, ce qui est un gain de temps. L’opération collective permet aussi l’accès à un tarif préférentiel (61,20 € HT/ analyse).
Des mesures parfois difficiles à interpréter et à intégrer au calcul
Le reliquat azoté mesuré résulte de la somme de l’azote sous forme ammoniacale (NH4+) et de l’azote sous forme nitrique (NO3-) présents jusqu’à une profondeur de 60 cm. Le NH4+ a la capacité de se transformer en NO3-, c’est cette dernière forme qui est principalement utilisée par la plante.
La mesure du reliquat azoté est très bien adaptée aux systèmes de grandes cultures, faibles utilisateurs de matière organique et n’ayant pas de prairies dans la rotation. En revanche, en système d’élevage, les conditions sont particulières :
- les taux de matière organique dans le sol sont élevés,
- les épandages d’effluents organiques sont fréquents, notamment au semis des céréales,
- des prairies plus ou moins âgées précèdent la céréale.
De ce fait, les valeurs de reliquat azoté dans le sol (et plus précisément d’ammoniac) sont très fluctuantes dans le temps. Au moment de la mesure, on peut tomber sur des pics, ce qui conduira à surévaluer l’azote réellement disponible pour la plante sur son cycle de végétation.
A partir de la campagne 2016, pour contourner ce biais, le laboratoire va introduire des seuils sur la fraction ammoniacale mesurée, évitant ainsi les écarts manifestes à la réalité agronomique. La valeur obtenue sera toujours comparée aux cas-types de l’année. En cas d’écart trop important, il sera recommandé de retenir le cas-type correspondant à la situation de sa parcelle.
Pour rappel, ces cas-types sont calculés à partir de la méthode théorique d’Arvalis Institut du végétal : ils utilisent notamment des paramètres liés au précédent, au type de sol (rendement, azote apporté, minéralisation du sol…) et à la pluviométrie hivernale.
Au-delà de leur utilisation dans le calcul du bilan azoté, ces résultats restent valides vis-à-vis de l’obligation réglementaire de réalisation d’une analyse.
Comment ça marche ? Quand et comment s'inscrire ?
Les deux campagnes de prélèvement proposées vont se dérouler l'une en janvier pour les céréales d’hiver, et l'autre en début de printemps pour les maïs.
Un technicien de la Chambre d'agriculture sera présent sur les communes concernées pour prendre les commandes (voir le calendrier en encadré). Pour vous inscrire, c’est très simple et rapide : il suffit d’apporter une copie (que vous nous laisserez) des photos PAC de la parcelle de céréale d’hiver sur laquelle vous souhaitez effectuer l’analyse. Après localisation avec le technicien des parcelles sur un logiciel, votre commande sera enregistrée, le prélèvement sera ensuite réalisé (vous n'aurez pas besoin d'être présent) et, au final, vous recevrez directement les résultats de l’analyse à votre domicile début mars.
Un intérêt technico-économique certain
La mesure des reliquats azotés dans le sol à des moments importants de la culture - fin du tallage des céréales ou avant le semis des maïs - participe au pilotage optimisé de la fertilisation, avec à la clé une réduction des coûts induits et une meilleure efficience des apports. Faire réaliser le prélèvement sécurise la qualité de l'échantillon collecté et donc la valorisation au champ par vos soins des résultats de l'analyse.
L’opération conduira en outre à l'échelon collectif à une meilleure connaissance des conditions de culture pour des recommandations saisonnières plus précises.
Vianney Briand, conseiller animateur de territoire Ségala
24 décembre 2015
Pullulations de rats taupiers : le PNR Aubrac propose un programme d’actions
Le rat taupier, ou campagnol terrestre, a connu en 2015 une forte pullulation sur l’Aubrac, ainsi que dans d’autres régions du Massif central. Le syndicat mixte de préfiguration du PNR Aubrac lance un programme d’action avec les partenaires du territoire.
Si le campagnol terrestre a toujours été présent sur l’Aubrac, ses pullulations sont régulières depuis le milieu des années 80. Elles sont plus fréquentes et de plus grande ampleur.
Depuis le début de son existence, le projet de PNR de l’Aubrac est conscient du fort impact agronomique, économique, sanitaire et environnemental de ces pullulations.
La production d’herbe, base de l’élevage sur l’Aubrac, est altérée par ces pullulations et ces conséquences pèsent souvent fortement sur l’équilibre des exploitations agricoles et compromettent leur avenir. Parallèlement, plusieurs marqueurs de l’identité de l’Aubrac, tels que le paysage agropastoral, la qualité de l’eau et la diversité de la flore prairiale sont impactés par les dégâts des pullulations de campagnols terrestres.
Suite à plusieurs rencontres organisées courant 2015 à l’échelle du Massif central, le syndicat mixte de préfiguration du Parc naturel régional de l’Aubrac travaille aujourd’hui avec ses partenaires au montage d’un programme de lutte contre les pullulations de rat taupier : discussion avec des agriculteurs de l’Aubrac, rencontre des chercheurs (INRA, VetAgroSup, Université de Clermont-Ferrand et de Franche-Comté), rencontre des autres PNR du Massif central concernés, réunion avec les Chambres d’agriculture et les FREDON des trois régions et départements couvrant l’Aubrac.
Une action collective
Comme point d’étape vers le dépôt d’un projet auprès de financeurs, le syndicat mixte de PNR de l’Aubrac a organisé lundi 14 décembre à Saint-Urcize, une réunion pour présenter un programme d’actions en cours de construction : objectifs, principes de travail, actions à porter avec les agriculteurs intéressés et les acteurs locaux.
Ce programme opérationnel s’organise autour de la création de 3 à 5 zones témoins d’intervention réunissant des groupes de 5 à 10 agriculteurs volontaires. Sur ces zones seront appliqués et adaptés des systèmes de lutte combinée (lutte mécanique, biologique, chimiques, pratiques agricoles, expérimentations), dans l’objectif de généraliser les systèmes efficaces, viables et adaptés à l’Aubrac.
Les agriculteurs participent
Une trentaine d’exploitants agricoles des 3 départements ont participé à cette réunion de travail, ainsi que les représentants de Chambres d’agriculture, de FREDON, du CDANA et du GVA de Chaudes-Aigues. Suite aux questions et échanges, de nombreux agriculteurs présents se sont inscrits pour commencer à agir de manière collective, coordonnée et à long terme.
Dès le début d’année 2016, le travail démarrera avec les exploitants volontaires pour préciser la délimitation des zones témoins (exploitations et parcelles contiguës) et les actions à y engager.
Après cette première étape, deux journées de travail seront organisées en Franche-Comté, pour que les agriculteurs participants de l’Aubrac échangent avec leurs homologues de Franche-Comté qui ont développé des systèmes de lutte efficaces.
Les adhésions, les réactions, les échanges enregistrés au cours de la réunion font un écho positif et donnent sens à l’initiative du syndicat mixte qui, en fonction de son périmètre interdépartemental et de ses missions (recherche, expérimentation) a mis en avant la lutte contre les rats taupiers dans l’avant-projet de Charte.
Contact : Syndicat mixte de Préfiguration du PNR de l’Aubrac : 09 62 11 55 86
e.herault@projet-pnr-aubrac.fr
17 décembre 2015
Campagnols : la situation reste préoccupante
En Aveyron comme dans un nombre croissant de départements, les dégâts causés par les campagnols progressent. Au-delà de la cyclicité connue dans le rythme des pullulations, les surfaces touchées s’étendent. Après le nord du département et le Lévézou, la présence de ces rongeurs est maintenant relevée quasiment partout avec plus ou moins d’intensité.
Selon le cas, il s’agit de campagnols terrestres, de campagnols des champs ou des deux ensembles. Des moyens de lutte existent aujourd’hui, bien que pas toujours aisés à mettre en œuvre. S’il est indispensable de les préserver, d’autres doivent venir les compléter.
La problématique des campagnols s’étend désormais sur tout le territoire départemental mais également national. Au-delà des dégâts causés sur les prairies et les cultures, de la perte financière induite, des menaces pour la santé des animaux et de l’agriculteur, c’est un enjeu de santé publique. Ce ravageur est en effet un des vecteurs d’une maladie humaine incurable à ce jour, l'échinococcose alvéolaire.
Si les mécanismes biologiques déclenchant les pullulations sont encore mal connus malgré des études de longue date principalement en Franche Comté, la loi définit les conditions de lutte chimique dorénavant communes pour les deux variétés de campagnols citées. Cependant comme indiqué précédemment, les moyens mis à disposition sont certes indispensables mais insuffisants au regard de la situation. De nombreux appels sont lancés pour obtenir que des moyens, à la hauteur de l’enjeu économique et sanitaire, soient mis dans la recherche afin d’aboutir à de nouveaux outils de lutte.
Fonds de mutualisation ?
Par ailleurs, même si la lutte reste la priorité, depuis plusieurs années, la FDSEA de l’Aveyron s’est engagée aux côtés de différents départements français concernés pour obtenir des indemnisations au travers du fonds de mutualisation. Le fond transversal pourrait apporter une aide individuelle à la lutte. Les démarches se poursuivent pour obtenir une indemnisation des dégâts qui se ferait quant à elle au travers du fonds ruminant.
Localement, le réseau de surveillance va être réactivé. Il va être animé par deux conseillers de la Chambre d’agriculture ap-puyés par la Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles (FREDON). Marlène Chantel du comité de développement du nord Aveyron et Vianey Briand du comité de développement du Ségala assureront, avec la FREDON, la liaison avec les agriculteurs membres du réseau afin d’établir un état des lieux régulier de l’évolution de la situation et d’accompagner si besoin des actions de lutte collective. Les agriculteurs intéressés pour y participer sont d’ores et déjà invités à contacter le secrétariats du CDANA.
08 octobre 2015
Mission d’enquête : les orages ont marqué le sud-Aveyron
Les orages des 12 et 13 septembre ont marqué le sud Aveyron et ont notamment causé d’importants dégâts sur le sol. Le comité départemental d’expertise était en visite sur le terrain, jeudi 1er octobre.
Les responsables locaux des communes de Fayet, Montagnol, Mélagues et Tauriac de Camarès avaient alerté la FDSEA sur les dégâts causés par les orages des 12 et 13 septembre. Leur requête a porté ses fruits puisqu’une mission d’enquête s’est déroulée sur le terrain, afin d’évaluer l’étendue des dégâts et des pertes subies par les agriculteurs.
Jeudi 1er octobre, les responsables locaux FDSEA ont accueilli les membres du comité départemental d’expertise, sur trois exploitations (deux à Mélagues, une à Montagnol). Les exploitants ont expliqué qu’entre le 12 et le 13 septembre, il était tombé 400 mm dont plus de 200 mm en seulement 3h ! Des informations confirmées par les données météo. De l’avis de tous, experts et agriculteurs, cette quantité de pluviométrie en peu de temps n’avait pas été observée depuis plus de 10 ans.
Les dégâts occasionnés sont essentiellement des dommages au sol (ravinement,...) ainsi qu’aux ouvrages (captages d’eau,...) et aux clôtures. Le périmètre retenu pour une demande de reconnaissance en perte de fonds concerne quatre communes : Fayet, Montagnol, Mélagues et Tauriac de Camarès.
Suite à cette mission d’enquête, le comité départemental d’expertise va construire un dossier argumenté qui sera présenté en commission nationale. Cette dernière statuera sur l’éventuelle reconnaissance du périmètre retenu au titre des calamités agricoles.
Eva DZ
08 octobre 2015
Vendanges en Aveyron : «une année particulière»
De la précocité dès la floraison, un été sec avec de grosses chaleurs, des pluies juste avant les vendanges, la saison viticole en Aveyron a été particulière sur les quatre vignobles AOC (Marcillac, Côtes de Millau, Entraygues-Le Fel et Estaing) et sur les vignes IGP Vins de l’Aveyron, selon Karine Scudier, conseillère viticulture à la Chambre d’agriculture.
«La saison a été en avance dès le départ, sur le cycle végétatif avec une floraison précoce dès le début du mois de juin. Jusqu’à juillet, nous n’avons pas eu de catastrophe, les vignes ont reçu assez d’eau, les températures n’étaient pas trop élevées.
Puis très vite, les grosses chaleurs sont arrivées, impactant différemment les vignobles. Heureusement les cycles de grosses chaleurs n’étaient pas trop longs dans le temps, ce qui a permis de ne pas bloquer le cycle végétatif de la vigne. Si les vignobles de la vallée du Lot ont été un peu arrosés en août en quantité suffisante, ceux des Côtes de Millau et de Marcillac, ainsi que la partie ouest du département pour l’IGP Vins de l’Aveyron, ont été beaucoup plus secs.
Heureusement ces chaleurs n’ont pas pénalisé la croissance de la vigne et la maturité des raisins. En plus, les belles journées ensoleillées de la deuxième quinzaine de septembre conjuguées aux températures fraîches du matin ont permis de fixer les arômes, ce qui fait toute la force de nos vins aveyronnais.
Des vignes très propres !
D’un point de vue sanitaire, la saison a été magnifique et les vignes étaient très propres, ce qui sous-entend que les vignerons sont très peu intervenus et ont donc limité les traitements. C’est aussi un point positif pour la suite puisque nous bénéficions de vignes tout à fait saines et pas impactées par la grêle.
Seul le secteur de Millau a été victime de fortes pluies (de l’ordre de 100 mm en un week-end) juste avant la récolte, ce qui a précipité les vendanges pour éviter la pourriture. Mais globalement, les vignerons ont récolté une très belle matière première, et ce quels que soient les vignobles, ce qui laisse augurer des vins de qualité avec de très bons potentiels. Le travail en cave à venir devrait nous confirmer cette tendance, c’est ce que nous espérons tous?!».
Recueillis par Eva DZ
17 septembre 2015
Journée méca FD-CUMA à Bernussou : foule d’infos sur l’agriculture de conservation
Salle comble pour la journée mécanisation de la FD CUMA organisée à Bernussou, mardi 15 septembre. Etudiants, agriculteurs, responsables professionnels, techniciens,... étaient nombreux à venir s’informer sur les nouvelles pratiques culturales.
Si les nouvelles pratiques culturales sont encore peu développées en Aveyron, une dynamique sur ce thème s’est mise en place avec plusieurs agriculteurs qui se testent dans plusieurs zones du département. Mais les informations et formations sur le sujet sont encore peu nombreuses. Ce sont les conclusions de l’étude menée par des étudiants de l’ENSAT auprès d’un groupe d’agriculteurs aveyronnais.
Qu’est-ce que l’agriculture de conservation ?
Des interrogations persistent auxquelles Jean-Pierre Sarthou, enseignant chercheur à l’INRA et agriculteur et Benoît Delmas, conseiller agronomie à la Chambre d’agriculture ont apporté des éléments de réponse. Jean-Pierre Sarthou a d’abord rappelé les trois principes de l’agriculture de conservation : l’absence de travail du sol, l’allongement des rotations et la couverture du sol avec des cultures intermédiaires.
Favorise-t-elle les rongeurs ?
«Oui mais pas toujours !», a répondu Jean-Pierre Sarthou. Tout dépend selon le chercheur de la dynamique des paysages, des pratiques et de la richesse du milieu naturel qui peuvent entraîner des oscillations dans leurs populations ainsi que dans celles de leurs prédateurs (rapaces mais aussi fouines, belettes,...). «Favoriser la biodiversité sur son exploitation en installant des perchoirs, des haies, des murets pour accueillir les ennemis des rongeurs est une solution pour limiter l’envahissement par les rongeurs», a avancé Jean-Pierre Sarthou. Et Benoît Delmas de préciser qu’en Aveyron, aucune différence n’avait été réellement constatée entre les parcelles travaillées ou non, en matière de dégâts de rongeurs.
Côté limaces, Jean-Pierre Sarthou a expliqué qu’au bout de 5 ou 6 ans d’absence de travail du sol et de non utilisation d’anti-limaces, les dégâts étaient en baisse. Un travail de recherche est en cours sur ce sujet.
Le sol est-il plus tassé ?
C’est en effet un risque, selon Jean-Pierre Sarthou puisqu’un excès d’eau si le sol n’est pas couvert augmente le tassement de la terre. Mais selon l’expert, dès la deuxième année de mise en place de l’agriculture de conservation, la portance des sols s’améliore grâce aux couverts qui le protègent. «L’activité microbiologique des sols diffuse une «colle biologique» que l’on peut assimiler à du béton armé dans du ciment et qui donc limite le tassement», a-t-il détaillé. Benoît Delmas a, lui, évoqué le trafic des engins sur les parcelles qui accèlère le tassement des sols.
Y-a-t-il plus de mauvaises herbes ?
«Oui au début», a répondu Jean-Pierre Sarthou. L’agriculture de conservation à travers les couverts végétaux entre cultures, protège les sols et favorise l’activité biologique des vers de terre qui contribuent à faire disparaître les graines des mauvaises herbes. «Certes il faut être patient, ce n’est pas du jour au lendemain mais quand le système de l’agriculture de conservation est performant sans bouleverser le sol, au bout de quelques années, les problèmes d’adventices, de mauvaises herbes s’estompent», assure Jean-Pierre Sarthou. Benoît Delmas encourage les agriculteurs à une meilleure utilisation des phytosanitaires dans de meilleures conditions. Des formations sont en place pour les accompagner dans ce domaine.
Les rendements sont-ils impactés ?
Certains agriculteurs ayant mis en place l’agriculture de conservation obtiennent de meilleurs rendements qu’avant tout en dépensant moins en intrants notamment, selon Jean-Pierre Sarthou. Tout dépend aussi des types de sol, des pratiques, des conditions pédoclimatiques (excès de pluie, sols argileux,...). «En améliorant la technicité des agriculteurs et nos connaissances dans ce domaine, les rendements seront meilleurs», a assuré le chercheur. «Il n’y a pas plus d’échec en labour mais nous avons encore beaucoup à apprendre sur ces nouvelles pratiques», a relayé Benoît Delmas.
Quelle réussite pour les associations d’espèces ?
L’association d’espèces se pratique depuis des millénaires. Associée à une économie d’intrants, elle produit plus à surface égale que deux espèces distinctes sur deux parcelles. Et de plus elle améliore la production de biomasse.
Des agriculteurs témoignent
Arnaud Paulhe est installé à Durenque, il réfléchit à développer sur son exploitation l’agriculture de conservation pour limiter l’érosion des sols et assurer leur préservation pour les générations futures et se simplifier le travail. Il a débuté avec l’utilisation du vibroculteur entre le labour et le semis puis le strip till avec la Chambre d’agriculture l’année suivante et l’essai a été concluant. «Mais je suis installé dans un secteur où les éleveurs font peu de maïs et les équipements spécifiques sont encore peu présents dans les CUMA voisines, je travaille avec une inter-CUMA sur le semis direct», explique l’éleveur qui «avance prudemment» car ayant des investissements, il ne peut se permettre de perdre en rendements. La Chambre d’agriculture l’accompagne dans sa démarche et cherche avec lui une inter-culture qui améliore la structure du sol et soit appétante pour ses vaches.
Christophe Costes, lui, pratique l’agriculture de conservation depuis un peu plus longtemps. Installé à Causse et Diège, sur 3 sites un peu éloignés, il voulait diminuer le temps de travail (déplacement des engins, baisse des heures de tracteur,...) et les charges de mécanisation. Il a arrêté de labourer en 2001 et a essayé sur ses sols argileux et de causses, des outils à disques, à dents mais le résultat n’était pas parfait. «J’avais du mal à maîtriser les adventices», témoigne-t-il. Il a démarré le semis direct en 2010-2011 et implanté de la luzerne sous couverts des céréales d’hiver. Parallèlement il a diminué les apports de phytos depuis 3 ans, en les positionnant mieux et en baissant les doses. «Aujourd’hui je maîtrise mieux mes coûts de production et mon temps de travail avec des résultats plutôt probants», même s’il reconnaît avoir connu quelques échecs : «Il faut être à l’écoute de son sol et ne pas hésiter à s’informer», conclut celui qui souhaite encore améliorer les couverts végétaux et leur valorisation par rapport à l’assolement, diminuer encore les apports de phytos et rechercher un matériel mieux adapté.
Enfin, Cyril Raucoules, éleveur dans le Tarn, fait partie d’un groupe d’agriculteurs qui s’est lancé dans l’agriculture de conservation. «Avant de démarrer il faut bien regarder l’état de son sol et commencer sur des parcelles propres, ce que je n’avais pas mesuré ! J’ai essayé de régler ce problème de salissement des parcelles par l’allongement des rotations et une plus grande variété dans les couverts. Nous avons commencé à moindre frais en fabriquant un semoir à dents avec un voisin Depuis 2 ans, nous travaillons sur des couverts végétaux permanents sur des maïs», a-t-il raconté. «Grâce à ce groupe, nous avons relancé l’activité de semis direct de notre CUMA et le fait de travailler à plusieurs nous motive et nous encourage à aller de l’avant, à mutualiser les informations que chacun peut glaner, c’est important de ne pas se sentir seul face à ces nouvelles pratiques», a-t-il conclu.
Un accompagnement CUMA
Jean-Pierre Sarthou a salué ces expériences : «les agriculteurs sont les meilleurs experts de leur système. Ils relèvent de sacrés défis dans lesquels nous devons les accompagner», a-t-il précisé.
La FD CUMA a d’ailleurs présenté une étude sur différents itinéraires techniques et leurs coûts (main d’œuvre comprise), le semis direct sous couvert fait économiser 70% de temps et de coût du travail par rapport à du labour en équipement individuel. Et l’activité de semis direct en service complet CUMA représente un coût supplémentaire de 3 euros/ha par rapport à la même activité en CUMA mais sans la main d’œuvre. «Le travail en CUMA permet une meilleure optimisation du matériel, une meilleure organisation et une meilleure efficacité sans oublier la possibilité d’améliorer sa technique grâce aux échanges entre adhérents», a conclu Christian Marty, responsable de la commission machinisme de la FD CUMA.
Eva DZ
03 septembre 2015
Rénover une prairie : le sur-semis pour améliorer sans détruire
Que ce soit pour des raisons climatiques ou suite aux attaques de campagnols, les prairies ont subi de sérieux aléas cette année. Par conséquent, les couverts se sont clairsemés et une intervention mécanique est souvent nécessaire pour les regarnir. C’est actuellement le bon moment pour intervenir.
Avant toute chose, faire l'état des lieux
Avant tout, il est nécessaire de bien estimer le niveau de dégradation. Pour cela, on peut considérer 3 niveaux en fonction de la proportion de bonnes espèces présentes (graminées et légumineuses) :
- niveau 1 : forte densité de bonnes espèces (plus de 70%). On peut améliorer la flore en modifiant certaines pratiques (alternance fauche/pâturage…).
- niveau 2 : entre 30 et 70 % de bonnes espèces. Le sur-semis est un bon compromis pour densifier le couvert sans repartir à zéro. En fonction de la présence ou non d’espèces indésirables, un désherbage sélectif peut aider.
- niveau 3 : moins de 30% de bonnes espèces. Il faut envisager une rénovation totale (avec ou sans labour).
Conditions de réussite d’un sur-semis
La difficulté de cette technique porte essentiellement sur le fait que l'on va semer des petites graines dans un milieu concurrentiel : leur levée peut en effet être perturbée par la présence du couvert déjà en place.
C’est pour cette raison que le couvert doit être le plus ras possible avant le sur-semis. Pour cela, un pâturage ou un broyage est nécessaire. Si la végétation est importante, on peut aussi récolter.
• Quelles espèces semer ?
Pour assurer la réussite du semis, il faut utiliser des espèces agressives comme les ray-grass hybrides et anglais avec des trèfles blancs géants. Pour des orientations plutôt fauche, on peut semer du brome ou des trèfles violets. On utilise les mêmes doses que pour un semis classique. Si l’éleveur a pour objectif de faire durer sa prairie, il peut ajouter des espèces plus pérennes mais moins agressives, comme les fétuques et les dactyles.
• Quels outils utiliser ?
L’objectif est de positionner la graine entre 0 et 1 cm de profondeur afin d’assurer un bon contact avec la terre. L’idéal est d’utiliser un semoir type semis direct. Ces matériels ont plus de poids et pénètrent mieux dans le couvert en place.
Toutefois, les outils présents sur la ferme peuvent très bien convenir. Dans ce cas, il est conseillé d’utiliser une herse (plate, étrille) pour créer de la terre fine avant le passage du semoir, ou en combiné. Par la suite, il est primordial de bien rappuyer, soit à l’aide d’un rouleau soit en réalisant un passage d'animaux.
Quelles que soient les conditions météorologiques qui vont suivre le semis, il faudra être patient. Les expériences antérieures ont montré qu’il faut bien un an pour constater une amélioration de la flore.
Benoit Delmas, conseiller agronomie-fourrage, Chambre d'agriculture
27 aout 2015
Jean-Pierre Sarthou, enseignant chercheur à l’INRA : quand agronomie rime avec écologie
Enseignant-chercheur spécialisé dans la protection des cultures mais aussi agriculteur, Jean-Pierre Sarthou (notre photo) sera présent à la journée mécanisation du 15 septembre à Bernussou pour apporter ses lumières. En attendant le jour J, voici sa présentation.
- Quel a été votre parcours ?
J-P. Sarthou : «Au début je ne souhaitais pas faire de longues études je voulais tout simplement être agriculteur. Finalement, après avoir étudié l’agriculture et la biologie-écologie, je suis rentré à l’ENSAT (Ecole Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse). Là, j’ai découvert l’entomologie appliquée à la protection des cultures, où lors d’un stage sur les acariens de la vigne, j’ai eu un déclic et compris qu’il y avait des équilibres biologiques à respecter.
Ensuite, grâce à une expérience sur les îles Kerguelen, je me suis rendu compte que l’environnement, et particulièrement la biodiversité dans les pays industrialisés, est à bout de souffle. Lorsque je suis rentré en France, je n’ai donc pas voulu travailler dans les phytos, je me suis alors rapproché du mouvement bio et j’ai contrôlé agriculteurs et transformateurs pendant deux ans. J’ai réalisé par la suite une thèse sur une sorte de mouches (les syrphidés), puis j’ai été recruté en tant que maître de conférences à l’ENSAT. En lien avec l’INRA, j’ai travaillé sur plusieurs projets avant de changer d’unité de recherche pour travailler aujourd’hui sur l’agriculture de conservation dans l’unité «AGIR» (AGroécologie Innovation teRritoire).
Entre temps, en 2008, j’ai repris une exploitation où mon objectif était de produire des céréales en agriculture de conservation. J’avoue qu’au début ça ne marchait pas, mais au bout de plusieurs années, le sol a vraiment évolué !
- Aujourd’hui, sur quoi travaillez vous ?
J-P. Sarthou : En ce moment je travaille sur la combinaison des services systémiques en agriculture de conservation. Autrement dit, nous essayons de voir s’il n’existe pas des systèmes de culture qui soient doublement performants sur le plan agronomique et écologique, c'est-à-dire des systèmes qui produisent beaucoup avec moins de produits phytosanitaires. Les premiers résultats sont très encourageants mais l’essentiel est en cours d’analyse.
Association aveyronnaise «Clé de Sol»
- Vous parlez d’agriculture de conservation, mais en quoi ça consiste exactement ?
J-P. Sarthou : L’agriculture de conservation est une agriculture où l’on ne travaille plus le sol (ou le moins possible), mais aussi où l’on allonge les rotations de culture (4 ans minimum) en alternant les familles, et où l’on garde toujours un sol couvert par un végétal maîtrisé et ses résidus, c'est-à-dire une culture de vente ou une culture intermédiaire.
- En septembre vous interviendrez lors de la journée mécanisation sur les nouvelles pratiques culturales en Aveyron, en quoi ces pratiques sont-elles importantes pour notre département ?
J-P. Sarthou : Je ne connais pas suffisamment l’Aveyron pour en parler précisément. En revanche je sais que l’association aveyronnaise, «Clé de Sol», créée par Sarah Singla, est un groupe très actif sur l’agriculture de conservation.
En ce qui concerne les enjeux des nouvelles pratiques culturales, ce sont les mêmes en Aveyron qu’ailleurs : améliorer le fonctionnement biologique du sol pour produire en utilisant moins d’eau et moins d’intrants. Ce sont des enjeux planétaires !
- Pourquoi avez-vous accepté de venir à cette journée ?
J-P. Sarthou : Parce que je pense y trouver un auditoire attentif et intéressé par ces questions tout à la fois agricoles, agronomiques et environnementales, donc agroécologiques. Elles ont une importance locale et régionale forte, mais aussi une portée planétaire majeure, celle de contribuer à limiter le dérèglement climatique par stockage du carbone dans les sols agricoles. Or, l’agriculture de conservation, avec l’agroforesterie, est la mieux placée pour cela».
Recueilli par Léa Carrère, FD CUMA.
20 aout 2015
Sécheresse dans le Nord-Aveyron : la procédure de reconnaissance en calamités agricoles déclenchée
La première mission d’enquête pour évaluer les conséquences et les impacts de la sécheresse sur les exploitations, s’est déroulée dans le nord Aveyron, jeudi 13 août.
La venue du Préfet de l’Aveyron, vendredi 31 juillet, sur une ferme de Lacalm pour «se rendre compte» des dégâts causés par la sécheresse et la canicule dans les élevages a porté ses fruits. Dès son retour à Rodez, Jean-Luc Combe a déclenché la procédure de calamités agricoles dans le département.
Première étape, recueillir sur le terrain les éléments techniques qui assurent des pertes dans les exploitations aveyronnaises suite à la sécheresse. Un arrêté a donc été pris pour démarrer une série de missions d’enquête diligentées par les équipes de la Direction départementale des territoires (DDT) avec l’appui de la profession. Puis un comité départemental d’expertise réunira les données recueillies pour constituer un dossier de demande de reconnaissance, à faire valider par une commission nationale (lire encadré).
Après sa rencontre avec des agriculteurs du nord Aveyron, à Lacalm, le préfet de l’Aveyron a ciblé cette zone du département pour la première mission d’enquête. Jeudi 13 août, les membres du comité départemental d’expertise, accompagnés par une délégation de responsables professionnels du nord Aveyron, se sont rendus dans plusieurs exploitations, sur les communes de St Chély d’Aubrac, Laguiole, Graissac, Saint Amans des Côts et Campouriez. Dans ces fermes, ils ont échangé avec les exploitants qui avaient, avec l’appui de la Chambre d’agriculture, réalisé un état des lieux des pertes de fourrages enregistrées cet été.
Entre 50 et 60% de pertes de fourrages
Par rapport à une année dite normale, les pertes de fourrages sont estimées entre 50 et 60%, dans les exploitations visitées, obligeant les agriculteurs à acheter du foin pour nourrir leur troupeau cet hiver. Pour exemple, la CUMA de Saint Amans des Côts réalise en année normale 5 000 bottes, cet été, 1 500 bottes ont été réalisées en première coupe et il n’y aura pas de deuxième coupe !
Plusieurs agriculteurs ont également expliqué que nombre d’entre eux seront obligés de vendre des animaux plus tôt étant donné qu’ils n’ont pas de stock de fourrages pour les nourrir. Ce qui engendre une perte de valeur de ces animaux qui seront sur le marché à une période moins favorable. Dans certaines situations, les éleveurs envisagent de décapitaliser. Sans compter un affouragement précoce des animaux de façon générale.
Pas de pluie depuis le 1er mai !
Il faut savoir qu’à part quelques orages très localisés fin juillet, le nord Aveyron n’a pas reçu d’eau depuis le 1er mai ! En estives, les animaux sont sur le point de redescendre faute d’herbe disponible. Alors que la descente des estives s’effectue habituellement mi-octobre !
Certains éleveurs évoquent aussi des problèmes de reproduction dus à la chaleur, une perte de productivité a été observée dans plusieurs troupeaux.
Globalement, à l’issue des visites des exploitations lors de cette première mission d’enquête, les membres du comité départemental d’expertise ont pu constater une situation assez dégradée suite à la sécheresse. La très faible pluviométrie en pleine période de pousse de l’herbe conjuguée à des températures très élevées dès le mois d’avril qui ont brûlé l’herbe ainsi que de nombreuses journées marquées par un vent fort ont engendré de grosses pertes sur les fourrages. L’accumulation de ces faits a des conséquences importantes sur les élevages.
Et ces informations ont été complétées par les remontées du terrain des responsables professionnels locaux, toutes productions confondues. Alors que les trésoreries sont déjà tendues en raison d’une conjoncture peu favorable, les éleveurs doivent en plus faire face à des achats supplémentaires de fourrages qu’ils n’avaient pas prévus, ont-ils alerté.
D’autres missions d’enquête à venir
Outre le nord Aveyron, d’autres zones du département devraient faire l’objet de missions d’enquête pour faire reconnaître l’impact de la sécheresse dans les exploitations aveyronnaises.
Eva DZ
30 avril 2015
Comité de Développement Agricole Rodez-Nord et semis direct : échanges et intérêts partagés
Le Comité de Développement Agricole Rodez-Nord (CDARN) et la mission Agronomie de la Chambre d’agriculture ont organisé mardi 28 avril, en salle, puis au GAEC de Ronnaguet à Flavin, une rencontre sur le thème «Couverts végétaux, semis direct et non labour».
Cette journée d’échanges et d’expériences concrètes entre agriculteurs et techniciens a rassemblé 80 personnes en salle, le matin, et autant sur les parcelles du GAEC de Guillaume et Thierry Rudelle, à Ronnaguet, commune de Flavin. Elle était notamment animée par Muriel Six, conseillère en production végétale et Benoît Delmas, conseiller agronomie à la Chambre d’agriculture, Stéphane Jézequel, ingénieur région PACA chez Arvalis (Institut du végétal), Emilie Salvo et Aubin Lafon, chargés de projets Agr'eau à l'Association Française d'Agroforesterie.
«Cette journée répond aux attentes du terrain, des agriculteurs», explique Sarah Singla, élue à la Chambre d’agriculture, responsable de la mission agronomie et par ailleurs présidente de l’association Clé de Sol (lieu d’échange et d’information sur le semis direct sous couverture végétale et toutes les techniques favorisant la restauration et la régénération des sols). «De plus en plus d’agriculteurs se posent des questions sur le semis direct et le couvert végétal. Le nombre important de participants aujourd’hui témoigne de ces attentes», souligne Sarah Singla. «En Aveyron, nous avons un énorme potentiel de production. Ces systèmes permettent de maximiser et d’intensifier le potentiel en produisant plus et mieux, tout en optimisant la liaison sol-troupeau. Il faut donc promouvoir ces techniques par des actions de terrain où des agriculteurs parlent à d’autres agriculteurs de systèmes performants qui fonctionnent bien en Aveyron».
Stéphane Jézequel, anime pour Arvalis un réseau d’une dizaine d’agriculteurs en France pratiquant le semis direct sous couvert végétal, dont font partie le GAEC de Ronnaguet et Christian Abadie, agriculteur du Gers. Ce dernier, adepte du non labour, avait été invité le 20 janvier dernier à St-Christophe-Vallon par le Comité de Développement Agricole de Rodez Nord de la Chambre d’agriculture, lors d’une réunion rassemblant une centaine de personnes sur le thème de l’autonomie en protéines.
De la technique et du temps
«Notre réseau créé il y a deux ans a pour objectif de mieux comprendre les aspects positifs mais aussi négatifs rencontrés chez les agriculteurs pratiquant le semis direct sous couvert végétal», résume Stéphane Jézequel. «Ces pratiques, candidates aux orientations de l’agro-écologie prônées par le ministère de l’agriculture, sont objectivées, mesurées (eau, azote, etc), analysées au sein de notre réseau, auquel participe le CETIOM, le Centre technique des oléagineux». Pour l’ingénieur d’Arvalis, ces pratiques requièrent de la technicité et du temps pour bien les maîtriser. «Le semis direct sous couvert végétal supprime le travail de la charrue pour désherber, mais demande un sens aigu de l’observation des sols, une grande réactivité pour l’usage de désherbants ciblé. Une fois bien intégrés tous ces principes, il faut alors les assimiler, les adapter à ses terres, à son assolement et à son système de production, ce qui peut prendre trois ou cinq années».
Stéphane Jézequel ajoute : «au sein de notre réseau, nous pointons du doigt les facteurs limitant la production, en mettant en avant les côtés positifs. Car ces derniers sont évidemment très intéressants ! Cette technique diminue de moitié l’usage du tracteur, son coût d’utilisation est réduit de 50 litres de gazole par ha. C’est donc du temps de travail en moins avec une fertilité des sols bonifiée, du fait du maintien optimal de la matière organique». Et que dire des rendements ? «L’objectif est de produire au moins autant qu’avant (avec le labour) mais avec moins de charges, en réduisant les produits de synthèse, donc en diminuant ses coûts de production», répond Stéphane Jézequel. «Ces techniques du sol militent aussi contre l’érosion car l’objectif est de ne pas laisser les sols nus, entre les cultures, en semant par exemple de la luzerne, du sainfoin, des trèfles, du lotier...».
L’après-midi était donc organisée en trois ateliers, le profil cultural, la vie des sols et leur porosité avec Agr’eau), et la présen- tation du GAEC de Ronnaguet. Guillaume et Thierry Rudelle sont des éleveurs ovins lait (550 brebis) travaillant sur une SAU de 130 ha, dont environ 80 ha de fourrages et céréales autoconsommés. Le GAEC pratique le semi direct et le couvert végétal depuis plus de dix ans, avec des rotations de cultures, de 3 ans pour la luzerne, 2 ans entre deux céréales, et 1 an entre une céréale et la luzerne par exemple.
Didier BOUVILLE
19 février 2015
Campagnols : une préoccupation nationale
Le campagnol terrestre, ou rat taupier, pullule dans toutes les zones herbagères de moyenne altitude de France, contrairement au campagnol des champs, qui préfère les cultures. Depuis quelques années on remarque une concentration particulière dans le secteur du Massif Central et dans la région Franche Comté. Chaque année, ce sont près de 10 000 hectares de prairies qui sont ainsi dévorés.
Arvicola terrestris se répand de manière exponentielle et non maîtrisée depuis plus de 30 ans. Selon les spécialistes, la population de campagnols a explosé depuis qu’on a spécialisé les zones de moyenne montagne en mono culture d’herbe.
Aux origines
Fabrice Cuenot, éleveur dans le Doubs et président de la commission campagnol à FREDON France, s’en fait le témoin : «En Franche Comté le campagnol fait des ravages depuis les années 1960, alors que nous avons abandonné les systèmes de polyculture-élevage au profit du 100 % herbe. Nous avons aujourd’hui la preuve de la corollation entre le taux de spécialisation et l’amplitude de pullulation du rongeur. La PAC nous a incité à créer d’immenses étendues de prairies naturelles qui n’offrent aucun obstacle à la propagation du ravageur». Un campagnol, à l’abri des prédateurs au sein d’une prairie naturelle, peut engendrer 150 descendants directs en un an, d’après les scientifiques.
Une autre cause de cette invasion, selon Fabrice Cuenot, est «l’abandon de la lutte contre les taupes. Le rat taupier, en effet, colonise les galeries creusées par ces dernières. Quand on sait qu’une seule taupe peut creuser jusqu’à 600 mètres de galeries, on peut imaginer les dégâts lorsqu’on atteint les 50 individus à l’hectare ! Or la taupe n’a aucun prédateur naturel. Il n’y a que l’homme qui peut réguler sa population».
Un impact incalculable
Les conséquences de la prolofération du campagnol terrestre sont multiples. La plus visible est bien sûr les dégâts sur prairie qui entraînent des pertes économiques énormes au niveau des fourrages et du troupeau, pouvant aller jusqu’à la destabilisation financière de toute l’exploitation.
L’impact de ce ravageur ne s’arrête cependant pas à l’économique mais aussi au sanitaire. En effet le rongeur est un réservoir de l’echinococcose alvéolaire, ver parasite du foie dangereux pour l’homme. En outre la présence accrue de terre et de poussière en surface des prairies favorise le développement et la dissémination de moisissures, dont celles responsables de la maladie «du poumon du fermier», qui peut conduire à des insuffisances respiratoires et cardiaques graves. La lutte contre ce campagnol devient donc un enjeu de santé publique.
Une prévention essentielle
Pour Fabrice Cuenot, «lutter contre le rat une fois qu’il est installé ne sert à rien. Lorsqu’on aperçoit les premiers signes visibles sur prairie, il est bien souvent trop tard. Cela veut dire qu’on est déjà en présence d’au moins 500 individus à l’hectare. La lutte doit donc être préventive et axée vers les taupes».
Depuis 1992 plusieurs plans de lutte ont été, et sont toujours, expérimentés en Franche Comté. Ils visent à combiner lutte chimique et méthodes alternatives. «La bromadiolone est très efficace sur le rat taupier, avec un taux de mortalité de 95 % après exposition. Mais elle doit être utilisée au bon moment. Or, bien souvent son emploi est trop tardif. De plus, elle n’est pas ingérée par les taupes. Nous avons donc expérimenté d’autres méthodes de lutte, plus préventives, contre les taupes. Il s’agit, par exemple, de l’utilisation d’un décompacteur dont les vibrations entraînent l’effondrement des galeries. L’utilisation de capsules de gaz PH3 est aussi très efficace dans l’éradication des taupes». Tous ces programmes expérimentaux ont été financés par des fonds nationaux et européens.
Au niveau national un programme de recherche a été initié à l’automne 2014, grâce à une collaboration entre l’université de Franche Comté et l’INRA de Montpellier. Prévu jusqu’en 2019, il a pour objectif de comprendre les mécanismes de déclin, observés mais imprévisibles aujourd’hui, des populations de rats taupiers. Les pistes poursuivies sont d’origines virologique, bactérienne, parasitaire, sans oublier l’immuno dépression qui serait due à un fort taux de consanguinité.
Pour Fabrice Cuenot, les perspectives de maîtrise du ravageur se situent dans le partage d’expériences sur le plan national. «Nous devons harmoniser nos pratiques dans toute la France. Toutes les OPA doivent être le support de la diffusion des techniques de lutte, tout en prenant en compte les spécificités de chaque région».
Bérangère CAREL
18 septembre 2014
Mission agronomie Chambre d’agriculture : les techniciens planchent sur la fumure de fond
A l’initiative du comité d’orientation agronomie, la Chambre d’agriculture a organisé une journée technique sur la fumure de fond. Une quarantaine de techniciens des organisations professionnelles, d’agriculteurs et d’animateurs,... d’Aveyron et des départements alentours ont participé à cette rencontre pour peaufiner leurs connaissances sur le sujet.
La technique du chaulage, le choix des engrais, des amendements,... interrogent nombre d’agriculteurs qui ont relayé leurs interrogations à la mission agronomie de la Chambre d’agriculture. Du coup, les membres du comité d’orientation agronomie, présidé par Sarah Singla, ont décidé d’organiser une journée spécifique, à destination des techniciens qui interviennent sur les exploitations, afin de faire le point sur les connaissances de chacun et de pouvoir identifier les bons messages à diffuser aux exploitants.
Ainsi, techniciens d’organisations professionnelles, enseignants des lycées agricoles, membres de la mission agronomie, techniciens des filières, responsables professionnels,... de l’Aveyron mais aussi du Tarn, du Lot, de l’Aude,... étaient réunis vendredi 12 septembre à la Chambre d’agriculture de Rodez, pour une journée spécifique à la fumure de fond.
«C’est une première sur le sujet», explique ainsi Muriel Six, conseillère agronomie à la Chambre d’agriculture. «C’est important que chacun puisse remettre à plat ses connaissances et approfondir certains points, pour proposer un message cohérent et commun sur le terrain», appuie-t-elle.
Apports techniques
Pour les aider dans leur réflexion, les participants ont pu assister aux apports techniques de Baptiste Soenen, référent fertilisation à Arvalis-Institut du végétal et de Claire Jouany, de l’INRA de Toulouse, spécialisée notamment sur la fertilité des prairies.
Ils ont appuyé leurs propos sur les essais réalisés dans la région. «Leurs apports techniques et scientifiques nous ont permis de reprendre les bases sur le chaulage, le choix des amendements, les activateurs de sols, la fertilisation à base de phosphore-potasse, le rôle du soufre et d’autres oligo-éléments», détaille Muriel Six. Les interventions étaient surtout orientées sur les prairies, système majoritaire dans la région mais elles ont aussi abordé les apports sur céréales et maïs.
Expériences et cas particuliers
«Au-delà d’une «remise à niveau» des connaissances de chacun, l’idée était d’identifier les techniques les plus pertinentes pour diffuser les bons messages auprès des agriculteurs en matière de gestion de la fumure de fond, conformément et en cohérence avec les résultats acquis par la recherche (INRA) et par les instituts techniques (Arvalis)», poursuit la technicienne. «Que conseiller aux agriculteurs ? Un chaulage ou pas ? Dans quelle quantité ? Quel est le rôle des effluents ? Faut-il acheter de l’engrais ? Lequel ? Quelle quantité utiliser??... autant de questions auxquelles les conseillers intervenant de façon neutre dans les exploitations, doivent apporter une réponse», continue Muriel Six.
Ainsi, pendant la journée, de larges temps d’échanges étaient proposés pour permettre aux participants d’évoquer des cas particuliers, de parler de leurs expériences respectives, de demander conseil aux experts.
Questions du terrain
«Répondre aux questions du terrain et accompagner les techniciens qui interviennent dans les exploitations, c’est l’une des missions de notre comité d’orientation agronomie», conclut Muriel Six, satisfaite de la bonne participation à cette journée.
Un questionnaire a d’ailleurs été distribué aux participants pour connaître leurs attentes, et ainsi décider de la suite à donner à cette journée. «Pourquoi pas proposer une formation aux agriculteurs sur la fumure de fond et encore et toujours approfondir les essais et démonstrations sur le terrain pour améliorer les connaissances», avance- t-elle.
Un article plus technique sur les conclusions de cette journée sera diffusé dans une prochaine édition.
Eva DZ
15 mai 2014
Châtaigneraies : attention au cynips, nouveau parasite
Le Conservatoire de la châtaigne de Rignac informe les producteurs de châtaignes de l’arrivée d’un nouveau parasite.
Le cynips du châtaignier ou Dryocosmus kuriphilus, est un insecte parasite du châtaignier. Il est originaire d’Asie, mais il a été introduit accidentellement aux Etats-Unis en 1974 et en Europe via l’Italie en 2002. Le cynips est présent en France depuis 2007, et ses foyers de contamination ne font qu’augmenter depuis lors.
D’abord présent dans les Alpes, le cynips s’est propagé et est apparu pour la 1ère fois en Aveyron en 2011. Cet insecte est quasiment invisible à l’œil nu (5mm). Il est donc difficilement identifiable. Spécifique du châtaignier, il provoque la formation de galles sur les jeunes feuilles, empêchant ainsi leur développement. Ces galles génèrent une baisse de production de fruits de 60 à 80%, jusqu’à 100% de dégâts sur les bourgeons, et même la mort de l’arbre s’il est trop contaminé. Les variétés hybrides sont principalement touchées, surtout la Marigoule.
Le cycle biologique du cynips se déroule presque uniquement dans le châtaignier. Les femelles pondent leurs œufs dans les bourgeons, ceux-ci éclosent et passent tout l’hiver dans les bourgeons. Au débourrement, au printemps, les galles se forment. Entre début juin et fin juillet, les adultes sortent des galles pour immédiatement aller pondre dans les nouveaux bourgeons. Etant une espèce à reproduction par parthénogenèse thélytoque, les femelles n’ont pas besoin d’être fécondées pour pondre.
Lutte biologique à mettre en place
Pour lutter contre ce parasite, les produits chimiques sont peu efficaces. Compte tenu de la structure des arbres, cela imposerait de pulvériser de manière aérienne. Or, le résultat est peu concluant, et de cette manière toute la faune présente, notamment les abeilles, est touchée. La lutte biologique, privilégiée de nos jours, est la plus efficace. Elle a d’ailleurs été adoptée par tous les pays touchés par ce fléau. Le principe est d’introduire un autre insecte, parasite du cynips : le Torymus sinensis. En effet cet insecte pond ses œufs dans la galle formée par le cynips, et ses larves se nourrissent des larves du cynips.
Néanmoins, cette espèce n’est pas naturellement présente en Europe. Sont donc alors organisés des lâchers de Torymus sinensis sur les sites connus contaminés par le cynips. Pour ce qui est de l’Aveyron, plusieurs sites ont été identifiés, et plusieurs lâchers ont été réalisés. Mais il reste encore beaucoup de vergers et de châtaigneraies dont le degré de contamination n’est pas connu.
Un appui pour diagnostiquer le cynips
C’est pourquoi l’ACRC (Conservatoire de la châtaigne de Rignac) va réaliser des visites de prospection de châtaigneraies aveyronnaises, courant mai, pour déterminer leur taux de contamination. Cela permettra ensuite d’organiser différents lâchers de Torymus sinensis sur le territoire afin de stopper son extension.
Que vous soyez producteurs ou amateurs, si vous avez des arbres contaminés par le cynips, si vous avez des doutes et que vous ne savez pas reconnaître cet insecte, contactez le conservatoire au 05.65.64.47.29. Une rencontre sera alors organisée afin de pouvoir prospecter le verger concerné.
Cyrielle ISSALY
Conservatoire de la châtaigne de Rignac
05 septembre 2013
Innovations techniques : Plus de précisions et de qualité
Lors de cette journée mécanisation, la FD CUMA présentera un certain nombre de matériels innovants, en démonstration sur des parcelles d’essais. La commission machinisme en détaille quelques-uns en avant-première !
Que ce soit pour l’entretien, la fertilisation ou la récolte, les interventions sur les prairies nécessitent parfois des matériels spécifiques.
Des outils à disques ou à socs
Implanter des petites graines à moins d’un centimètre de profondeur, sur un sol pas toujours nivelé, avec de la végétation en place et un tissu racinaire important, sont les fonctions que l’on demande aux outils d’implantation ou de rechargement.
Beaucoup d’agriculteurs utilisent des semoirs de semis direct pour céréales. Certes cela fonctionne généralement assez bien sauf que l’écartement entre rangs (13 à 17 cm en moyenne) est souvent jugé trop élevé, favorisant le salissement entre rang. Des semoirs spéciaux sont présents sur le marché. On rencontre deux principes, des semoirs en ligne ou à la volée. Plusieurs constructeurs proposent des combinaisons d’outils à partir de herses de prairies ou étrille, sur lesquelles sont ajoutés des semoirs centrifuges (avec ou sans descentes localisées), le tout suivi d’un dispositif de recouvrement et d’un rouleau.
Les conditions de sol doivent être assez friables pour espérer travailler directement sur la végétation. Les largeurs importantes, généralement 6 m, offrent des débits de chantier intéressants. Parmi les outils en lignes, les modèles à socs travaillent davantage le sol. Ils sont donc plus intéressants dans les sols lourds, tandis que les outils à disques, moins sensibles à l’usure, limitent le salissement de la ligne de semis.
Dans le domaine de l’entretien et de la régénération, les machines sont nombreuses. Les herses étrilles, prévues pour le désherbage des cultures sont les moins agressives. Elles trouvent leurs limites dans les terres argileuses. Les herses de prairies ont beaucoup évolué et les plus complètes possèdent des éléments modulables, lame scarificatrice, rabot, dents souples ou rigides, chaînes… pour s’adapter aux conditions de sol.
Les aérateurs à socs sont peu utilisés, notamment par rapport aux cailloux, mais l’objectif est de rattraper des incidents d’exploitations, pâture tardive ou récolte en conditions humides. La profondeur de travail dépasse les 5 cm. Des aérateurs à dents circulaires créent des aspérités superficielles, favorisant l’aération.
Côté broyeur, les matériels à axe vertical existent en version plus large avec plusieurs rotors. Les modèles fixes acceptent moins bien les dénivellations de terrain que les modèles modulaires. Pour travailler au plus près des bords de haie ou des clôtures, des éléments à satellite sont proposés par plusieurs constructeurs. Ils sont utilisés soit en solo, soit intégré sur un broyeur à axe horizontal.
Les décompacteurs (de prairies) peuvent descendre de 10 à plus de 30 cm. Equipés de dents droites ou courbes, ils vont alors ameublir le sol en profondeur pour favoriser le développement des racines en zone très argileuse.
Des épandages plus précis
Arrivés il y a un peu plus de 20 ans maintenant, les épandeurs à hérissons verticaux ont révolutionné l’épandage des fumiers, tant du point de vue de la performance des chantiers que de la valorisation sur prairie.
Bien adaptés aux produits décomposés, les systèmes à table d’épandage peuvent travailler sur des largeurs de plus 20 m selon la consistance des produits. Sur les modèles à hérissons verticaux, des volets de bordure permettent de travailler plus précisément le premier passage ou à proximité des cours d’eau.
A ce jour de nouvelles technologies se démocratisent, il s’agit des appareils à tablier ou fond poussant (BUCHET, DEGUILLAUME, FLIEGL…) qui améliorent beaucoup la régularité au cours du déchargement (plus de 50% selon les essais de la station expérimentale des Cormiers). La régulation DPA (débit proportionnel à l’avancement) fait son entrée au niveau des CUMA aveyronnaises. L’intérêt est double, faciliter le réglage et maintenir une dose constante, quelque soit la vitesse d’avancement du tracteur. Ceci se justifie d’autant plus avec des reliefs vallonnés. Allié au pesage, il permet un dosage plus juste. De nombreux constructeurs proposent aujour-d’hui ces équipements en option.
Pour les lisiers, les rampes à pendillards apportent des largeurs de travail plus importantes, avec une réduction significative des odeurs. Attention toutefois aux phénomènes de bouchage en présence de résidus pailleux, un agitateur avec contre couteau améliore les choses. Les enfouisseurs pour prairie (à patins ou disques) présentent l’intérêt d’augmenter les surfaces potentielles d’épandage dans certaines situations et réduisent totalement les nuisances olfactives.
JC PLATON - FDCUMA 12
29 aout 2013
Stand Chambre d’agriculture-CDAV : présentation de l’action «Ecophyto»
L’action Ecophyto mise en place en Aveyron sera présentée sur le stand de la Chambre d’agriculture-CDAV.?Elle sera notamment commentée par Jean-François Levrat, technicien-animateur du CDAV chargé du dossier, en lien avec le groupe de fermes références constitué sur le Villefranchois.
L’organisation générale de l’action Ecophyto sur le plan national, régional et départemental ainsi que les fermes référence du département du Lot et de l’Aveyron y seront présentés. Le CDAV expliquera les démarches et suivis techniques sur les exploitations, dans le cadre de la recherche de systèmes de culture, économes en produits phytosanitaires et performants en rendement agronomique.
Trois années de suivi
Les résultats obtenus au cours des trois années de suivi seront affichés. A partir d’exemples, seront expliqués les démarches permettant de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires. Autres axes de travail, la modification des rotations (alternance cultures été-hiver, implantation de couverts végétaux, culture de mélange type méteils…), l’utilisation de nouveaux outils (déchaumeur, Striptill…), le changement de méthode d’application des traitements (prise en compte de la température, de l’hygrométrie) et l’utilisation de variétés résistantes aux maladies.
Pour Jean-François Levrat, «il s’agit d’une réorientation des pratiques culturales mais toujours avec la priorité de maintenir l’équilibre fourrager (relation sol/troupeau) car l’autonomie fourragère reste la clé de voûte de bons résultats techniques sur le troupeau et donc de bons résultats économiques».
Seront notamment présentés sur le stand :
- l’action Ecophyto ;
- le réseau de fermes Midi-Pyrénées ;
- le réseau de fermes Ecophyto du Ségala ;
- un exemple du travail réalisé sur un système de culture ;
- le bulletin de Santé du Végétal.